Actualités Rugby Une

MHR : Mohed Altrad menace de quitter le stade Du Manoir

Lebel

Lebel

Le président du Montpellier Hérault Rugby (MHR), Mohed Altrad, ne cache plus son exaspération. Face à ce qu’il juge être un immobilisme de la municipalité, il brandit la menace d’un départ du stade Du Manoir, dénonçant des infrastructures obsolètes et une politique municipale hostile au sport de haut niveau.

Un divorce de plus en plus inévitable ?

C’est un avertissement qui sonne comme un ultimatum. Lors d’une conférence de presse tenue mardi, Mohed Altrad, président du Montpellier Hérault Rugby (MHR), a déclaré être prêt à quitter le stade Du Manoir, actuel fief de son club, en raison de l’état jugé déplorable des installations. « Quand on a fait le stade en 2007, il était au top. Aujourd’hui, on est avant-dernier selon une enquête de L’Équipe« , a-t-il déploré, évoquant un retard criant par rapport aux standards du rugby professionnel.

Face à ce qu’il perçoit comme un manque d’investissement et de vision de la part des autorités locales, Altrad envisage désormais des solutions radicales, parmi lesquelles une délocalisation temporaire des matchs du MHR, voire la construction d’un tout nouveau stade. Il évoque même la possibilité de disputer les rencontres à Béziers, ville voisine où le MHR a déjà joué à deux reprises cet hiver, en raison de l’état impraticable de la pelouse de Du Manoir.

Une guerre ouverte entre le MHR et la mairie

Cette sortie médiatique s’inscrit dans un conflit plus large et plus ancien entre Mohed Altrad et la municipalité, dirigée par Michaël Delafosse. L’homme d’affaires, qui a tenté de racheter le complexe Du Manoir à la mairie depuis plusieurs années, se heurte à un refus constant. Ni Philippe Saurel, ancien maire, ni son successeur Delafosse n’ont donné suite à ses propositions. Le ton est désormais monté d’un cran. “On a l’impression que Delafosse veut tuer le sport”, accuse Altrad, en référence à ce qu’il considère comme un abandon général des disciplines majeures à Montpellier.

Il prend pour exemple la situation du club de handball, en attente depuis des années d’une salle moderne, ou encore celle du Montpellier Hérault SC, dont le président Laurent Nicollin plaide lui aussi pour un nouveau stade. “Ils ont tué le foot, ils flinguent le hand maintenant”, martèle Altrad, qui fait de la politique sportive locale un véritable enjeu de gouvernance.

Une menace d’envergure

Altrad ne se contente pas de critiques. Il met sur la table un projet concret : investir jusqu’à 200 millions d’euros dans un nouveau stade. Une somme colossale qui témoigne de sa détermination à faire évoluer son club loin du cadre municipal actuel. “Je laisse le temps aux gouvernants de Montpellier pour savoir comment ils réagissent”, a-t-il lancé, tout en affirmant qu’il n’hésiterait pas à aller de l’avant si aucune solution n’est trouvée.

La possibilité d’un départ définitif du stade Du Manoir n’est donc plus une simple hypothèse. Et le patron du MHR est allé encore plus loin dans ses déclarations, suggérant même qu’il pourrait un jour “arrêter le rugby” si la situation venait à stagner. Derrière cette déclaration, le message est clair : l’engagement d’Altrad ne sera pas éternel, surtout s’il se heurte à l’inertie des institutions locales.

Une tension politique en toile de fond

L’affrontement entre Altrad et Delafosse dépasse le cadre sportif. L’industriel avait lui-même été candidat aux élections municipales de 2020, terminant deuxième derrière le socialiste Michaël Delafosse, vainqueur au second tour. Depuis, les relations entre les deux hommes se sont considérablement tendues. Le président du MHR estime ne pas être écouté ni respecté, malgré son implication financière et humaine dans le sport montpelliérain.

Ce climat délétère compromet sérieusement la possibilité d’un dialogue constructif entre le club et la mairie. Et avec la Coupe du monde de rugby organisée en France en 2027, Montpellier risque de passer à côté d’une dynamique nationale si les infrastructures ne sont pas modernisées à temps.

Vers une fracture irréversible entre le MHR et la municipalité ?

Pour les supporters du MHR et les observateurs du rugby français, l’avenir du club dans son stade historique est désormais incertain. Le stade Du Manoir, inauguré en 2007, était alors une référence. Dix-sept ans plus tard, il apparaît dépassé, tant en termes d’accueil que de qualité de jeu. Le temps presse, et les tensions s’accumulent.

Mohed Altrad, en patron déterminé, affirme vouloir bâtir un projet à la hauteur de ses ambitions. Mais face à une municipalité inflexible, il pourrait être contraint de le faire loin de Montpellier. Le bras de fer est engagé, et il pourrait bien redessiner durablement le paysage sportif de la ville.