Le deuxième affrontement entre le XV de France et les All Blacks, prévu ce samedi à 9h05 (heure française) au Sky Stadium de Wellington, s’annonce très différent du premier acte. Après une courte défaite encourageante (31-27) à Dunedin, le sélectionneur Fabien Galthié semble décidé à procéder à une large rotation de son effectif. Une stratégie qui pourrait agacer davantage les médias néo-zélandais, déjà critiques quant à l’absence des cadres habituels de l’équipe de France pour cette tournée estivale.
Mais au sein du staff tricolore, cette série de tests est clairement perçue comme une opportunité de construire l’avenir, de préparer les échéances futures avec une nouvelle génération, tout en maintenant un haut niveau de compétitivité. Malgré le niveau de l’adversaire, Galthié n’a pas hésité à envisager près de dix changements dans son XV de départ, selon les observations faites lors de l’entraînement ouvert à la presse mardi.
La jeunesse du XV de France en première ligne, les finalistes du Top 14 enfin intégrés
Le principal enseignement de la semaine concerne l’intégration de plusieurs joueurs finalistes du Top 14, jusque-là ménagés ou trop juste physiquement pour le premier match. Quatre d’entre eux devraient faire leur apparition dans le XV titulaire, venus directement des rangs du Stade Toulousain ou de l’UBB, après avoir disputé une finale intense mi-juin.
Parmi les plus attendus figure Léo Barré, qui revient d’une blessure (grosse béquille) et devrait prendre place à l’arrière. Il profite notamment de la blessure de Cheikh Tiberghien, forfait avant même le début de la tournée. Barré, dont la maturité et la vista ont souvent été saluées, pourrait ainsi disputer un test crucial dans sa montée en puissance vers une place durable chez les Bleus.
Au centre, la paire alignée à l’entraînement était composée du Toulousain Pierre-Louis Barassi et du Bordelais Nicolas Depoortère, deux profils complémentaires, puissants et dynamiques, capables de proposer un défi physique aux lignes arrière néo-zélandaises. Ils devraient reléguer Gaël Fickou, capitaine désigné pour la tournée, en dehors de la feuille de match — un choix fort qui en dit long sur la volonté du staff d’explorer de nouvelles options, même au détriment de la hiérarchie.
Des ailes reconduites, des cadres laissés au repos
Si le cœur de l’équipe est remanié, les ailes, elles, ne bougent pas : Théo Attissogbe et Emilien Gailleton, tous deux titularisés à Dunedin, semblent avoir convaincu le staff. Leur prestation lors du premier test, notamment en termes d’activité et d’engagement défensif, leur permet de conserver leur place, malgré le retour à disposition de Gabin Villière.
En revanche, Tom Spring, l’arrière du Racing 92, ne figure pas non plus parmi les joueurs observés dans les principales rotations. Comme Villière et Fickou, il pourrait être laissé au repos ou simplement écarté au profit de profils plus jeunes ou plus adaptés au projet de jeu actuel.
Ce choix, s’il se confirme, marque un tournant dans la gestion de cette tournée. Galthié semble privilégier l’expérimentation à court terme dans une perspective de renouveau stratégique, quitte à susciter critiques et incompréhensions du côté des supporters ou des observateurs étrangers. C’est aussi un message envoyé aux joueurs : la concurrence est ouverte, et les statuts ne garantissent plus aucune immunité.
Un deuxième test à haut risque mais aux enjeux précieux pour le XV de France
Malgré l’excellente impression laissée par les Bleus lors du premier test — où ils ont rivalisé avec les All Blacks dans tous les secteurs du jeu —, le défi de ce deuxième match s’annonce immense. Car les Néo-Zélandais ne laisseront pas passer une deuxième alerte, et leur XV type pourrait être renforcé après avoir été lui-même remanié à Dunedin.
Pour Galthié et son staff, le choix de tourner massivement l’effectif n’est donc pas sans risque. Mais dans une année de transition après la Coupe du monde et avec un nouveau cycle qui commence, le sélectionneur assume pleinement cette logique. Il s’agit de tester la profondeur du réservoir, de forger des automatismes dans l’adversité et de bâtir une génération qui n’aura pas peur de regarder les géants du rugby dans les yeux.