Vainqueur écrasant du Critérium du Dauphiné, Tadej Pogacar semble prêt à conquérir un troisième titre au Tour de France 2025. Pourtant, certaines voix, à contre-courant du consensus, refusent d’en faire le grand favori. Jérôme Pineau, notamment, préfère jouer la carte de la prudence, voire du scepticisme.
Une domination sans partage sur le Dauphiné
Il a écrasé la concurrence. Tadej Pogacar, déjà double vainqueur du Tour de France (2020 et 2021), a survolé le Critérium du Dauphiné 2025, épreuve souvent considérée comme la répétition générale avant la Grande Boucle. À la fois impérial en montagne et solide contre la montre, le Slovène a donné l’impression d’être en avance sur tous les autres prétendants. De quoi impressionner suiveurs et adversaires, à trois semaines du départ du Tour depuis Lille.
Ce succès a renforcé l’idée que le leader de l’équipe UAE Emirates est plus que jamais l’homme à battre. Il semble affûté, sûr de lui, et déterminé à effacer les désillusions du Tour 2022 et de l’édition 2023, où il avait été dominé par Jonas Vingegaard. Après une préparation maîtrisée, Pogacar a rassuré sur son état de forme, avec une régularité frappante et une facilité apparente sur tous les terrains.
Jérôme Pineau, voix dissonante du Tour de France 2025
Pourtant, tous ne sont pas convaincus que le Slovène soit imbattable. Jérôme Pineau, ancien coureur professionnel et désormais consultant pour le podcast RMC Grand Plateau, a surpris en s’écartant du consensus. Là où la majorité des suiveurs désignent Pogacar comme le favori naturel, Pineau a préféré émettre des réserves et miser sur une autre dynamique.
« Je le sens fort, mais je pense que son pic de forme est peut-être arrivé un peu trop tôt », a-t-il glissé au micro. L’ancien coureur du Tour voit dans la domination sur le Dauphiné un potentiel piège : « Gagner si tôt et si fort, c’est aussi prendre le risque de plafonner trop vite. » Un raisonnement qui en dit long sur la crainte de l’usure mentale et physique à l’approche d’une épreuve aussi exigeante que le Tour de France.
Une stratégie de préparation sujette à débat
Ce doute, exprimé par Pineau, est partagé par certains techniciens. S’il est indéniable que Pogacar a impressionné sur une semaine, la question se pose de sa capacité à maintenir ce niveau sur trois semaines, sur des parcours différents, dans des conditions variables et avec une pression constante. Le Tour de France est une autre affaire, avec une intensité médiatique, tactique et physique incomparable.
Jonas Vingegaard, Remco Evenepoel, Primoz Roglic ou encore Carlos Rodríguez seront là pour contester son règne. Tous n’ont pas montré autant que Pogacar ces dernières semaines, mais certains ont fait le choix d’une montée en puissance progressive, misant sur un pic de forme calibré pour la mi-juillet. Jérôme Pineau semble privilégier cette gestion à long terme plutôt qu’une démonstration prématurée.
Pogacar : trop fort, trop tôt ?
Le raisonnement de Pineau est simple : frapper fort au Dauphiné peut faire illusion. Ce fut le cas de certains leaders par le passé, qui, après une préparation flamboyante, se sont écroulés sur la durée du Tour. Sans aller jusqu’à prédire une défaillance, l’ancien coureur considère que l’accumulation d’efforts pourrait se retourner contre Pogacar, surtout si ses rivaux profitent de son exposition pour mieux le contrer tactiquement.
Ajoutons à cela que Pogacar devra affronter un parcours exigeant, avec plusieurs étapes piégeuses dès la première semaine, une haute montagne redoutable, et des rivaux qui n’auront d’autre choix que d’être agressifs. Si le Slovène affiche une forme optimale, il reste néanmoins à confirmer qu’il saura la maintenir jusqu’à Paris.
Le poids des attentes
Enfin, l’immense attente qui entoure Pogacar pourrait jouer un rôle. L’étiquette de favori absolu n’est jamais facile à porter, et peut créer une forme de pression supplémentaire, surtout lorsqu’on est attendu à chaque virage, à chaque col, à chaque attaque. Ses moindres signes de faiblesse seront scrutés, ses stratégies décortiquées.
Jérôme Pineau, en choisissant de ne pas le désigner comme favori, renverse la perspective. Non pas qu’il doute du talent de Pogacar – qu’il qualifie de « génie » – mais il croit dans le facteur imprévisible d’un Tour toujours capable de déjouer les pronostics les plus rationnels.
Un Tour ouvert malgré tout ?
Si Pogacar reste, pour beaucoup, l’homme à battre, le Tour 2025 pourrait bien s’avérer plus ouvert qu’il n’y paraît. Le retour à haut niveau de Vingegaard, les ambitions de Remco Evenepoel ou l’expérience de Roglic constituent autant de menaces crédibles. Quant à l’avis de Jérôme Pineau, il a le mérite de rappeler que le cyclisme n’est pas une science exacte, et que la vérité d’un jour n’est pas toujours celle du lendemain.
L’unanimité n’existe jamais totalement dans le monde du sport. Et c’est peut-être là, entre doutes, paris osés et certitudes apparentes, que se trouve toute la magie du Tour.