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Le docteur Sainz refait surface et évoque l’équipe Pogacar

Van der Poel

Van der Poel

Surnommé « Docteur Mabuse » et plusieurs fois condamné dans des affaires de dopage, le docteur Sainz affirme n’avoir jamais administré de produits interdits à des coureurs. Dans un entretien accordé à Ouest-France, l’ancien naturopathe de 81 ans se défend, tout en révélant avoir côtoyé certaines figures du peloton actuel, dont Mathieu van der Poel et le manager de Tadej Pogacar, Mauro Gianetti. Des propos qui ravivent les tensions autour de sa sulfureuse réputation.

Le retour médiatique d’un personnage controversé

C’est une figure familière et controversée du cyclisme qui a décidé de reprendre la parole. Bernard Sainz, longtemps présenté comme un acteur de l’ombre du dopage dans le peloton français et européen, a accordé une rare interview à Ouest-France. Radié de l’Ordre des médecins, condamné à plusieurs reprises pour exercice illégal de la médecine et incitation au dopage, il reste associé à de nombreuses affaires ayant marqué les années 1990 et 2000.

Mais à 81 ans, « Docteur Mabuse » n’a rien perdu de son aplomb. Il maintient qu’il n’a jamais dopé aucun athlète, ni prescrit de produits interdits, rejetant la faute sur ce qu’il qualifie de « rumeurs persistantes ». Selon lui, sa réputation tient davantage à une construction médiatique qu’à des faits concrets.

Le docteur Sainz livre ses confidences sur des contacts récents

Au fil de l’entretien, Bernard Sainz évoque des noms bien connus du cyclisme actuel. Il affirme avoir « croisé le chemin » de Mathieu van der Poel, sans donner de détails sur la nature ou la durée de cette relation. « Je l’ai vu, oui, comme j’ai vu beaucoup de coureurs », glisse-t-il, sans que l’on sache s’il s’agit d’un contact anodin ou d’un accompagnement plus poussé.

Plus troublante encore est la mention de Mauro Gianetti, manager général de l’équipe UAE Team Emirates, celle de Tadej Pogacar. Sainz admet lui avoir « prodigué des conseils », sans toutefois avoir été en lien direct avec Pogacar. « Je suppose que c’est Pogacar qui a fait le jeûne, mais je n’ai jamais été en relation avec lui », affirme-t-il.

Des propos qui, même tenus avec prudence, jettent une ombre sur les méthodes d’un encadrement déjà soumis à un haut niveau d’exigence et de suspicion, en raison des performances impressionnantes de son leader slovène.

L’ombre du passé toujours présente

Condamné à plusieurs reprises, Bernard Sainz a toujours nié avoir franchi la ligne rouge. Pourtant, les décisions de justice et les témoignages d’anciens coureurs l’ont souvent contredit. Il a notamment été reconnu coupable d’incitation au dopage auprès de cyclistes amateurs et semi-professionnels. En 2020, la cour d’appel de Caen l’avait condamné à un an de prison ferme.

Pour la justice, Sainz utilisait une façade pseudo-médicale à base de soins naturels et d’homéopathie, tout en incitant ses patients à recourir à des substances interdites. Des accusations que l’intéressé rejette catégoriquement. « Je n’ai jamais eu un coureur contrôlé positif », insiste-t-il. Et d’ajouter : « Ce sont les fédérations qui cherchent un bouc émissaire, même quand il n’y a pas de preuve. »

Un cyclisme sous haute surveillance

Cette sortie médiatique intervient dans un contexte où le cyclisme tente, année après année, de tourner la page de ses scandales passés. Depuis l’affaire Festina en 1998 jusqu’aux révélations de Lance Armstrong, le sport a longtemps peiné à se défaire de sa réputation entachée.

Aujourd’hui, les instances ont renforcé les contrôles et mis en place des mesures strictes de surveillance biologique. Mais les performances extraordinaires de certains champions – Pogacar en tête – continuent d’alimenter les débats. Dans ce climat tendu, la réapparition de Bernard Sainz et ses allusions à des figures majeures du peloton n’ont rien d’anodin.

Malaise et prudence dans le peloton

Pour l’instant, ni Mathieu van der Poel ni Mauro Gianetti n’ont réagi publiquement à ces déclarations. Mais dans les coulisses, l’agacement est palpable. Le simple fait que leur nom soit associé, même indirectement, à une figure aussi décriée que Sainz suffit à réveiller la méfiance des observateurs.

Dans un sport en quête de crédibilité, ces allusions créent un malaise, même si elles ne s’accompagnent d’aucune preuve formelle de pratiques illégales. Car, malgré ses déclarations apaisantes, Bernard Sainz reste un nom associé à des zones grises, des témoignages ambigus et des décennies de soupçons.

L’éternel retour de l’affaire « le docteur Sainz »

L’interview accordée à Ouest-France confirme une chose : même loin des pelotons, Bernard Sainz continue d’exercer une influence trouble sur l’imaginaire du cyclisme. Ses récits, ses demi-aveux et ses démentis fermes brouillent toujours la frontière entre le soin et le soupçon, entre l’accompagnement naturel et le dopage médicalisé.

À l’approche du Tour de France, la prudence est de mise. Le cyclisme professionnel n’a pas besoin de nouvelles zones d’ombre. Et si aucune preuve ne lie Sainz à Pogacar ou à Van der Poel, son seul retour dans le débat suffit à rappeler combien la mémoire du dopage reste vive, et combien l’exemplarité reste fragile.