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Tour de France : Jean-René Bernaudeau met la pression

Tour de France

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Alors que le Tour de France bat son plein et que Tadej Pogacar écrase la concurrence avec une facilité déconcertante, les voix s’élèvent en coulisses. Parmi elles, celle de Jean-René Bernaudeau. Le manager de l’équipe TotalEnergies, figure historique du cyclisme français, a tenu à exprimer publiquement ses inquiétudes face à certaines pratiques et à la nécessité, selon lui, de restaurer une crédibilité trop souvent mise à mal. Sans citer directement Mauro Gianetti, le patron de l’équipe UAE Team Emirates, Bernaudeau interpelle l’UCI, appelant l’instance à assumer ses responsabilités pour ne pas laisser le doute miner à nouveau le sport.

Des performances du Tour de France qui interrogent

Tadej Pogacar est sans conteste l’un des phénomènes du peloton mondial. Capable de dominer en haute montagne, d’écraser les contre-la-montre et de faire la différence sur presque tous les terrains, le Slovène impressionne autant qu’il interroge. Son ascension fulgurante, sa capacité à répéter les exploits saison après saison, laissent parfois un goût d’invraisemblable chez les suiveurs les plus prudents.

Jean-René Bernaudeau, sans jamais accuser directement le double vainqueur du Tour, a néanmoins exprimé ses doutes dans un entretien à Ouest-France. Le manager vendéen, connu pour son franc-parler, n’a pas mâché ses mots : « Les cétones, c’est très mauvais pour notre crédibilité », a-t-il déclaré, pointant l’usage de cette substance controversée, autorisée mais au cœur de nombreuses polémiques. « Et il y a sans doute autre chose, je pense », a-t-il ajouté, laissant planer l’ombre d’un soupçon sans preuve directe.

Le passé trouble de certains dirigents en question

Au-delà de la performance sportive, Bernaudeau insiste surtout sur les responsabilités des dirigeants. Il évoque notamment le cas de Mauro Gianetti, sans jamais prononcer son nom. Ancien coureur à la carrière ternie par les soupçons de dopage, aujourd’hui manager général de UAE Team Emirates, Gianetti cristallise certaines critiques dans le milieu.

« Dans le sport, on ne doit pas revenir quand on a triché », affirme Bernaudeau. Une phrase lourde de sens qui s’adresse à toute une génération d’anciens coureurs ou directeurs sportifs ayant, selon lui, perdu la légitimité d’encadrer des équipes professionnelles. Ce retour d’anciens acteurs liés à des périodes troubles de l’histoire du cyclisme serait, selon le manager français, un frein majeur à la reconstruction d’une image saine pour la discipline.

L’UCI dans le viseur

Mais plus encore que les équipes, c’est l’Union Cycliste Internationale (UCI) que vise Jean-René Bernaudeau. Pour lui, l’instance mondiale doit faire preuve de fermeté et de clarté pour restaurer la confiance. Il réclame une position forte, des contrôles transparents, et surtout des décisions qui prennent en compte l’histoire du sport et les enjeux actuels de crédibilité.

« L’UCI doit prendre ses responsabilités », martèle-t-il. Cette interpellation directe rappelle les nombreux épisodes du passé où l’absence de réaction rapide ou de communication limpide a plongé le cyclisme dans des crises majeures, de l’ère Festina à l’affaire Armstrong. Aujourd’hui, alors que les performances reviennent au plus haut niveau, l’enjeu d’une gouvernance sans faille est plus que jamais crucial.

Une parole qui divise, mais qui fait écho

Dans un peloton encore marqué par les fantômes du dopage, les prises de parole comme celle de Bernaudeau ne laissent personne indifférent. Pour certains, il s’agit de prudence légitime, voire d’un devoir de vigilance. Pour d’autres, ces déclarations frôlent l’insinuation gratuite et nuisent à des coureurs dont les performances sont encore présumées propres.

Bernaudeau, lui, se pose en défenseur du cyclisme d’aujourd’hui, celui qu’il veut voir respecté, crédible, et capable d’attirer un nouveau public sans arrières-pensées. Son discours n’est pas nouveau, mais il trouve une résonance particulière dans ce contexte : celui d’un Pogacar survolant l’épreuve, au service d’une équipe au management contesté par certains.

Un appel à la vigilance, pas à la chasse aux sorcières en plein Tour de France

Il ne s’agit pas, selon Bernaudeau, de rejeter le progrès ou de suspecter toute performance hors norme. Mais bien de poser les bonnes questions, au bon moment, pour éviter les dérives du passé. Le manager de TotalEnergies, en appelant à plus de transparence, n’attaque pas un homme ou un coureur, il interpelle un système.

Reste à savoir si cette parole sera entendue. Et si, dans un sport en perpétuelle reconstruction, les instances auront le courage d’assumer pleinement leur rôle de garantes d’un cyclisme propre. Le succès du Tour ne saurait se mesurer uniquement à la beauté des étapes, mais aussi à la confiance que le public place dans les acteurs du spectacle.