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Crise des droits TV de Ligue 1 : les clubs de l’Ouest face à l’urgence budgétaire

Vinícius Júnior

Vinícius Júnior

Entre rigueur comptable, paris sur la jeunesse et chasse aux gros salaires, les clubs bretons et ligériens de Ligue 1 resserrent les boulons pour survivre à une intersaison marquée par l’effondrement des revenus télévisés. Brest, Rennes, Nantes, Lorient et Angers se battent chacun avec leurs moyens pour ne pas sombrer.

Brest : la rigueur en Ligue des champions

C’est un paradoxe qui en dit long sur l’état du football français. Le Stade Brestois, qualifié pour la prochaine Ligue des champions, abordera pourtant la saison 2025-2026 avec un budget en baisse. Les revenus issus de la compétition européenne, estimés à 50 millions d’euros, seront en grande partie absorbés par les coûts liés à la participation : logistique, primes, organisation de matchs à Guingamp… Il n’en resterait qu’une vingtaine de millions nets.

Conséquence : le club présidé par Denis Le Saint prévoit un budget autour de 30 à 35 millions d’euros, contre 45 millions la saison passée. La masse salariale sera réduite et l’effectif limité à 23 ou 25 joueurs. « Il n’y aura pas de transferts payants », a prévenu Grégory Lorenzi, le directeur sportif. Brest s’orientera vers des joueurs libres ou des prêts, fidèle à sa philosophie de prudence. Une gestion austère, mais qui a permis au club de passer sans encombre l’examen de la DNCG.

Angers : la descente aux enfers et l’aveu d’échec

Du côté du SCO, la situation est plus préoccupante encore. En grande difficulté financière, Angers vise un budget de 25 millions d’euros – contre près de 40 l’année dernière – et une réduction drastique de la masse salariale, de 25 à 14 millions. Said Chabane, propriétaire du club, ne cache pas que des erreurs ont été commises : « On a surpayé des joueurs, surtout des joueurs moyens. Il faut arrêter de faire n’importe quoi. »

Pour survivre, le club angevin compte sur deux ventes majeures dès cet été. Himad Abdelli et Yahia Fofana ont un bon de sortie. Une bouffée d’air viendra aussi de Manchester City, via un mécanisme de solidarité sur le transfert de Rayan Aït-Nouri, qui pourrait rapporter 11,5 millions d’euros sur quatre ans. De quoi soulager, temporairement, une trésorerie à bout de souffle.

Lorient : dégraissage massif et stratégie low-cost

De retour en Ligue 1 après un an d’exil, le FC Lorient n’a pas prévu de faire des folies. Le club morbihannais espère reconduire un budget équivalent à celui de la saison dernière (55 millions d’euros), mais doit d’abord alléger sa masse salariale. Plusieurs gros salaires comme Bamba Dieng, Jean-Victor Makengo ou Isaak Touré sont poussés vers la sortie.

Le recrutement, lui, se concentrera sur des profils jeunes et prometteurs, essentiellement sous forme de prêts. L’objectif : bâtir un effectif compétitif à moindre coût, sans grever les finances. Un pari risqué, mais devenu inévitable dans ce contexte de raréfaction des ressources.

Nantes : retour aux sources et plafonnement salarial

À Nantes, la crise pousse à une forme de révolution culturelle. Waldemar Kita, souvent critiqué pour sa gestion, a esquissé un virage dans le communiqué annonçant le départ d’Antoine Kombouaré : retour à la formation, valorisation du jeu offensif, et réduction des dépenses. Un discours qui évoque les grandes heures des Canaris, même si sa mise en œuvre reste à prouver.

Le club table sur un budget de 80 millions d’euros, mais avec 40 millions injectés par Kita lui-même, et autant espérés par les ventes. Plusieurs joueurs sont sur le marché : Nathan Zézé, Douglas Augusto, Alban Lafont ou Moses Simon. Quant à Mathis Abline, courtisé par l’OM, Kita prévient : « Il ne partira que si on nous paie une fortune, 50 millions d’euros. »

La grille salariale sera revue à la baisse, avec des recrues plafonnées à 50.000 euros mensuels. Une rareté dans l’élite, qui montre l’ampleur du tournant budgétaire pris à la Beaujoire.

Rennes : vendre pour survivre

Enfin, à Rennes, l’absence de Coupe d’Europe et l’incertitude sur les droits TV forcent à une cure d’austérité. Le club breton, soutenu par la famille Pinault, dispose encore de solides garanties, mais doit combler un trou estimé à 30 millions d’euros. Le budget, qui flirtait avec les 100 millions d’euros, pourrait tomber sous les 80.

Le Stade Rennais a déjà lancé son opération dégraissage : Lorenz Assignon (15 M€ à Stuttgart) et Adrien Truffert (15 M€ à Bournemouth) sont partis, tout comme Désiré Doué, dont les bonus rapporteraient près de 10 millions. D’autres ventes sont attendues, notamment celle d’Arnaud Kalimuendo, estimée à 25 millions.

Rennes doit également réduire un effectif pléthorique de près de 40 joueurs à 25. Le chantier est titanesque, entre retours de prêts, jeunes à valoriser et indésirables à transférer. Loïc Désiré, nouveau directeur sportif, a du pain sur la planche.

Un été de tous les dangers

Dans l’Ouest comme ailleurs en Ligue 1, les clubs n’ont plus le choix : la rigueur s’impose. Les recettes baissent, les dépenses doivent suivre. L’époque des recrutements flamboyants est révolue. Place à l’ingéniosité, à la formation et à l’austérité. Car cette intersaison pourrait bien décider de la survie, ou non, de plusieurs projets sportifs.