La décision est tombée comme un couperet. Mardi, la DNCG a prononcé la rétrogradation administrative de l’Olympique Lyonnais en Ligue 2, une première depuis 1987. Le club, abasourdi, prépare son appel, mais l’incertitude domine. À quelles conditions l’OL peut-il encore éviter la chute ? Analyse du dossier explosif de la rétrogradation de l’OL, mêlant finances, ventes internationales et pressions réglementaires.
Rétrogradation de l’OL : un séisme pour le football français
Mardi, la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG), gendarme financier du football français, a sanctionné l’OL d’une descente administrative en Ligue 2, à l’issue de l’examen de son budget prévisionnel pour la saison 2025-2026. Une décision lourde de conséquences, aussi bien sportives qu’économiques, pour un club dont la stature nationale et européenne n’a jamais connu pareille turbulence.
La raison exacte de cette décision n’a pas encore été rendue publique. Elle devrait être notifiée officiellement dans les jours à venir, ce qui déclenchera un délai de sept jours durant lequel le club pourra faire appel. Et l’Olympique Lyonnais, par la voix de son président John Textor, a déjà confirmé son intention de contester la décision, tout en disant « ne pas comprendre » les arguments avancés par l’instance.
Un budget en question malgré des efforts financiers
Depuis plusieurs mois, le club assure avoir multiplié les efforts pour se conformer aux exigences de la DNCG. Après une première rétrogradation à titre conservatoire en novembre 2024, l’OL avait été sommé de renforcer ses fonds propres à hauteur de 175 millions d’euros. Une injonction à laquelle le club affirme avoir répondu, et même dépassé, avec près de 200 millions d’euros apportés ou sécurisés.
Dans le détail, l’OL met en avant plusieurs leviers mobilisés :
– 83 millions d’euros injectés par les actionnaires,
– une réduction de la masse salariale,
– la mise en vente de Crystal Palace, club détenu par Textor, censée rapporter 200 millions d’euros,
– une valorisation des actifs du club, notamment certains jeunes joueurs convoités sur le marché.
Mais rien n’y a fait : selon la DNCG, le budget prévisionnel n’a pas été validé, probablement en raison d’éléments jugés trop incertains, comme la finalisation de la vente de Crystal Palace, encore soumise à l’approbation de la Premier League.
Le mercato comme plan B ?
L’OL dispose encore de plusieurs leviers financiers à activer dans les jours à venir pour convaincre la commission d’appel de la DNCG. Le principal pourrait être le mercato, dont l’ouverture coïncide avec cette période de turbulences. Le club envisage déjà plusieurs ventes rapides de joueurs à forte valeur marchande, comme Rayan Cherki, Jake O’Brien ou encore Saïd Benrahma, afin de rassurer l’instance sur sa capacité à rééquilibrer ses comptes.
Ce scénario n’est pas sans risque : vendre sous pression revient souvent à négocier en position de faiblesse. Mais l’urgence impose une stratégie agressive, quitte à sacrifier une partie de l’effectif pour garantir le maintien dans l’élite.
Une bataille autant financière que politique, la rétrogradation de l’OL pose question
L’Olympique Lyonnais compte aussi sur une dimension politique et institutionnelle pour inverser la tendance. La relégation d’un club aussi emblématique pourrait avoir un impact déstabilisateur sur la Ligue 1, dont l’attractivité est déjà fragilisée par les difficultés à commercialiser les droits TV. Derrière les chiffres, c’est aussi l’image d’un championnat en crise qui se jouerait.
John Textor, qui n’a jamais hésité à critiquer la DNCG, pourrait chercher à mobiliser d’autres relais, y compris au niveau de la Ligue de football professionnel (LFP) ou de la Fédération, afin de peser dans la balance. Il faudra toutefois convaincre sur des bases solides, car la DNCG n’est pas connue pour céder à la pression médiatique ou à l’émotion.
Un précédent qui inquiète les autres clubs
Cette affaire OL-DNCG fait office d’avertissement pour l’ensemble du football français. Même les clubs historiques, disposant d’un stade moderne et d’un fort potentiel économique, ne sont plus à l’abri d’une sanction lourde. Le niveau d’exigence de la DNCG s’est considérablement durci depuis la multiplication des rachats par des investisseurs étrangers.
Derrière l’affaire lyonnaise, c’est aussi la fiabilité des modèles économiques adossés à des montages internationaux complexes qui est mise en cause. La vente de Crystal Palace, la participation dans Botafogo ou Molenbeek, les promesses d’apports à venir : autant d’éléments qui peuvent sembler fragiles aux yeux d’un régulateur soucieux de garanties concrètes.
La rétrogradation de l’OL impose l’urgence d’une réforme interne
En lançant son appel, l’OL s’engage dans une course contre la montre. Sept jours pour convaincre la DNCG que les finances sont tenables, que les promesses peuvent devenir des réalités, et que le club a encore sa place parmi l’élite. Le destin sportif de l’Olympique Lyonnais se joue désormais dans les couloirs des instances autant que sur le terrain.
Reste à savoir si les efforts financiers, la stratégie de vente accélérée et le poids institutionnel suffiront à infléchir une décision inédite et potentiellement historique. Pour l’OL, c’est l’heure de vérité, avec en jeu bien plus que sa place en Ligue 1 : sa crédibilité, son modèle, et sa capacité à rebondir dans un football français en pleine mutation.