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Saison de trop pour le PSG ?

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« Il y a de la fatigue, je pense que ça se voit. » La phrase, prononcée à demi-mot par un cadre du Paris Saint-Germain après la dernière rencontre de la saison, résonne comme un aveu lucide. Usés par un calendrier démentiel, les joueurs parisiens ont terminé l’exercice 2024-2025 sur les rotules. Entre enchaînement des compétitions, voyages incessants, blessures à répétition et pression permanente, le PSG semble payer le prix physique d’une saison à rallonge. Une fatigue visible dans les jambes… et parfois dans les têtes.

Une saison qui n’a jamais vraiment commencé… ni terminé

La campagne du PSG s’est étirée de manière ininterrompue depuis août. Engagés sur tous les fronts – Ligue 1, Ligue des champions, Coupe de France, Trophée des champions – les Parisiens ont enchaîné les matchs à un rythme effréné. À cela se sont ajoutés les trêves internationales, où la majorité des cadres du groupe ont rejoint leurs sélections respectives, parfois à l’autre bout du monde.

Dans un effectif déjà dense mais souvent touché par les blessures, Luis Enrique a dû jongler avec les états de forme. Certains joueurs, comme Vitinha, Marquinhos ou Achraf Hakimi, ont accumulé plus de 50 matchs. D’autres, plus jeunes ou plus exposés à la pression comme Warren Zaïre-Emery, ont dû tenir leur rang dans un climat d’exigence maximal, sans toujours avoir les ressources nécessaires pour durer.

Des blessures en cascade et une fraîcheur qui s’évapore

Le PSG n’a pas échappé à la malédiction physique. Fabian Ruiz, Presnel Kimpembe, Lucas Hernández, Nuno Mendes : la liste des absents longue durée a régulièrement amputé l’équilibre de l’équipe. À mesure que la saison avançait, le club a parfois donné l’impression d’éteindre des incendies en permanence.

Résultat, un onze de départ recomposé chaque semaine, des automatismes à reconstruire sans cesse, et des joueurs en difficulté dans les matchs à haute intensité. Contre Dortmund en demi-finale de Ligue des champions, l’incapacité à accélérer dans les trente derniers mètres en fin de match a trahi une certaine panne d’énergie. « On a tout donné, mais ça ne répondait plus », glissait un joueur au sortir du match retour.

Le calendrier, ennemi invisible

Au cœur du débat, le calendrier refait surface. Comment préserver la performance dans une saison qui compte plus de 60 matchs pour certains ? Le PSG, comme les autres grands clubs européens, est victime d’un empilement de compétitions. La refonte des formats, les matchs de gala, les tournées à l’étranger… tout pousse les organismes à la limite.

Luis Enrique, s’il a prôné la rotation, s’est retrouvé piégé par l’irrégularité de certains remplaçants et la pression des résultats. « L’idéal, c’est de gérer. La réalité, c’est qu’on joue tous les trois jours, et qu’on n’a pas le temps de récupérer », avait-il reconnu après un match de Ligue 1 en avril.

Le club avait pourtant investi dans une cellule de performance modernisée, des suivis personnalisés, des micro-cycles d’entraînement. Mais face à la surcharge structurelle du football moderne, ces efforts trouvent vite leurs limites.

Une fin de saison poussive, un signal à entendre ?

Le PSG a terminé champion de France, mais sans éclat dans les dernières journées. Le jeu s’est ralenti, les transitions offensives ont perdu en tranchant, les replis défensifs sont devenus laborieux. Même Kylian Mbappé, encore prolifique, a semblé émoussé dans ses dernières sorties.

La fatigue n’est pas qu’un argument : elle a des conséquences directes sur le rendement, mais aussi sur la cohésion du groupe. En interne, certains évoquent une ambiance plus tendue, une usure mentale visible. Le départ programmé de Mbappé a également pesé sur l’atmosphère, renforçant cette sensation d’essoufflement collectif.

L’été, une pause… en trompe-l’œil

On pourrait croire que la trêve estivale offrira un répit bien mérité. Mais pour bon nombre de joueurs, les vacances seront écourtées. Entre l’Euro 2024 en Allemagne et la Copa América, une grande partie de l’effectif repartira au combat dès la fin juin. La préparation pour la saison prochaine débutera à peine quelques semaines plus tard, avec une nouvelle tournée d’été au programme.

Dans ce contexte, la saison 2025-2026 s’annonce déjà comme un nouveau marathon. Sauf réforme structurelle ou ajustement des charges de travail, le cercle vicieux menace de se reproduire.

Vers un modèle intenable ?

Le PSG n’est pas un cas isolé. Mais en tant que club ultra-exposé, il symbolise les dérives d’un football qui tire toujours plus sur la corde. La fatigue, longtemps considérée comme un simple état passager, devient une donnée structurelle, presque chronique.

La citation du joueur — « Il y a de la fatigue, je pense que ça se voit » — n’est pas anodine. Elle dit l’usure d’un système, la lassitude d’une élite sportive qui joue sans repos ni respiration. Et elle pose une question de fond : combien de temps ce rythme est-il encore tenable, même pour les meilleurs joueurs du monde ?