Révélation du Critérium du Dauphiné, Paul Seixas, 18 ans à peine, a signé une 8e place remarquable. Si le public s’enflamme déjà, Bernard Hinault, figure emblématique du cyclisme français, invite à la prudence face à l’engouement suscité par le jeune coureur de la Decathlon AG2R – La Mondiale.
Paul Seixas attire tous les regards
Le monde du cyclisme n’a d’yeux que pour lui. Paul Seixas, encore inconnu du grand public il y a quelques mois, a bouleversé la hiérarchie sur les routes du Critérium du Dauphiné. En accrochant une 8e place finale dans l’un des tests les plus relevés du calendrier, le Lyonnais de 18 ans s’est imposé comme la nouvelle pépite du cyclisme tricolore. Sa capacité à tenir la roue des meilleurs grimpeurs a déclenché une vague d’enthousiasme qui dépasse déjà les frontières.
Mais si la presse et les supporters s’emballent, certains appellent à garder la tête froide. Bernard Hinault, quintuple vainqueur du Tour de France, est de ceux-là. « Il faut lui laisser du temps, ne pas brûler les étapes. Il a du talent, c’est évident, mais ce n’est pas à 18 ans qu’on fait un Tour de France », a glissé « le Blaireau » ce mercredi, dans un entretien accordé à France Télévisions.
Une montée en puissance inattendue
La performance de Seixas a pris tout le monde de court. Longtemps tenu à l’écart des projecteurs, le jeune grimpeur a profité du Dauphiné pour démontrer l’étendue de son potentiel. Attentif, précis et jamais pris en défaut dans les grands cols, il a terminé devant des noms confirmés du peloton international. La Decathlon AG2R – La Mondiale, qui l’a repéré très tôt, semble avoir misé juste.
Pourtant, Seixas lui-même temporise. Interrogé sur une éventuelle participation au Tour de France, le coureur a coupé court : « Ce n’est pas à l’ordre du jour. Je veux continuer à apprendre, sans griller les étapes. » Une déclaration pleine de maturité, qui contraste avec l’enthousiasme que sa performance a suscité.
L’œil critique de Bernard Hinault
Bernard Hinault, jamais avare en conseils, voit en Seixas une promesse, mais refuse de céder à l’emballement. « On veut toujours trouver un successeur à chaque génération. Mais il faut faire attention. Le cyclisme est un sport d’usure, de constance. Ce qu’il a fait, c’est énorme, mais ce n’est qu’un début. »
Pour l’ancien champion, le danger serait d’en attendre trop, trop vite. La comparaison avec d’autres prodiges comme Pogacar ou Evenepoel, souvent évoquée par les observateurs, n’a pas lieu d’être selon lui. « Chaque coureur a son rythme, son parcours. Il ne faut pas l’écraser avec des attentes démesurées. »
Un avenir à construire pour Paul Seixas
Le programme de Seixas devrait donc rester mesuré. Sa formation prévoit de le faire progresser sur des courses par étapes de niveau intermédiaire, sans précipiter son arrivée sur un grand Tour. Les prochaines étapes de sa saison pourraient passer par le Tour de l’Avenir ou d’autres rendez-vous du calendrier U23, taillés pour affiner son endurance et sa science de course.
Quoi qu’il en soit, la France tient peut-être là un coureur capable de s’inscrire durablement dans le paysage international. Mais comme le rappelle Hinault, il faudra du temps, de la patience, et une gestion à la hauteur de son talent.