Dans l’univers exigeant et impitoyable de la boxe olympique, chaque victoire majeure peut changer le destin d’un athlète. Ce dimanche, Yojerlin César, jeune boxeur de 21 ans affilié au Boxing Lyon United, a marqué les esprits en s’imposant en finale de la World Boxing Cup dans la catégorie des moins de 80 kg, à Astana, au Kazakhstan. Et pas contre n’importe qui : Nurbek Oralbay, champion du monde et vice-champion olympique, combattait à domicile. César l’a dominé à l’unanimité des juges (5-0), dans un duel qui restera sans doute comme un tournant majeur dans sa carrière.
Avec cette victoire éclatante, le Guadeloupéen démontre qu’il ne fait plus seulement partie des promesses de la boxe française, mais qu’il est désormais un acteur crédible de la scène internationale. Et à deux mois des championnats du monde à Liverpool (4-14 septembre), ce titre est bien plus qu’une médaille : c’est un signal fort envoyé à la planète boxe.
Un combat tactique parfaitement maîtrisé
Face à un adversaire expérimenté et redouté, Yojerlin César a livré une performance tactique de haut niveau. D’entrée, il a su imposer le tempo du combat, en jouant sur la distance et le déplacement, déstabilisant ainsi Oralbay, qui peinait à trouver sa zone de confort. « Le premier round, j’ai imposé une certaine distance qu’il n’a pas pu franchir. Ça l’a réellement perturbé », explique-t-il avec lucidité. Une domination totale sur ce round, remportée 5-0.
Le deuxième assaut fut plus engagé, plus agressif. Le Kazakh est revenu avec des intentions offensives, mais César a répondu avec justesse et combativité, arrachant le round sur un score serré de 3-2. Le dernier round, décisif, n’a laissé place à aucun doute : une nouvelle démonstration du Français, conclue par un 5-0 unanime. À l’issue du combat, César ne masquait pas son émotion : « Je ne réalise pas encore l’exploit. Faire retentir la Marseillaise dans un pays comme le Kazakhstan, c’est indescriptible. »
Une victoire qui fait grandir Yojerlin César
Ce sacre en terre kazakhe prend d’autant plus de valeur qu’il intervient dans l’un des bastions mondiaux de la boxe olympique. Le Kazakhstan, reconnu pour son école rigoureuse et ses résultats, n’est pas une terre facile pour les étrangers. Que César s’impose là-bas, contre l’un des favoris du tournoi, est un acte de naissance au très haut niveau. L’ambassadeur de France, présent à Astana, a assisté à ce moment fort, preuve de l’écho grandissant du jeune boxeur.
Au-delà de sa propre performance, la délégation française repart du Kazakhstan avec un bilan positif : trois médailles de bronze glanées par Wassila Lkhadiri (-51 kg), Makan Traoré (-70 kg) et Soheb Bouafia (-90 kg). Mais c’est bien la médaille d’or de César qui incarne l’élan nouveau d’une génération ambitieuse et travailleuse.
La revanche d’Yojerlin César non-qualifié pour les JO
Cette victoire prend aussi tout son sens dans le contexte personnel de Yojerlin César. L’an passé, il n’avait pas réussi à se qualifier pour les Jeux olympiques de Paris 2024, un échec souvent rédhibitoire pour les jeunes talents. Mais au lieu de s’effondrer, il a pris cette désillusion comme un levier de progression. « Je suis content que cela se soit passé ainsi. Cela m’a permis d’avoir une énorme marge de progression », confie-t-il avec recul.
Ce refus du fatalisme, ce travail en silence à l’INSEP comme dans son club, explique sans doute l’explosion actuelle du jeune boxeur. À 21 ans, il se montre déjà capable d’analyse, de recul et de discipline. Il sait que cette victoire ne fera qu’attiser les regards : « Je vais devoir travailler encore plus dur que je ne le faisais déjà, car les gens vont encore plus m’attendre. » Une déclaration lucide, presque mature, à l’image d’un boxeur déjà tourné vers l’avenir.
Cap sur Liverpool et les Mondiaux
Avec ce sacre à Astana, Yojerlin César entre dans la dernière ligne droite avant les championnats du monde de Liverpool. Cette victoire lui offre bien sûr de la confiance, mais surtout un nouveau statut. Il ne sera plus un outsider, mais un prétendant sérieux, surveillé et analysé par ses futurs adversaires. Le défi est grand, mais César semble prêt à l’affronter, convaincu que le meilleur reste à venir.