Ce 12 juillet 2025, le stade du Bicentenaire à San Juan, en Argentine, avait tout d’un théâtre de fête pour les amateurs de rugby. Dans une ambiance bouillante, l’Argentine accueillait l’Angleterre pour un test-match très attendu. Mais la rencontre, remportée par les Anglais, a rapidement été éclipsée par des accusations particulièrement graves. Selon la fédération anglaise, certains de ses joueurs auraient été victimes d’insultes racistes émanant des tribunes. Une plainte a été déposée auprès de World Rugby, qui a immédiatement ouvert une enquête.
Une procédure lancée trois jours après les faits
La Fédération anglaise de rugby a officiellement déposé sa plainte le 15 juillet, soit trois jours après la rencontre. D’après ses responsables, plusieurs joueurs du XV de la Rose ont rapporté des propos à caractère raciste proférés depuis les gradins. Les cibles exactes n’ont pas été rendues publiques, mais les propos auraient été suffisamment clairs et violents pour alerter l’encadrement et motiver une action immédiate auprès de l’instance internationale.
Face à ces accusations, World Rugby a réagi rapidement. Dans un communiqué publié ce lundi 21 juillet, l’organisme international a confirmé avoir mené une « enquête immédiate et approfondie », mobilisant les témoignages disponibles et des images issues de la retransmission télévisée et des caméras de sécurité du stade.
Des faits avérés mais des auteurs toujours introuvables
L’analyse des éléments recueillis semble avoir permis à World Rugby de confirmer l’existence d’un incident, sans pour autant pouvoir identifier les individus responsables. Une situation frustrante pour les autorités du rugby mondial, qui reconnaissent la gravité des faits sans disposer pour l’instant des moyens de sanctionner les fauteurs de troubles.
« La discrimination, les abus et les discours haineux n’ont pas leur place dans le rugby ni dans la société », a rappelé World Rugby dans son communiqué. « Toute plainte pour discrimination est prise très au sérieux. Bien qu’il soit clair qu’un incident a eu lieu, nous regrettons de ne pas avoir pu identifier les responsables. »
Une minorité dans une foule dense
Du côté argentin, la fédération locale a également réagi. Son président, Gabriel Travaglini, a affirmé que l’Union argentine de rugby avait elle aussi mené sa propre enquête, sans parvenir à des résultats probants. Selon ses déclarations, le comportement raciste aurait émané d’un petit groupe de « cinq à sept individus » parmi plus de 20 000 spectateurs présents ce jour-là. Un nombre réduit mais qui suffit à ternir l’image d’un match et d’un sport.
« Malgré des efforts considérables, les individus responsables n’ont pu être identifiés », a déploré Travaglini, tout en condamnant fermement les faits rapportés. Le dirigeant argentin a promis une collaboration étroite avec World Rugby pour prévenir de tels incidents à l’avenir.
Vers un plan d’action éducatif
Au-delà de cette affaire précise, l’incident relance une question récurrente dans le monde du sport : comment lutter efficacement contre le racisme dans les stades ? World Rugby a annoncé avoir entamé un travail avec la fédération argentine pour établir un plan d’action éducatif à destination des supporters. L’objectif est clair : empêcher que de tels débordements ne se reproduisent.
Ce plan pourrait inclure des campagnes de sensibilisation, des messages diffusés dans les enceintes sportives, mais aussi une meilleure formation du personnel de sécurité pour réagir rapidement à ce type de comportements.
Le rugby confronté à ses contradictions
Traditionnellement perçu comme un sport de valeurs, de respect et de fair-play, le rugby n’est pas épargné par les fléaux du racisme et de l’intolérance. Si les cas sont moins fréquents que dans d’autres disciplines, ils existent bel et bien et remettent en cause l’idéal de fraternité souvent mis en avant par ses défenseurs.
Pour l’instant, aucune sanction n’a été prise à l’encontre de supporters ou des instances locales, faute de preuves suffisantes. Mais l’affaire ne fait que commencer. D’autres témoignages pourraient encore émerger, et les images du stade pourraient être réanalysées en profondeur dans les jours à venir.
En attendant, le XV d’Angleterre, qui prépare ses prochains matchs internationaux, espère une issue claire et des mesures concrètes. Car pour les joueurs, l’essentiel ne se joue pas seulement sur le terrain : il en va de leur dignité.
