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Slimani interpelle les binationaux : « On ne choisit pas l’Algérie »

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Dans un podcast aux allures de confession, Islam Slimani, doyen de la sélection algérienne, s’en est vivement pris aux footballeurs binationaux qui affirment avoir « choisi » l’Algérie. Un discours frontal, entre fierté nationale et ressentiment vis-à-vis d’une génération qu’il juge opportuniste.

Islam Slimani réagit sans détour.

À 37 ans, le meilleur buteur de l’histoire des Fennecs a profité de son passage dans le podcast Kampo, animé par le journaliste Smaïl Bouabdellah, pour dire tout haut ce que beaucoup, selon lui, pensent tout bas. Le sujet ? La place des binationaux dans l’équipe nationale algérienne, et cette idée que « choisir » l’Algérie est un acte de volonté personnelle, voire un sacrifice. Un discours que Slimani rejette avec fermeté.

« Tu as choisi d’être Algérien ? Mais tu es qui pour choisir ? On ne choisit pas l’Algérie ! », martèle l’attaquant passé par Leicester, le Sporting Portugal ou encore Lyon. Derrière cette phrase choc, une frustration plus profonde : celle de voir certains joueurs nés à l’étranger, formés en Europe et ayant longtemps hésité entre deux sélections, revendiquer leur « algérianité » au moment de rejoindre les Fennecs, parfois faute d’opportunité ailleurs.

Un discours tranché dans un contexte sensible

L’intervention de Slimani intervient dans un climat déjà chargé autour des sélections binationales. Ces dernières semaines, les cas de Rayan Cherki et Maghnes Akliouche ont mis en lumière la complexité de ces décisions. Courtisés à la fois par la France et l’Algérie, les deux joueurs restent au centre d’un débat passionné, où la double identité devient parfois un objet de suspicion ou d’instrumentalisation.

Pour Slimani, cette hésitation n’a pas lieu d’être : « Si tu es né en France, que tu as grandi en France, que tu as tout fait là-bas… mais joue pour la France ! Pourquoi tu viens chez nous ? » Derrière cette colère se lit aussi une volonté de défendre une certaine idée de la sélection algérienne : celle d’une équipe composée de joueurs attachés viscéralement au pays, qu’ils y soient nés ou non.

Une génération en question

Ce discours tranche nettement avec celui des dernières années, où l’Algérie a largement profité de la richesse de sa diaspora pour renforcer son équipe nationale. Le succès de la CAN 2019, par exemple, doit beaucoup à des joueurs nés hors du pays comme Riyad Mahrez, Youcef Atal ou encore Ramy Bensebaini. Pourtant, pour Slimani, l’essentiel ne réside pas dans le lieu de naissance, mais dans la sincérité de l’engagement.

« Tu ne viens pas ici parce que tu n’as pas eu la France, tu viens parce que tu te sens Algérien profondément », semble être le message sous-jacent. Un avertissement destiné à ceux qui pourraient voir l’Algérie comme un plan B ou une simple étape dans leur carrière.

Une sortie de Slimani qui divise

Sans surprise, les propos de Slimani ont suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux et parmi les supporters. Certains saluent la franchise d’un joueur qui n’a jamais tourné autour du pot et défend une certaine idée du mérite et de la loyauté. D’autres, en revanche, dénoncent une vision trop restrictive, qui ne tient pas compte de la complexité des identités modernes.

En creux, cette polémique révèle les tensions persistantes autour de la binationalité dans le football, particulièrement pour les pays du Maghreb où les sélections nationales doivent composer avec une diaspora nombreuse, talentueuse, mais parfois tiraillée entre deux cultures.

À l’heure où la FFF et la FAF se disputent les promesses de demain, la sortie d’Islam Slimani sonne comme un rappel brutal : pour certains anciens, l’Algérie ne se « choisit » pas, elle se vit. Une position tranchée, à rebours des réalités contemporaines du football, mais qui confirme, une fois encore, que l’amour du maillot reste un sujet brûlant dans les vestiaires comme dans les cœurs.