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« J’ai tout entendu » : Inzaghi brise le silence après le fiasco de l’Inter en finale

Hugo Ekitike

Hugo Ekitike

Accusé d’avoir plombé l’Inter Milan avant la gifle historique subie contre le PSG (5-0) en finale de Ligue des champions, Simone Inzaghi contre-attaque. Fraîchement intronisé à la tête d’Al-Hilal, l’Italien nie toute responsabilité et défend un choix de carrière à contre-courant.

Simone Inzaghi n’a pas encore dirigé son premier match avec Al-Hilal qu’il doit déjà faire face à un flot de questions… sur son ancien club. Quelques heures avant d’affronter le Real Madrid à la Coupe du monde des clubs, le technicien italien s’est présenté en conférence de presse dans un climat pesant. En cause : son départ de l’Inter Milan, intervenu dans un timing polémique, juste avant une finale de Ligue des champions catastrophique pour les Nerazzurri, balayés 5-0 par le PSG.

Des rumeurs persistantes ont accusé l’annonce en coulisses de son départ d’avoir semé le doute au sein de son vestiaire, affaibli mentalement avant le choc européen. Une idée que Simone Inzaghi balaye d’un revers de main, tout en prenant soin de soigner sa sortie.

Une finale cauchemardesque dans l’ombre d’un départ

Le 31 mai dernier, l’Inter Milan entrait au Stade de France avec l’ambition de décrocher sa quatrième Ligue des champions. À la place, c’est une humiliation retentissante qui s’est jouée contre le PSG de Luis Enrique, porté par un triplé d’un Mbappé déchaîné. Cinq buts encaissés, aucun tir cadré : la prestation des Milanais a fait scandale de l’autre côté des Alpes.

Très vite, les projecteurs se sont tournés vers Simone Inzaghi, accusé par une partie de la presse italienne d’avoir « abandonné le navire » avant le plus grand rendez-vous de la saison. Son départ pour Al-Hilal, s’il n’avait pas encore été officiellement signé, aurait été acté en coulisses, perturbant les joueurs à quelques jours de la finale. Une thèse que l’ancien coach de la Lazio réfute fermement.

« J’ai tout entendu et tout écouté », a-t-il lancé mardi, en réponse à ces accusations. « Si c’est le prix à payer pour mes quatre années à l’Inter, je suis heureux de le payer. Mais ce n’est rien comparé à ce que j’ai reçu. »

Une sortie maîtrisée, malgré les critiques

Simone Inzaghi a tenu à rappeler l’attachement qui le liait encore à l’Inter. « Je sais que cela va me manquer, que tout va me manquer, même cela. Même les accusations les plus injustes », a-t-il soufflé, visiblement ému. Il assure avoir tout donné, jusqu’au bout : « J’ai travaillé en étroite collaboration avec le club et les dirigeants. Pour le bien de l’Inter, nous étions tous convaincus que c’était la bonne chose à faire, même si cela a été douloureux pour tout le monde. »

Le départ, selon lui, n’a pas eu lieu avant la finale. Il a été « décidé, mais pas signé », comme l’a confirmé Esteve Calzada, directeur général d’Al-Hilal, à la BBC. « Par respect, il nous a demandé d’attendre la fin de la saison. C’est tout à son honneur », a-t-il précisé.

Un virage radical vers l’Arabie saoudite

À 49 ans, Simone Inzaghi entame donc une nouvelle aventure à Al-Hilal, le club phare de la Saudi Pro League, où il succède à Jorge Jesus. Son salaire estimé à 26 millions d’euros par an a fait grincer des dents en Europe, mais l’ancien coach milanais assume pleinement ce virage.

« J’ai accepté le défi. Je suis sorti de ma zone de confort. Je veux changer ma façon de penser, mon style de jeu, essayer de nouvelles choses », a-t-il expliqué. « Il n’y avait pas d’autre club que je voulais entraîner. J’ai choisi Al-Hilal. »

Inzaghi rejoint ainsi la longue liste des entraîneurs et joueurs européens ayant succombé à l’appel des pétrodollars saoudiens. Mais contrairement à d’autres, il semble déterminé à défendre son choix sur le terrain, avec ambition : « Je viens ici pour gagner. Ce n’est pas une retraite dorée. »

L’ombre d’un échec encore présente

Reste que le souvenir de la débâcle contre le PSG continue de hanter l’ancien Nerazzurro. Inzaghi, qui avait déjà perdu une finale de C1 en 2023 contre Manchester City (1-0), quitte l’Inter avec une étiquette d’éternel finaliste malheureux. Malgré deux Coupes d’Italie, trois Supercoupes et une régularité en championnat, son bilan européen laisse un goût d’inachevé.

À Milan, certains observateurs n’ont toujours pas digéré l’ampleur de la déroute contre Paris, ni le timing de son départ. La presse italienne reste divisée : pour certains, Inzaghi a « fui » à l’approche d’un échec annoncé ; pour d’autres, il a simplement été lucide sur un cycle qui touchait à sa fin.

Quoi qu’il en soit, c’est désormais sous le soleil saoudien que l’Italien entend écrire un nouveau chapitre. Reste à savoir s’il saura, cette fois, faire mentir ceux qui le disent incapable de briller dans les grands rendez-vous.