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Le Mont Ventoux, juge de paix de la 16e étape

Wout van Aert

Wout van Aert

Le peloton du Tour de France aborde ce mardi la dernière ligne droite d’une Grande Boucle haletante, marquée par des batailles épiques en montagne et des rebondissements en plaine. Et pour lancer cette ultime semaine, les organisateurs ont réservé aux coureurs une arrivée mythique : le Mont Ventoux. Le “Géant de Provence”, redouté pour ses pentes implacables et son sommet balayé par les vents, sera une nouvelle fois le théâtre d’un affrontement spectaculaire entre les favoris du général et les grimpeurs les plus audacieux.

Le Ventoux, une légende vivante

Avec ses 1 909 mètres d’altitude, son paysage lunaire au sommet, et ses pentes redoutables dépassant les 10% sur plusieurs sections, le Mont Ventoux n’est pas qu’une simple difficulté. Il est un symbole. Chaque passage du Tour y réveille des souvenirs légendaires, des exploits inoubliables – de la victoire de Richard Virenque en 2002 au duel entre Froome et Quintana en 2013, sans oublier l’épisode rocambolesque de 2016 où la ligne d’arrivée avait été descendue au Chalet Reynard à cause des rafales de vent.

Cette année encore, les éléments pourraient être un facteur décisif. Le sommet, dégagé de toute végétation, est à la merci des conditions climatiques. Ce mardi matin, des rafales allant jusqu’à 90 km/h ont été enregistrées par InfoClimat. Si les prévisions annoncent une atténuation dans l’après-midi, les coureurs devront quand même faire face à un vent de face constant dans les 6,2 derniers kilomètres de l’ascension.

Une montée piégeuse et décisive

Longue de 15,7 kilomètres depuis Bédoin, la montée du Ventoux propose un enchaînement éprouvant pour les organismes déjà marqués par deux semaines de course. Mais ce sont surtout les derniers kilomètres, à partir du Chalet Reynard, qui concentrent toute l’attention. À découvert, balayée par les vents, cette section finale exige autant de force physique que de lucidité tactique.

Les directeurs sportifs n’ont pas manqué de le rappeler dans les bus ce mardi matin à Montpellier. L’ascension du Ventoux est autant mentale que musculaire. Il faudra gérer l’effort, s’abriter intelligemment dans les parties abritées, et surtout choisir le bon moment pour porter une attaque ou répondre à un démarrage adverse.

Car cette 16e étape pourrait bien être un tournant. À cinq jours de l’arrivée à Paris, les écarts sont encore faibles entre les trois hommes de tête : Pogacar, Evenepoel et Vingegaard. Le Ventoux, de par sa longueur, sa pente et son isolement, offre une opportunité rare d’exprimer pleinement ses qualités de grimpeur… ou de perdre tout espoir.

Un Ventoux version 2025 plus prudent

Si les organisateurs ont reconduit l’arrivée au sommet, ils ont aussi pris des précautions. En cas de conditions extrêmes, comme en 2016, le repli au Chalet Reynard reste possible. Mais ce scénario semble écarté cette année. Les bourrasques les plus violentes étant attendues le matin, l’après-midi devrait être plus calme selon les données de Windfinder, avec un vent moyen d’environ 20 km/h à 17h.

Cette marge, bien qu’importante, n’enlèvera rien à la difficulté du col. Le vent de face contraindra sans doute les attaquants à temporiser plus que d’habitude, retardant les mouvements décisifs jusqu’aux 3 ou 4 derniers kilomètres. Il pourrait aussi favoriser les coureurs les plus puissants, capables de maintenir un tempo élevé en solo contre le vent, à l’image de Pogacar ou Vingegaard.

Le scénario du jour : prudence ou panache ?

Alors, assistera-t-on à une explication directe entre les leaders ou à une course d’attente ? Les équipiers joueront un rôle clé dans les premières rampes pour placer leur leader. Puis ce sera une affaire d’hommes forts. La fatigue cumulée, les conditions climatiques, et le profil du col pourraient inciter à la prudence, au moins jusqu’au Chalet Reynard.

Mais avec les enjeux croissants de cette dernière semaine, et des écarts minimes au général, il est tout aussi possible qu’un coureur décide de tenter un grand coup. Un panache digne des plus belles pages de l’histoire du Ventoux.