Le maintien de Perpignan en Top 14, acquis dans la douleur samedi dernier à Grenoble, a été entaché par de graves incidents au Stade des Alpes. Selon François Rivière, président de l’USAP, plusieurs joueurs catalans ont été pris à partie par des supporters adverses, dans une atmosphère qu’il qualifie de « dangereuse » et « hostile ».
Une victoire dans la tension des incidents au Stade des Alpes
Samedi 14 juin, l’USAP s’est imposée de justesse face à Grenoble (13-11), validant ainsi son maintien en Top 14 au terme d’un match extrêmement disputé. Une performance sportive importante pour les Catalans, venus chercher leur survie dans l’élite du rugby français dans un contexte déjà tendu.
Mais la rencontre a rapidement perdu son caractère festif avec des incidents au Stade des Alpes. Le coup de sifflet final n’a pas sonné la fin du spectacle, mais le début d’un chaos. L’invasion de la pelouse, d’abord encadrée et autorisée pour les supporters catalans par la Ligue nationale de rugby (LNR), a rapidement dégénéré avec l’arrivée de supporters grenoblois, visiblement frustrés et furieux.
Des scènes de violence choquantes
Présent sur place, François Rivière n’a pas mâché ses mots pour qualifier ce qu’il a vécu. « J’ai rarement vu dans ma carrière une hostilité pareille », a-t-il déclaré. « J’ai deux joueurs qui se sont fait poursuivre jusqu’à l’entrée des vestiaires. » Selon lui, ces scènes d’agression se sont déroulées dans une zone censée être sécurisée, aux abords immédiats des vestiaires, où l’accès est normalement restreint au public.
Les témoignages évoquent des jets de projectiles, des insultes et même des bagarres entre supporters et joueurs. L’ambiance s’est visiblement envenimée à une vitesse folle, dans une enceinte censée garantir la sécurité des acteurs du jeu. Les images de confusion circulant depuis l’après-match témoignent de cette tension palpable.
Une défaite amère pour Grenoble
Côté grenoblois, la déception était grande. Après un match serré, où le suspense a été total jusqu’à la dernière minute, le club de Pro D2 n’a pas réussi à décrocher l’accession en Top 14. Ce revers cruel, devant un public bouillant et dans leur propre stade, a sans doute nourri la frustration qui a débordé sur le terrain.
Mais cette frustration n’excuse en rien les débordements qui ont suivi. Si la déception des supporters grenoblois peut être comprise, les incidents rapportés dépassent le cadre de la passion sportive. La LNR et les autorités locales devront probablement se pencher sur les défaillances sécuritaires de cette soirée sous haute tension.
Un appel à la responsabilité face aux incidents au Stade des Alpes
François Rivière, sans accabler nommément le club isérois, a toutefois pointé du doigt l’absence de contrôle suffisant. « Quand on autorise une telle proximité entre supporters et joueurs, il faut être irréprochable en termes de sécurité », a-t-il insisté. Il appelle à une réflexion globale sur l’organisation des matchs à fort enjeu, notamment lorsqu’ils se jouent en terrain potentiellement hostile.
L’USAP, qui revient de loin après une saison éprouvante, entend maintenant tourner la page et préparer l’exercice 2025-2026. Mais le président catalan souhaite que des suites soient données à cet incident, par respect pour l’intégrité de ses joueurs et pour l’image du rugby français.
La LNR saisie de l’affaire
La Ligue nationale de rugby a d’ores et déjà été informée des incidents survenus au stade des Alpes. Une enquête interne a été lancée afin de faire toute la lumière sur la chronologie des événements et sur les éventuelles défaillances du dispositif de sécurité. Des sanctions pourraient être prises, que ce soit à l’encontre du club hôte ou des individus identifiés comme responsables des agressions.
La question de la sécurité dans les stades de rugby, longtemps épargnés par les violences observées dans d’autres sports comme le football, est désormais sur la table. La multiplication des matches à fort enjeu en fin de saison, couplée à la ferveur de certains publics, impose une vigilance renforcée.
Un rugby à préserver
Au-delà du cas spécifique de Perpignan et Grenoble, cet épisode jette une ombre sur les valeurs de respect et de convivialité traditionnellement associées au rugby. Les dirigeants de clubs, comme François Rivière, plaident pour que de telles situations ne deviennent pas monnaie courante, au risque de dégrader profondément l’image de ce sport.
L’USAP, pour sa part, veut se concentrer sur la suite, fière d’avoir conservé sa place parmi l’élite, mais marquée par une soirée qu’elle n’oubliera pas de sitôt. La Ligue, elle, devra tirer les leçons de cette mésaventure pour garantir que le rugby reste un terrain d’expression passionné… mais toujours respectueux.