À la veille de ses grands débuts officiels à la tête du Real Madrid, Xabi Alonso imprime déjà sa marque sur un vestiaire en quête de repères. Intensité, pressing collectif et participation active aux entraînements : l’Espagnol ne se contente pas de diriger, il incarne sa vision.
Il n’aura fallu que quelques séances d’entraînement pour que la méthode Xabi Alonso infuse au sein du Real Madrid. Nommé entraîneur de la Casa Blanca il y a trois semaines, l’ancien milieu de terrain, révélé au club entre 2009 et 2014, fait ses premiers pas en compétition ce mercredi face à Al Hilal, à la Coupe du monde des clubs 2025. Mais bien avant ce coup d’envoi à Miami, l’ère Alonso a déjà pris forme sur les pelouses du centre d’entraînement de Palm Beach. Entre rigueur, enthousiasme et exigence, les premiers jours du technicien espagnol racontent une volonté claire : transformer une équipe essoufflée en un collectif conquérant.
L’entraîneur qui court au milieu des joueurs
L’image a rapidement fait le tour du camp de base madrilène : crampons aux pieds, Xabi Alonso court avec ses joueurs sous le soleil écrasant de Floride. Dans un Real Madrid habitué à des entraîneurs plus spectateurs qu’acteurs des séances, la présence physique de l’ancien coach de Leverkusen sur le terrain détonne. Il participe aux toros, enchaîne les passes en mouvement et harangue ses joueurs avec une implication qui ravive l’intensité des entraînements. « Il pourrait encore jouer », glisse avec un sourire Brahim Diaz, témoin de cette transition de style.
Ce n’est pas qu’une anecdote ou une posture : Xabi Alonso veut incarner son projet de jeu jusque dans les détails. Il montre, il explique, il s’implique physiquement. En somme, il vit le football avec le même engagement que lorsqu’il portait le maillot merengue. Une manière aussi de briser une certaine distance hiérarchique avec les joueurs, tout en affirmant une autorité naturelle.
Intensité retrouvée, pressing coordonné
Si les dernières semaines de la saison passée avaient vu les séances d’entraînement sombrer dans une forme de routine molle, l’arrivée d’Alonso a rebattu les cartes. Finies les toros nonchalants et les échauffements sans relief : les séances se veulent désormais courtes mais ultra-intensives. Les enchaînements de passes se font à une touche, les transitions sont travaillées avec exigence, et chaque exercice est rythmé par des consignes précises. L’intensité est le mot-clé. Et cela vaut pour tout le monde, y compris les stars de l’effectif.
L’une des priorités affichées du nouveau coach est d’harmoniser les efforts défensifs. « L’équipe doit presser comme une seule unité », répète-t-il à l’envi. Fini le bloc-équipe éparpillé qui a parfois laissé des brèches béantes la saison dernière. Désormais, les distances entre les lignes doivent être maîtrisées, les courses coordonnées, les efforts partagés. Même Kylian Mbappé, récemment arrivé, n’échappe pas à la règle : le pressing commence dès l’attaque.
Nouveau staff, nouvelle énergie
Cette transformation passe aussi par une réorganisation du staff technique. Antonio Pintus, préparateur physique historique du Real, laisse sa place sur le terrain pour se concentrer sur la gestion globale de la performance. C’est Ismael Camenforte, homme de confiance d’Alonso au Bayer Leverkusen, qui prend la main sur la préparation physique. Une nomination qui traduit la volonté de continuité méthodologique entre l’Allemagne et Madrid.
Camenforte impose un rythme soutenu, adapté aux exigences du pressing haut et de la transition rapide. Les joueurs sont prévenus : les prochaines semaines seront éprouvantes. Mais derrière cette rigueur, le staff d’Alonso veut aussi instaurer un climat de confiance, en rompant avec certaines tensions passées. L’objectif est clair : faire du groupe une machine homogène, disciplinée, et surtout affamée.
Premier test sous 32 degrés
Ce mercredi à Miami, le Real Madrid affronte Al Hilal à 15h heure locale, dans une chaleur étouffante avoisinant les 32 degrés. Ce contexte climatique sera un révélateur idéal pour jauger l’impact immédiat de la méthode Alonso. Les courses défensives seront-elles suivies avec rigueur ? Le bloc restera-t-il compact malgré la fatigue ? Autant de questions qui trouveront une première réponse sur la pelouse du Hard Rock Stadium.
Mais au-delà du résultat, c’est déjà l’attitude collective qui sera scrutée de près. Xabi Alonso n’a pas encore dirigé son premier match officiel que son empreinte est déjà perceptible. Il a rallumé l’étincelle dans un groupe qui en manquait, et posé les premières pierres d’un projet ambitieux. Un projet où le Real ne se contentera plus de briller par ses individualités, mais cherchera à imposer sa loi par le collectif.
Une révolution discrète mais ferme
Il est encore trop tôt pour savoir si Xabi Alonso parviendra à hisser le Real Madrid au sommet dès cette saison. Mais une chose est sûre : l’homme a déjà changé l’atmosphère du vestiaire. Là où certains prédécesseurs misaient sur la gestion des ego, lui prône le travail, la proximité et l’exigence. Une révolution tranquille, portée par un entraîneur qui n’a rien perdu de sa vision du jeu.
Avec son sourire en coin et son regard déterminé, Alonso trace sa route. « Demain, le rock and roll commence », a-t-il lancé avant d’affronter Al Hilal. Et si le concert est bien accordé, les Merengue pourraient bientôt danser au rythme d’un chef d’orchestre qui, visiblement, n’a jamais cessé de jouer.