Malgré une nouvelle défaite contre la Nouvelle-Zélande (29-19), la jeune équipe de France a gagné le respect des All Blacks. Le sélectionneur Scott Robertson et le capitaine Ardie Savea ont tenu à féliciter les Bleus pour leur courage et leur combativité lors de cette tournée estivale dans l’hémisphère sud.
Une tournée difficile, mais riche en enseignements
Le XV de France rentre bredouille de sa tournée en Nouvelle-Zélande, battu pour la troisième fois consécutive par les All Blacks. Ce samedi à Hamilton, les hommes de Fabien Galthié ont pourtant tenu tête à l’une des meilleures équipes du monde, ne s’inclinant que sur le score de 29 à 19. Ce revers vient clore une série de trois rencontres marquées par un net déséquilibre d’expérience entre les deux formations, mais aussi par l’envie et la progression constante d’une équipe tricolore largement remaniée.
Privée de nombreuses stars, la sélection française a fait le pari de la jeunesse, avec une dizaine de néophytes lancés dans le grand bain du rugby international. Et si les résultats ne sont pas au rendez-vous, l’attitude et l’engagement des Bleus ont marqué les esprits, à commencer par ceux de leurs redoutables adversaires néo-zélandais.
Robertson : « Ils ont de quoi être fiers »
En conférence de presse d’après-match, le sélectionneur des All Blacks, Scott Robertson, a tenu à saluer le courage de cette jeune équipe de France. « Je tiens à les féliciter après leur longue saison de onze mois. Ils sont venus ici, ont quitté l’été pour notre bel hiver, et faire une telle performance, ils ont de quoi être fiers », a déclaré l’ancien troisième ligne. Pour lui, le XV de France n’a pas à rougir de son parcours, même sans victoire. « Il y a beaucoup de débutants dans cette équipe, mais ils ont fait preuve de beaucoup d’entrain. On était menés de dix points à un moment, et on a trouvé un moyen de revenir, de développer un très bon rugby. On ressortira grandi de cette série. »
Cette déclaration n’est pas anodine. Elle souligne que les All Blacks, eux-mêmes en phase de reconstruction avec un nouveau staff technique, n’ont pas pris cette opposition à la légère. Et qu’ils ont dû puiser dans leurs ressources pour faire la différence face à des Français accrocheurs, bien organisés et déterminés.
Savea : « Ils nous ont mis sous pression »
Même son de cloche du côté du capitaine néo-zélandais Ardie Savea. Replacé en urgence au poste de troisième ligne centre en raison du forfait de Luke Jacobson, le meilleur joueur du monde en 2023 a lui aussi souligné la combativité tricolore. « Les Français nous ont mis beaucoup de pression. Nous leur avons donné des opportunités, parfois des miettes, mais ils les ont bien exploitées », a-t-il reconnu. « Ils ont choisi de nombreuses fois les trois points et ont pris une bonne avance. »
Mais au-delà du score, c’est surtout la dimension physique du match qui a impressionné Savea. « Ils sont fougueux et nous poussent physiquement à la rupture. En tant que leaders, il a fallu prendre une grande inspiration et utiliser les outils dont nous disposions pour aller de l’avant », a-t-il expliqué. Des propos qui témoignent du respect que les All Blacks portent à cette jeune garde française.
Une progression encourageante malgré les défaites
Pour Fabien Galthié et son staff, cette tournée néo-zélandaise restera certes frustrante sur le plan comptable, mais elle pourrait s’avérer précieuse dans la perspective de l’avenir. Elle aura permis d’évaluer de nouveaux profils, de tester des binômes en charnière comme celui composé de Le Garrec et Hastoy, et de mesurer le niveau d’exigence physique et tactique requis pour rivaliser avec les meilleures nations du monde.
Le sélectionneur, dont les choix ont parfois été critiqués pour avoir laissé au repos plusieurs cadres, pourrait bien voir ses paris validés à moyen terme. Car au-delà des résultats, la copie rendue par certains joueurs, comme le jeune deuxième ligne Posolo Tuilagi ou l’arrière Louis Bielle-Biarrey, laisse entrevoir un réservoir de talents prometteur pour les prochaines années.
Le respect des géants du Sud
En recevant les éloges des All Blacks, le XV de France a sans doute touché un des objectifs non officiels de cette tournée : faire reconnaître sa valeur au-delà de ses frontières. Être respecté par la Nouvelle-Zélande, ce n’est pas rien. Surtout lorsque l’on aligne une équipe composée en grande partie de joueurs en quête d’une première sélection ou d’un rôle renforcé dans le groupe.
Cette reconnaissance, même symbolique, est une victoire en soi. Elle rappelle que le rugby est un sport de contact, mais aussi de respect. Celui que les Bleus ont su inspirer à leurs adversaires, malgré les défaites. Et c’est peut-être cette fierté-là qu’ils ramènent avant tout dans leurs valises.
