À Wimbledon, Alexander Zverev n’a pas seulement perdu un match. Il a laissé entrevoir un mal plus profond, un sentiment de vide et de solitude qu’il confesse ne jamais avoir connu. En chute libre sur le plan émotionnel, le n°3 mondial se livre avec une rare sincérité. Une parole bouleversante, bien au-delà du tennis.
La défaite de Zverev au goût amer
Le Centre Court de Wimbledon a souvent été le théâtre de grands exploits, mais parfois aussi de confessions douloureuses. Ce mardi, Alexander Zverev y a vécu un moment d’introspection publique après une élimination précoce. Battu en cinq sets (4-6, 6-3, 6-7, 7-6, 6-3) par le Français Arthur Rinderknech au premier tour, l’Allemand a vu s’envoler d’emblée ses espoirs de titre sur le gazon londonien. Une élimination prématurée qui fait tâche pour un joueur classé n°3 mondial et finaliste du dernier Open d’Australie.
Mais l’essentiel n’était pas dans le score. C’est après le match, en conférence de presse, que Zverev a lâché prise. Les mots ont remplacé les coups droits. Et le champion, d’ordinaire si réservé, s’est montré d’une vulnérabilité bouleversante.
« Je me sens très seul », Zverev craque
Le visage fermé, les traits tirés, Zverev n’a pas fui les questions. Il les a prises de plein fouet, sans détour. « De temps en temps, je me sens très seul, j’ai du mal sur le plan mental. Je le dis depuis l’Open d’Australie. » Cette phrase, répétée à voix basse, a jeté un froid dans la salle de presse. Ce n’est pas la première fois qu’un athlète de haut niveau évoque sa santé mentale, mais l’intensité du malaise exprimé par le Hambourgeois a marqué les esprits.
Depuis sa défaite en finale à Melbourne en janvier dernier, Zverev semble prisonnier d’un cycle de doute et de fatigue psychologique. « J’essaie de trouver des manières de me sortir de cet abîme, mais je n’arrête pas d’y retomber. » Une spirale dont il ne trouve ni la sortie ni le sens. Et cela dépasse largement le cadre des courts.
Un vide existentiel
Au fil des minutes, la confession prend un tournant plus intime encore. « De manière générale, je me sens assez seul dans ma vie en ce moment. Ce n’est pas très agréable. » Puis vient cette phrase lourde de sens, presque glaçante : « Je ne me suis jamais senti aussi vide. »
Pour Zverev, ce vide n’est pas uniquement une absence de victoire ou de performance. C’est une perte de repères, un effacement progressif de la joie, même en dehors du sport. « C’est difficile de trouver de la joie en dehors du court pour moi à l’heure actuelle. » La fatigue n’est plus seulement physique, elle est émotionnelle, existentielle. L’homme derrière le joueur s’efface, et c’est ce cri silencieux que le monde du tennis entend désormais.
Un appel à l’aide déguisé ?
Derrière ces mots, beaucoup y voient un appel à l’aide. Zverev n’évoque pas encore de pause dans sa carrière, mais parle pour la première fois de thérapie. « Je pense à commencer une thérapie pour comprendre ce qui ne va pas. » Un pas important, encore difficile à franchir pour de nombreux sportifs de haut niveau, habitués à l’image de la force et de l’invulnérabilité.
Le tennis, par sa nature individuelle et souvent solitaire, expose davantage encore à ces phases de crise intérieure. Sur le circuit, les semaines d’hôtel succèdent aux heures d’entraînement, aux voyages, aux attentes. Et dans cette mécanique implacable, le mal-être trouve facilement sa place.
L’ombre d’un combat plus profond
La trajectoire de Zverev est pourtant celle d’un battant. Il a longtemps été vu comme le successeur naturel des Nadal, Federer ou Djokovic. Mais sa carrière a aussi été marquée par des blessures, des revers douloureux et des polémiques extra-sportives. Le joueur a toujours fait face, parfois dans le silence, parfois dans le déni. Cette fois, il choisit la parole.
Et cette parole, rare et précieuse, pourrait bien ouvrir un nouveau chapitre. Pas seulement pour lui, mais aussi pour un sport encore trop timide face à la souffrance psychologique de ses champions. En 2021, Naomi Osaka ou encore Nick Kyrgios avaient déjà brisé le tabou. Aujourd’hui, c’est au tour de Zverev, avec ses mots à lui, sans mise en scène, sans filtre.
Une lumière au bout du tunnel ?
Il est trop tôt pour dire si Wimbledon 2025 marquera un tournant positif ou un signal d’alarme plus profond. Mais une chose est sûre : Alexander Zverev a osé dire sa douleur. Et dans ce geste-là, il y a déjà un début de réponse. Le chemin vers la guérison est souvent semé de défaites. Mais aussi d’actes de courage.