Actualités Cyclisme Une

Van der Poel : un Tour de France 2025 relancé à Boulogne-sur-Mer

Maéva Paret-Peintre

Maéva Paret-Peintre

Il était attendu, il a répondu présent. Mathieu Van der Poel a frappé un grand coup ce dimanche en s’imposant en solitaire à Boulogne-sur-Mer. Une victoire d’autorité, au terme d’une étape nerveuse et piégeuse, qui lui permet de s’emparer du maillot jaune. Le Tour de France 2025 vient de changer de visage.

Une journée propice aux coups d’éclat de Van der Poel

La septième étape du Tour 2025, longue de 199 kilomètres entre Amiens et Boulogne-sur-Mer, était cochée depuis longtemps par les puncheurs. Avec ses routes étroites, ses côtes abruptes et un vent changeant venu de la Manche, tout indiquait qu’un homme fort pourrait faire la différence.

Dans ce théâtre idéal, Van der Poel a choisi son moment. Alors que le peloton explosait dans les bosses du Boulonnais, le Néerlandais a placé une attaque tranchante à 12 kilomètres de l’arrivée. Un démarrage foudroyant qui a laissé sur place ses rivaux du général. Aucun ne parviendra à le revoir.

Un numéro de soliste digne des plus grands

Sur les pentes du Mont Lambert, ultime difficulté du jour, Van der Poel a déroulé toute sa puissance. Les images parlent d’elles-mêmes : buste droit, visage impassible, relances chirurgicales… Le coureur de l’équipe Alpecin-Deceuninck a offert une démonstration dans la plus pure tradition des baroudeurs d’élite.

Il franchit la ligne avec 18 secondes d’avance sur un petit groupe de poursuivants, réglé au sprint par Tadej Pogacar. Suffisant pour détrôner Remco Evenepoel au classement général et enfiler le maillot jaune, trois ans après l’avoir brièvement porté en 2021.

« J’ai senti que c’était le bon jour », a-t-il sobrement commenté à l’arrivée, encore essoufflé mais rayonnant.

Un nouveau patron, un Tour relancé par Van der Poel

Avec cette victoire, Van der Poel ne se contente pas de signer un exploit individuel. Il relance complètement la dynamique de ce Tour 2025, jusqu’ici dominé par les grimpeurs. Sa prise de pouvoir ajoute un nouveau nom à la lutte pour le maillot jaune, dans une édition qui s’annonce plus ouverte que jamais.

À 30 ans, le Néerlandais prouve qu’il a élargi son registre. L’ancien spécialiste des classiques et du cyclo-cross est devenu un coureur complet, capable d’encaisser les efforts répétés, de lire la course avec intelligence et de gérer un leadership sur trois semaines.

Certes, les Alpes restent à franchir, et les favoris du général n’ont pas dit leur dernier mot. Mais Van der Poel vient de rappeler qu’il faudra compter sur lui jusqu’à Nice.

Les favoris distancés mais vigilants

Derrière, certains ont limité les dégâts, d’autres ont perdu gros. Pogacar, toujours aussi opportuniste, a su rester au contact. Vingegaard, en revanche, a montré quelques signes de faiblesse et termine à près de 40 secondes. Evenepoel, victime d’un saut de chaîne dans la dernière bosse, a concédé le maillot jaune sans démériter.

Les écarts restent faibles, mais les dynamiques mentales, elles, changent profondément. Van der Poel a marqué les esprits. Il n’est plus seulement un chasseur d’étapes spectaculaire. Il devient un possible vainqueur du Tour.

Une ville, un symbole

L’arrivée à Boulogne-sur-Mer avait une portée symbolique. C’est ici, en 2012, qu’un autre puncheur, Peter Sagan, avait remporté sa première victoire sur la Grande Boucle. Treize ans plus tard, c’est un autre phénomène au tempérament offensif qui y inscrit son nom.

Le public nordiste, nombreux malgré la grisaille, a réservé un accueil triomphal à Van der Poel, venu saluer les supporters après la ligne. Des images fortes, qui rappellent combien ce sport sait conjuguer l’intime et l’héroïque.

Van der Poel : le Tour se muscle, le suspense s’installe

Avec cette prise de pouvoir inattendue, le Tour 2025 entre dans une nouvelle phase. Van der Poel apporte une énergie différente à la tête du classement : plus imprévisible, plus explosive, moins centrée sur les grands cols. Il va falloir désormais savoir le manœuvrer, car le Néerlandais n’est pas du genre à subir.

Le maillot jaune change d’épaules, le ton de la course aussi. Et c’est tout un Tour qui s’en retrouve revivifié. Une certitude : ce dimanche à Boulogne, le spectacle a changé de camp.