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Euro 2025 : Laurent Bonadei, l’ombre devenue lumière

Euro féminin 2025

Euro féminin 2025

Adjoint discret devenu sélectionneur en chef, Laurent Bonadei entame une nouvelle page de sa carrière à la tête de l’équipe de France féminine. À l’occasion de l’Euro 2025, qui débute ce samedi face à l’Angleterre, l’homme de l’ombre enfile enfin le costume de numéro un, avec l’ambition de porter les Bleues vers les sommets.

Une première grande compétition dans la peau du patron

C’est le grand saut pour Laurent Bonadei. À 55 ans, le technicien français s’apprête à vivre son premier tournoi international majeur en tant que sélectionneur principal. Samedi 5 juillet, les regards seront braqués sur lui à Bâle, où les Bleues ouvriront leur Euro face à l’Angleterre, championne en titre. Une entrée en matière musclée pour celui qui incarne la continuité tranquille du projet initié avec Hervé Renard.

Longtemps abonné au rôle d’adjoint, Bonadei s’est vu confier les clés de l’équipe de France féminine à l’été 2024, après le départ de Renard. Une promotion logique pour un homme qui connaît la maison sur le bout des doigts, et qui a accompagné la montée en puissance du groupe lors de la Coupe du monde 2023 et des Jeux olympiques de Paris 2024.

De formateur à sélectionneur de l’équipe Euro 2025 : un parcours à rebours

Le profil de Laurent Bonadei détonne dans le paysage habituel des sélectionneurs. Ancien joueur professionnel sans notoriété tapageuse, il a patiemment construit son expérience dans l’ombre, notamment dans la formation. C’est à l’OGC Nice, dès 2003, qu’il commence à entraîner les jeunes, avant de passer par Nancy et de s’imposer au Paris Saint-Germain, où il deviendra une figure incontournable du centre de formation.

À Paris, Bonadei a croisé les trajectoires de nombreux futurs internationaux, de Mike Maignan à Presnel Kimpembe en passant par Adrien Rabiot, qu’il a aidé à franchir des caps. Son approche éducative, patiente, tournée vers l’épanouissement des talents, en fait un entraîneur respecté autant qu’écouté.

Ce passé de formateur colle parfaitement avec le défi actuel : mettre en valeur une génération talentueuse mais encore incomplète, et lui donner une vraie identité de jeu.

Un lien fort avec les joueuses

Si Bonadei a été choisi pour succéder à Hervé Renard, ce n’est pas uniquement pour sa loyauté ou sa connaissance du groupe. C’est aussi pour la qualité de ses relations humaines, bâties dans la durée. En tant qu’adjoint, il a toujours cultivé une proximité avec les joueuses, sans jamais franchir la ligne de la distance professionnelle. Une qualité précieuse dans un groupe en quête de stabilité.

“C’est quelqu’un qui nous connaît par cœur, qui ne surjoue pas le rôle de patron, mais qui sait être ferme quand il le faut”, confiait récemment une cadre des Bleues dans L’Équipe. Dans un vestiaire où les ego peuvent parfois s’entrechoquer, la calme autorité de Bonadei est perçue comme un atout.

Un jeu porté sur le collectif

Sur le plan tactique, Laurent Bonadei n’est pas un révolutionnaire, mais il a une ligne claire : priorité au collectif, et à la mise en valeur des individualités dans un cadre structuré. Il l’a prouvé lors des matches de préparation, en insistant sur la rigueur défensive tout en laissant les talents offensifs – comme Delphine Cascarino ou Grace Geyoro – exprimer leur créativité dans les 30 derniers mètres.

“On a assez de joueuses brillantes. Mon rôle, c’est de créer les connexions entre elles, et de les aider à être fortes ensemble”, résumait-il en conférence de presse. Une philosophie sobre, mais ambitieuse, à l’image de l’homme.

L’heure de vérité pour l’Euro 2025

La France a souvent échoué à concrétiser son potentiel dans les grandes compétitions. L’Euro 2025, organisé en Suisse, représente une occasion en or de franchir un cap, dans un contexte où le groupe semble enfin stabilisé, et le projet plus lisible. Pour Bonadei, c’est aussi une forme d’examen grandeur nature : réussir cet Euro, ce serait valider non seulement sa légitimité à la tête des Bleues, mais aussi sa vision du football.

Bonadei, le choix de la raison et de la fidélité

En plaçant Laurent Bonadei à la tête des Bleues, la Fédération a opté pour la continuité, la sérénité, et une connaissance intime du terrain. Loin des effets de manche ou des profils clinquants, le nouveau sélectionneur incarne une forme d’autorité tranquille, forgée au contact des jeunes et nourrie d’une vraie culture du jeu. À l’heure d’affronter les meilleures équipes d’Europe, son défi est immense. Mais s’il parvient à faire briller ce groupe, ce sera la consécration d’un parcours exemplaire et discret. À l’image de l’homme.