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Le Zimbabwe de retour à la Coupe du monde de rugby

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Trente-trois ans d’attente. C’est le temps qu’il aura fallu au Zimbabwe pour retrouver les sommets du rugby mondial. Samedi, à Kampala, la sélection zimbabwéenne a battu la Namibie sur le fil (30-28), décrochant son ticket pour le Mondial 2027 en Australie. Un exploit retentissant pour un pays souvent relégué au second plan dans le paysage rugbystique africain. Parmi les héros du jour : Cleopas Kundiona, pilier de Nevers, qui mesure l’ampleur de cette qualification.

Trente-trois années se sont écoulées depuis la dernière apparition du Zimbabwe en Coupe du monde de rugby. C’était en 1991, dans une autre époque, un autre monde. Depuis, le rugby zimbabwéen s’est souvent débattu dans l’ombre : manque de moyens, exil de ses talents, domination de la Namibie sur la scène africaine. Samedi dernier, tout a basculé. Dans un match haletant contre les favoris namibiens, les Sables ont su renverser les pronostics, s’imposant 30-28 pour décrocher une qualification historique pour le Mondial australien de 2027.

Une victoire qui résonne bien au-delà du rugby du Zimbabwe

Ce succès n’est pas seulement sportif, il est profondément symbolique. Le rugby a longtemps été un sport d’élite au Zimbabwe, hérité de la colonisation britannique. Mais cette équipe, multiculturelle et représentative de la diversité du pays, incarne une nouvelle ère. Le rugby n’est plus un sport marginal dans les townships de Harare ou de Bulawayo : il devient un vecteur d’unité nationale.

« C’était l’extase dans le vestiaire », confie Cleopas Kundiona, pilier formé au Zimbabwe avant de partir jouer en France à Nevers, en Pro D2. « On a écrit une nouvelle page de notre histoire. Ce match, c’est plus qu’une qualification. C’est une récompense pour toutes les générations passées qui ont échoué de peu. On a enfin changé le scénario. »

Un match de haute intensité, un exploit collectif

Face à la Namibie, dix fois championne d’Afrique et habituée des phases finales de Coupe du monde, les Sables savaient qu’il leur faudrait livrer un match sans faille. Et ils l’ont fait. Solides en conquête, courageux en défense, tranchants en attaque, les Zimbabwéens ont su faire déjouer leurs adversaires. Menés 16-12 à la pause, ils sont revenus avec une énergie folle, s’offrant un essai décisif dans les cinq dernières minutes.

« On savait qu’on devait rester dans le combat, ne rien lâcher », explique Kundiona. « Chaque mêlée, chaque ruck était une bataille. Mais on avait une telle envie… On ne voulait pas vivre une autre désillusion. »

Le staff technique, dirigé par l’ancien international sud-africain Pieter Rossouw, a su tirer le meilleur d’un effectif à majorité locale, avec quelques expatriés en Angleterre, en France ou en Afrique du Sud. Un savant mélange d’expérience et de fougue, qui a trouvé son point culminant samedi.

Une dynamique à entretenir jusqu’en 2027

Cette qualification pose désormais de nouveaux défis. Sportifs, bien sûr : préparer une phase de poules relevée en Australie, où le Zimbabwe affrontera des géants du rugby mondial. Mais aussi structurels : comment bâtir sur ce succès pour développer durablement le rugby dans le pays ?

« C’est maintenant que le plus dur commence », reconnaît Kundiona. « On doit garder cette dynamique. Il faut investir dans la formation, améliorer les infrastructures, convaincre les jeunes que le rugby peut être une voie. »

La fédération zimbabwéenne a d’ores et déjà annoncé un plan de développement en vue de 2027, avec une tournée prévue en Europe dès l’an prochain et l’intégration de jeunes talents dans l’équipe première. Des partenariats avec des clubs étrangers pourraient voir le jour, dans le sillage de l’exposition médiatique grandissante.

Un rêve pour toute une génération du Zimbabwe

Pour les enfants du Zimbabwe, cette qualification est une promesse. Celle que le rugby peut aussi être un rêve africain, et pas seulement une chasse gardée des Springboks et des Namibiens. Le retour des Sables en Coupe du monde ouvre la porte à une nouvelle narration, plus inclusive, plus ambitieuse.

Kundiona, qui avait dix ans lors de son premier essai de rugby dans une école de Harare, est aujourd’hui un modèle. « Je veux que les jeunes croient que c’est possible », dit-il. « Que ce soit au Zimbabwe, en Afrique ou ailleurs, on a tous une voix à faire entendre dans ce sport. »