Actualités Tennis Une

Wimbledon : Montfils se plaint du gazon qui se dégrade

Kyrgios

Kyrgios

À Wimbledon, le tournoi mythique du tennis mondial, les conditions de jeu évoluent d’année en année. Cette édition 2025 n’échappe pas à la règle, et certains joueurs s’en étonnent. Gaël Monfils, présent au All England Club pour une nouvelle campagne sur gazon, a exprimé son ressenti : selon lui, la surface est bien plus lente qu’auparavant, remettant en question les caractéristiques traditionnelles du tournoi londonien.

Un gazon qui ne surprend plus autant

Historiquement, Wimbledon est associé à un style de jeu rapide, dicté par des échanges courts, des montées au filet et des services puissants. Le gazon, surface vive par excellence, favorise en théorie les joueurs agressifs et au jeu explosif. Mais depuis plusieurs années, ce modèle s’est peu à peu estompé, au profit d’un jeu plus lent et plus physique.

Gaël Monfils l’a constaté dès ses premiers entraînements à Londres. « Le gazon est lent, rien à voir avec ce que j’ai connu au début de ma carrière », a-t-il confié aux médias. Le Français, habitué des joutes wimbledonniennes depuis près de deux décennies, souligne un changement de rythme flagrant. « Avant, la balle fusait, maintenant elle rebondit beaucoup plus. On a presque l’impression d’être sur dur. »

Cette observation n’est pas isolée. Plusieurs joueurs et entraîneurs font le même constat : la surface, pourtant emblématique, s’est transformée sous l’effet de nouvelles technologies, de l’évolution des balles et des méthodes d’entretien du gazon.

Une évolution volontaire des organisateurs de Wimbledon ?

La lenteur relative du gazon à Wimbledon n’est pas le fruit du hasard. Depuis le début des années 2000, les organisateurs du tournoi ont progressivement modifié la composition de l’herbe, optant pour un mélange plus résistant au piétinement mais moins propice au jeu ultra-rapide. Objectif : rallonger les échanges et favoriser un spectacle plus « moderne », moins dépendant des services gagnants.

Cette stratégie a profondément influencé la manière dont les matchs se déroulent. Le tournoi n’est plus exclusivement dominé par les serveurs-volleyeurs comme dans les années 1990. Désormais, les spécialistes du fond de court — à l’image de Novak Djokovic ou Daniil Medvedev — y trouvent leur compte, capables d’imposer leur cadence même sur herbe.

Pour Monfils, cette transformation a bouleversé les repères. « Quand je suis arrivé sur le circuit, je me préparais à glisser, à jouer très vite. Là, c’est un jeu d’usure, avec beaucoup d’échanges. Ça change complètement l’approche du tournoi. »

Des conséquences sur le style de jeu

Ce ralentissement du gazon ne concerne pas seulement les sensations des joueurs, il modifie aussi la physionomie des rencontres. Là où Wimbledon se distinguait autrefois par des points courts, des services dominants et des volées tranchantes, les rallyes s’allongent désormais, rendant le tournoi plus exigeant physiquement et mentalement.

Pour un joueur comme Monfils, plus à l’aise sur terre battue ou sur dur, cette tendance peut être à double tranchant. Si elle limite l’avantage des gros serveurs, elle rend également le jeu plus tactique et demande une grande rigueur dans les déplacements. « Il faut plus de concentration, plus de constance. Ce n’est plus un Wimbledon où tu gagnes en trois coups », souligne-t-il.

Les entraîneurs adaptent eux aussi leur préparation en conséquence. Moins de travail sur la volée, plus de répétition dans les échanges et une attention accrue à la défense. Wimbledon n’échappe plus à la logique dominante du tennis mondial, où l’endurance prime sur l’explosivité.

Une surface en mutation, reflet du tennis actuel à Wimbledon

Le constat de Monfils s’inscrit dans une évolution plus large du tennis professionnel. La standardisation des surfaces — toutes devenant progressivement plus lentes — est une tendance déjà ancienne, voulue en partie par les instances du tennis pour limiter les écarts de spécialisation et favoriser l’émergence de joueurs complets.

Le gazon de Wimbledon suit cette logique, au grand dam des puristes. Les nostalgiques des duels à la Sampras ou à la Becker déplorent la disparition de ce style unique, basé sur la prise de risque et la fulgurance. En rendant la surface plus neutre, le tournoi perd en singularité ce qu’il gagne en homogénéité.

Gaël Monfils, avec sa franchise habituelle, n’en fait pas une critique acerbe, mais une simple observation. « Ce n’est ni mieux ni pire, c’est juste différent. Il faut s’adapter. Mais ce n’est pas le Wimbledon que j’ai connu. »

Conclusion : Wimbledon, un mythe en transition

Les propos de Gaël Monfils viennent rappeler que même les traditions les plus enracinées peuvent évoluer. Wimbledon, temple du tennis sur gazon, n’échappe pas aux mutations du sport moderne. La lenteur du terrain, désormais assumée, redéfinit les attentes, les préparations et les styles de jeu.

Si cette transformation peut décevoir certains amateurs d’un tennis spectaculaire et rapide, elle reflète aussi une volonté d’équilibre et d’accessibilité. Pour les joueurs comme pour les spectateurs, Wimbledon reste une aventure unique — mais dans un décor en perpétuelle redéfinition.