L’élan magique de Roland-Garros semble déjà loin. Loïs Boisson, nouvelle coqueluche du tennis français après sa formidable épopée jusqu’en demi-finale Porte d’Auteuil, connaît un début d’été difficile. La jeune joueuse de 21 ans, désormais classée 66e au classement WTA, a été éliminée dès le deuxième tour du tournoi WTA 125 de Bastad (Suède), disputé sur terre battue. Battue en deux sets (6-3, 6-4) par la Lettone Darja Semenistaja, classée 128e mondiale, Boisson marque le pas au moment où les attentes autour d’elle grandissent. Une défaite frustrante mais révélatrice d’un apprentissage en cours au plus haut niveau.
Une nouvelle réalité pour Loïs Boisson après le rêve parisien
Personne ne l’attendait à ce niveau à Paris. Invitée par les organisateurs à Roland-Garros, Loïs Boisson avait stupéfié le public en se hissant jusqu’en demi-finale, battant sur son passage des joueuses bien mieux classées. Ce coup d’éclat l’a propulsée de la 361e à la 66e place mondiale, avec à la clé une attention médiatique et sportive sans précédent dans sa jeune carrière.
Mais depuis ce pic de performance, la transition vers la régularité du circuit principal s’avère difficile. Sur le gazon de Wimbledon, surface qu’elle découvrait totalement, elle avait été éliminée dès les qualifications, battue au premier tour par la Canadienne Carson Branstine, alors 197e mondiale. Un revers logique, mais un premier coup d’arrêt. À Bastad, sur sa surface de prédilection, la terre battue, elle espérait rebondir. Le tableau paraissait ouvert, mais Boisson n’a pas su retrouver l’intensité ni la sérénité qui avaient fait sa force à Roland.
Semenistaja plus constante, Boisson trop friable
Face à Darja Semenistaja, Loïs Boisson a souvent couru après le score. La Lettone, très solide en fond de court, a parfaitement su exploiter les imprécisions de la Française, trop irrégulière au service et coupable de nombreuses fautes directes dans les moments importants. Si Boisson a montré quelques fulgurances, notamment dans le second set, elle n’a jamais vraiment pu installer son jeu ni imposer son rythme.
La fraîcheur physique et mentale qui l’avait portée à Paris semble lui manquer. À peine sortie de l’intense séquence émotionnelle de Roland-Garros, elle découvre les exigences du circuit, enchaînant les déplacements, les sollicitations médiatiques et les attentes d’un nouveau statut.
« Loïs vit une transition difficile, mais c’est normal », expliquait récemment son entraîneur Frédéric Lefebvre. « Elle doit apprendre à gérer la pression, à garder la tête froide malgré l’agitation extérieure. Ce sont des étapes incontournables. »
Un programme chargé pour repartir de l’avant
La suite immédiate du programme de Loïs Boisson passera par Hambourg, autre tournoi WTA 125 disputé sur terre battue. L’objectif sera clair : retrouver du rythme, du plaisir, et si possible des victoires. Mais la jeune Française devra surtout se projeter rapidement vers la tournée nord-américaine sur dur, avec des tournois bien plus exigeants au calendrier. Dès le mois d’août, elle devrait en effet participer à des WTA 250 et tenter de se qualifier pour le tableau principal de l’US Open, son premier grand chelem sur dur si elle parvient à y figurer.
Ce passage à l’échelle supérieure demandera une adaptation rapide à des surfaces plus rapides et à un circuit plus intense. Mais malgré ces revers précoces, Boisson possède un potentiel réel. Sa qualité de frappe, son sens du timing et sa combativité la placent parmi les espoirs les plus prometteurs du tennis français.
Gérer la pression, Loïs Boisson doit construire la suite
Le principal défi de Loïs Boisson sera désormais mental. Avec son nouveau classement, elle devient une joueuse scrutée, attendue, ciblée par ses adversaires. Ce changement de statut exige de nouvelles ressources mentales, que peu de joueuses maîtrisent à 21 ans.
La Fédération française de tennis, bien consciente de l’impact qu’un tel profil peut avoir sur le rayonnement du tennis féminin, entend l’accompagner dans cette transition. Loïs Boisson, elle, sait que tout ne peut pas se construire en quelques semaines.
« Roland-Garros, c’était incroyable, mais je sais que le plus dur commence », déclarait-elle il y a quelques jours. « Je veux construire une carrière sur la durée, pas juste faire un coup d’éclat. »
Pour cela, elle devra apprivoiser la régularité, gagner en maturité tactique, et accepter que chaque tournoi ne soit pas une nouvelle épopée. Le talent est là. Il lui reste à bâtir autour de cette flamme une fondation solide pour durer au plus haut niveau.