C’est une onde de choc dans le football français : l’OL a été relégué administrativement en Ligue 2 par la DNCG. Une décision aux motivations encore floues, que les dirigeants attendent de recevoir noir sur blanc. En toile de fond, la gestion jugée opaque de John Textor et les limites d’un modèle de multipropriété que le gendarme financier ne semble jamais avoir validé.
L’attente insoutenable des explications pour l’OL
Depuis l’annonce fracassante de la DNCG mardi soir, l’OL est suspendu à une notification écrite. Ce document, qui doit détailler les raisons de la rétrogradation, est attendu dans les toutes prochaines heures sur les bureaux du club. En attendant, le flou règne. Une source proche d’un autre club professionnel ayant vécu une situation similaire confie que ces comptes rendus sont d’une précision variable : « Parfois c’est très détaillé, mais dans d’autres cas tu dois relire plusieurs fois pour comprendre ce qu’on attend de toi. »
Dans le cas de Lyon, la complexité de la structure financière rend l’analyse encore plus opaque. La DNCG semble avoir des doutes sur la lisibilité et la stabilité du montage piloté par John Textor, sans que les dirigeants n’aient encore une ligne claire sur les points exacts à corriger.
Une gestion de l’OL jamais vraiment digérée par la DNCG
Depuis l’arrivée de John Textor en 2022, les relations entre l’OL et la DNCG sont marquées par l’incompréhension. Le patron d’Eagle Football, à la tête d’un groupe multipropriétaire (avec notamment Botafogo, Molenbeek et Crystal Palace), gère ses clubs comme un portefeuille global, au grand dam d’une DNCG attachée à la transparence et à l’autonomie financière de chaque entité.
L’un des griefs majeurs formulés à l’encontre de l’OL porte sur l’absence de comptes réservés strictement au club lyonnais. Les fonds peuvent être là à un instant T, mais rien ne garantit leur stabilité ni leur destination future. Un principe de gestion toléré dans d’autres pays, mais qui hérisse les poils des instances françaises, davantage portées sur le verrouillage financier que sur les promesses d’intention.
Textor ne lâche rien mais pourrait se retirer du devant de la scène
Malgré cette tempête, John Textor affirme qu’il n’a « aucune intention » de céder l’Olympique Lyonnais. En interne, il continue de consulter ses partenaires les plus proches pour envisager toutes les solutions. L’une d’elles serait de faire intervenir le fonds Ares, déjà impliqué dans Eagle Football, pour reprendre la main sur la gestion de l’OL.
L’Américain pourrait également déléguer davantage la gouvernance quotidienne à un représentant plus rompu aux codes français. Une manière d’apaiser les tensions, notamment avec les instances. Cette solution serait perçue comme un moyen de conserver le contrôle stratégique tout en offrant à la DNCG une figure plus rassurante, capable de dialoguer avec un langage moins corporate, plus institutionnel.
Une rétrogradation qui pose question pour l’avenir de l’OL
La relégation en Ligue 2, si elle était confirmée, aurait des conséquences majeures pour le club rhodanien. Sportivement, l’OL vient de terminer une saison en boulet de canon et s’apprêtait à disputer la Coupe d’Europe. Économiquement, la perte des revenus liés à l’élite serait catastrophique, surtout dans un contexte où les marges sont déjà faibles.
Mais au-delà de la sanction, c’est la méthode qui interroge. Certains observateurs s’étonnent de la brutalité de la décision, d’autant que l’OL avait présenté ses comptes lors de l’audition. Les objectifs définis en novembre n’auraient été que « partiellement atteints », selon une source proche du dossier. Un motif suffisant pour rétrograder ? La question divise.
Une fracture culturelle entre deux visions du football
Derrière ce choc administratif se cache un affrontement plus profond : celui de deux visions du football. La DNCG incarne une rigueur à la française, fondée sur l’autosuffisance, le contrôle et la prudence. John Textor, lui, arrive avec une culture d’investissement mondialisé, de flux financiers partagés, et une conception plus souple de la gestion.
Dans cette opposition, l’OL fait les frais d’un système qui n’a jamais su s’adapter au modèle multipropriété. Textor ne triche pas, il joue un autre jeu. Mais dans l’arène française, cette manière de faire passe mal — et la sanction semble aujourd’hui traduire cette incompréhension de fond.