Alors que l’Olympique Lyonnais vient d’être rétrogradé en Ligue 2 par la DNCG, la disparition de Bernard Lacombe plonge un peu plus le club dans la tourmente. Ce mercredi, supporters, dirigeants et légendes du club se réunissent pour lui dire adieu à Fontaines-sur-Saône.
C’est une semaine noire pour l’Olympique Lyonnais. En l’espace de quelques jours, le club rhodanien a vu s’écrouler deux de ses piliers symboliques : son passé glorieux, avec la disparition de Bernard Lacombe, et son statut d’écurie de l’élite française, menacé par la rétrogradation administrative décidée par la DNCG. Ce mercredi 25 juin, dans une atmosphère lourde d’émotion, le monde du football lyonnais se retrouve à Fontaines-sur-Saône pour rendre un dernier hommage à l’un de ses plus illustres représentants.
Un monument du club s’en est allé
Bernard Lacombe, décédé à l’âge de 72 ans, n’était pas qu’une légende du ballon rond. Il était, pour Lyon, un visage, une voix, une âme. Meilleur buteur de l’histoire du club, artisan des grandes heures de l’OL dans les années 2000 aux côtés de Jean-Michel Aulas, conseiller avisé des présidents, recruteur hors pair, il incarnait cette fidélité rare dans le football moderne.
Arrivé à l’OL comme joueur à la fin des années 1960, Lacombe a marqué de son empreinte toutes les strates du club : joueur, directeur sportif, conseiller spécial. Sa relation fusionnelle avec Jean-Michel Aulas et son rôle dans les transferts emblématiques — de Juninho à Sonny Anderson — ont fait de lui un bâtisseur de l’ombre des sept titres de champion de France glanés entre 2002 et 2008. Sa disparition, survenue alors que le club traverse une crise sportive et institutionnelle profonde, sonne comme un coup de grâce pour toute une génération de supporters.
Une église trop petite pour un si grand homme
Les obsèques de Bernard Lacombe ont lieu ce mercredi à 14h30 à l’église Saint-Louis de Fontaines-sur-Saône, en périphérie lyonnaise. Un lieu symbolique, à l’image de l’homme : simple, discret, profondément ancré dans sa terre natale. Mais l’affluence attendue dépasse largement les capacités du lieu. Les 400 places disponibles ne suffiront pas à accueillir la foule venue saluer ce grand nom du football français.
Pour permettre à tous de participer à la cérémonie, une retransmission audio est prévue à l’extérieur de l’édifice. Des anonymes, des supporters, des habitants, mais aussi de nombreuses personnalités du monde du sport sont attendus. Jean-Michel Aulas, figure indissociable du tandem formé avec Lacombe pendant près de trois décennies, sera évidemment présent. Des anciens joueurs comme Sidney Govou, Grégory Coupet, ou encore Juninho sont également annoncés. Tous viendront témoigner de leur respect et de leur affection pour celui qui fut, bien plus qu’un mentor, une figure paternelle.
Une direction contrainte d’être là, malgré la tempête
La direction actuelle de l’OL, fragilisée par la sanction de la DNCG, sera elle aussi représentée. Michael Gerlinger, Mathieu Louis-Jean et Jean Sudres assisteront à la cérémonie, dans une atmosphère probablement tendue. Car au-delà de l’émotion suscitée par la perte de Bernard Lacombe, le cœur des supporters est lourd de colère face à la situation catastrophique du club. La rétrogradation en Ligue 2, si elle est confirmée en appel, serait une première depuis 1989, et vient ternir un peu plus l’image d’un OL déjà malmené sportivement cette saison.
À l’église Saint-Louis, les regards croiseront donc le passé glorieux et le présent chaotique du club. Un moment suspendu dans le temps, où la mémoire collective tentera de retrouver un peu de dignité au milieu des turbulences.
Lacombe, dernier repère d’une identité en péril
La disparition de Bernard Lacombe intervient à un moment symboliquement tragique. En pleine crise identitaire, l’OL voit partir l’un des derniers garants de son histoire, de sa culture, de son exigence. Depuis le départ de Jean-Michel Aulas, les supporters ont vu leur club se transformer, parfois brutalement, entre restructuration sportive, départs précipités, et gestion économique contestée.
Avec Lacombe s’éteint une certaine idée du football lyonnais. Celle d’un attachement viscéral au territoire, d’un regard acéré sur le jeu, d’un respect profond pour les supporters. Dans une époque où l’OL cherche désespérément un cap, la disparition de ce repère historique résonne comme une alerte : sans mémoire, un club n’est plus qu’un nom sur un maillot.
Une figure nationale, un deuil local
Au-delà de Lyon, c’est tout le football français qui salue la mémoire de Bernard Lacombe. International aux 38 sélections, buteur lors du Mondial 1978, compagnon d’attaque de Platini et Rocheteau, il a porté haut les couleurs du pays. Son élégance balle au pied, sa science du placement, sa loyauté rare font de lui un exemple.
Mais c’est bien à Lyon, dans ces rues qu’il connaissait par cœur, que l’émotion est la plus vive. Les hommages spontanés se sont multipliés : banderoles, portraits accrochés aux grilles de Décines, messages sur les réseaux sociaux. Les supporters, endeuillés, trouvent dans cet hommage l’occasion de ressouder une communauté ébranlée.
Le cœur de l’OL bat encore, malgré tout
En ce mercredi d’adieux, l’Olympique Lyonnais enterre un homme, mais célèbre un héritage. Celui de la fidélité, de la passion, de la transmission. Bernard Lacombe laisse derrière lui une empreinte indélébile, bien plus forte qu’un palmarès ou qu’un classement. Il était une boussole. Et à l’heure où le club vacille, c’est peut-être à son image que l’OL devra puiser la force de renaître.
Car le football lyonnais, s’il a perdu l’un de ses pères fondateurs, n’a pas perdu son âme. Tant qu’il y aura des tribunes pour chanter son nom, Bernard Lacombe vivra dans le cœur des Gones.