Dominé par une redoutable équipe bordelaise (31-28), le Stade Toulousain a tremblé jusqu’au bout pour sauver l’essentiel. Une demi-finale Toulouse – UBB âpre et spectaculaire, mais aussi révélatrice d’un déséquilibre inattendu. Ugo Mola, lucide après la rencontre, a reconnu que cette UBB-là forçait Toulouse à revoir ses certitudes.
Une demi-finale Toulouse – UBB sous tension, un favori chahuté
Toulouse s’en est sorti, mais Toulouse a souffert. Dans cette demi-finale de Top 14 face à Bordeaux-Bègles, le champion en titre n’a pas dominé comme on aurait pu s’y attendre. Mieux, il a même été malmené sur plusieurs séquences, contraint de subir le jeu bordelais et de puiser dans ses ressources pour tenir le cap.
Face à une UBB agressive, joueuse, libérée, les Toulousains ont souvent couru après le fil du match. « Bordeaux nous oblige à nous poser des questions », a confié Ugo Mola en conférence de presse. Une déclaration rare dans la bouche d’un entraîneur qui domine le rugby français depuis plusieurs saisons. Signe que l’alerte est réelle.
L’UBB a imposé son tempo
Dès les premières minutes, Bordeaux a affiché ses intentions. Du jeu rapide, des libérations express, un rideau défensif mobile, et surtout une volonté de priver Toulouse de ballon. Le plan de jeu d’Urios – parfaitement préparé – a mis à mal l’organisation toulousaine, pourtant habituée à dicter le tempo.
À plusieurs reprises, les coéquipiers de Jalibert ont fait reculer le Stade, tant au sol que dans le combat d’avants. Si le score final est serré (31-28), il reflète mal la domination stratégique des Bordelais pendant de longues phases. Seule la lucidité de quelques cadres toulousains en fin de match a permis d’éviter le naufrage.
Toulouse, sauvé par ses réflexes au match Toulouse – UBB
C’est la force des très grands : savoir gagner même en étant dominés. Et c’est ce qu’a fait Toulouse, en s’appuyant sur sa maîtrise des moments clés. À défaut de produire son rugby flamboyant, le Stade a su capitaliser sur les erreurs adverses, et profiter de quelques fulgurances individuelles pour faire la différence.
Antoine Dupont, encore une fois, a été précieux dans les instants décisifs. Même s’il n’a pas été aussi rayonnant qu’à l’accoutumée, il a guidé les siens avec sang-froid. Derrière lui, Ramos a assuré au pied, et Meafou a pesé dans les zones d’impact. Un cocktail suffisant pour passer, mais insuffisant pour rassurer.
Mola secoue son groupe
Ce match ne laissera pas de traces que dans les jambes. Dans les têtes, aussi, l’encadrement toulousain semble secoué. Ugo Mola n’a pas cherché à enjoliver la réalité : « Quand on est bousculés comme ça, on ne peut pas faire semblant. Il va falloir se parler, revoir certaines choses, sinon… »
Le message est clair : à une semaine de la finale, Toulouse n’est pas prêt. Le staff va devoir trancher sur plusieurs postes, retrouver de la fraîcheur mentale, et remettre du liant dans un collectif qui a paru émoussé. Bordeaux a mis à nu des fragilités que d’autres adversaires, en finale, ne manqueront pas d’exploiter.
L’UBB repart frustrée, mais renforcée par la rencontre Toulouse – UBB
Si Toulouse a sauvé sa peau, Bordeaux sort grandi. Longtemps vu comme un outsider irrégulier, l’UBB a montré qu’elle pouvait rivaliser avec les cadors dans l’intensité, l’intelligence de jeu et la discipline. À l’image d’un Matthieu Jalibert tranchant, d’un Moefana omniprésent ou d’un Lucu patron, les Bordelais ont posé une empreinte forte.
Cette défaite, certes cruelle, peut être le socle d’une nouvelle ambition. Il ne manque peut-être plus qu’un peu de réalisme, ou de profondeur de banc, pour que l’UBB bascule définitivement du bon côté.