À quelques jours du coup d’envoi de la Coupe du monde des clubs 2025 aux États-Unis, Bruno Henrique, figure emblématique de Flamengo, est au cœur d’une affaire de paris truqués. L’attaquant de 34 ans est accusé d’avoir volontairement pris un carton jaune dans un match de championnat afin de permettre à des proches de toucher des gains illicites. Une affaire qui fragilise l’image du club carioca et soulève de nouvelles inquiétudes autour de l’intégrité du football brésilien.
Un avertissement devenu suspect
L’affaire remonte à un match de championnat disputé en novembre 2023 entre Flamengo et Santos. Ce soir-là, Bruno Henrique reçoit un carton jaune anodin en apparence, pour contestation auprès de l’arbitre. Un geste apparemment banal, mais qui attire l’attention des autorités sportives plusieurs mois plus tard, à la suite d’une enquête plus large sur des pratiques de paris douteux au sein du football brésilien.
Ce carton jaune, loin d’être le fruit du hasard, aurait été prémédité dans le but de répondre à des paris en ligne placés par des membres de son entourage. L’accusation repose sur des échanges retrouvés sur les téléphones de ses proches, évoquant le moment précis du carton, ainsi que sur la chronologie des mises réalisées la veille du match.
Un réseau familial dans la ligne de mire
Ce qui inquiète le plus les enquêteurs, c’est l’implication supposée de plusieurs proches du joueur. Son frère, sa belle-sœur et une cousine auraient créé des comptes sur un site de paris sportifs quelques heures avant la rencontre. Tous auraient misé sur le fait que Bruno Henrique recevrait un avertissement au cours du match.
Des messages explicites, échangés entre le joueur et son frère, ont été versés au dossier. Dans l’un d’eux, ce dernier lui aurait demandé de l’informer « quand il prendrait son troisième jaune », ce à quoi l’attaquant aurait simplement répondu : « contre Santos ». Un élément jugé accablant par le parquet, qui a officiellement inculpé Bruno Henrique pour fraude sportive et escroquerie.
Flamengo dans l’embarras à l’approche du Mondial des clubs
Cette affaire survient au plus mauvais moment pour Flamengo, engagé dans la préparation de la Coupe du monde des clubs, qui se disputera aux États-Unis du 15 juin au 13 juillet. L’équipe brésilienne, qualifiée en tant que championne de la Copa Libertadores 2022, espérait briller sur la scène internationale. Mais l’inculpation de l’un de ses cadres jette une ombre sur cette échéance majeure.
Pour l’heure, le club n’a pris aucune mesure disciplinaire à l’encontre de Bruno Henrique, qui s’entraîne normalement avec ses coéquipiers. Dans un bref communiqué, la direction du club a exprimé sa « confiance » en son joueur et assuré « collaborer pleinement avec les autorités compétentes ». Mais en coulisses, l’inquiétude grandit. Un retrait de dernière minute ou une suspension provisoire pourrait bouleverser les plans de l’entraîneur et déstabiliser l’effectif.
Une décision attendue sous quinze jours
L’enquête a été confiée au Tribunal supérieur de justice sportive du Brésil (STJD), qui dispose de quinze jours pour statuer, avec possibilité d’étendre le délai à trente jours. Si les charges sont confirmées, Bruno Henrique risque une suspension allant de plusieurs mois à plusieurs années, voire une peine de prison selon les lois en vigueur sur la manipulation de compétitions sportives.
En attendant, l’attaquant bénéficie toujours de la présomption d’innocence. Aucun aveu n’a été formulé, et ses avocats affirment qu’il « réfute catégoriquement toute implication dans une quelconque manipulation ». Toutefois, l’accumulation de preuves rend sa défense délicate, surtout face à la pression médiatique croissante.
Un nouveau coup dur pour le football brésilien
Ce scandale n’est pas un cas isolé. Depuis deux ans, le football brésilien est régulièrement ébranlé par des affaires de ce type. En 2023, plusieurs joueurs avaient déjà été suspendus pour des faits similaires, dans des divisions inférieures comme en Serie A. La prolifération des paris sportifs en ligne, combinée à l’absence de contrôles rigoureux, semble avoir favorisé l’émergence de pratiques douteuses.
Les autorités brésiliennes appellent désormais à un renforcement du cadre légal et à une coopération plus étroite entre les fédérations, les clubs et les opérateurs de paris. Ce dossier Bruno Henrique pourrait bien devenir un exemple symbolique, utilisé pour redonner un signal d’alerte fort au sein du monde du football sud-américain.
Un climat tendu avant la compétition
La Coupe du monde des clubs devait marquer une vitrine pour Flamengo, club mythique du continent sud-américain. Mais cette affaire ternit l’image de l’équipe à la veille d’un rendez-vous mondial. Quelles que soient les suites judiciaires, le mal est fait : la suspicion plane, la préparation est perturbée, et le nom de Bruno Henrique restera associé à l’un des scandales majeurs de l’année.
Alors que la justice doit encore trancher, le football brésilien est à nouveau confronté à ses vieux démons. Reste à savoir si les instances sauront prendre des mesures efficaces pour protéger l’intégrité du jeu et restaurer la confiance des supporters.