Avec un excédent trois fois supérieur aux prévisions initiales, les Jeux olympiques de Paris 2024 réussissent leur sortie en beauté. Un pactole de 76 millions d’euros sera entièrement réinvesti dans le sport, en France comme à l’international.
Paris n’a pas seulement brillé sur les pistes, les bassins et les stades. Les Jeux olympiques 2024 entrent aussi dans l’histoire pour leur réussite budgétaire. Annoncé ce mardi sur RMC par Michaël Aloïsio, directeur général délégué du comité d’organisation (Cojo), l’excédent budgétaire des Jeux atteint 76 millions d’euros — soit trois fois plus que prévu en décembre 2024. Une performance rare dans l’histoire olympique, et surtout une aubaine pour les acteurs du sport, qui vont pouvoir bénéficier d’un coup de pouce bienvenu pour prolonger l’héritage des Jeux.
Une gestion rigoureuse, un excédent inattendu
Dès le départ, l’ambition de Paris 2024 était claire : organiser des Jeux spectaculaires, mais sans excès ni dérapage budgétaire. Contrairement à de nombreuses éditions passées, souvent marquées par des dépassements massifs, le Cojo avait pris soin d’anticiper d’éventuels litiges et retards de facturation. « Nous avions prévu des provisions importantes pour couvrir tous les imprévus liés aux 3.000 fournisseurs directs et 5.000 prestataires avec sous-traitants », explique Michaël Aloïsio. Résultat : ces sommes n’ayant finalement pas été nécessaires, elles sont aujourd’hui réinjectées dans le budget global.
La date du 30 juin 2025, qui marquera la dissolution officielle du comité d’organisation, permettra de finaliser les derniers ajustements comptables. Mais d’ores et déjà, les chiffres sont clairs : 76 millions d’euros d’excédent, qui pourraient même légèrement augmenter.
80 % pour le sport en France
L’argent récolté ne sera pas englouti dans des dépenses administratives ou institutionnelles : il servira directement à soutenir des projets sportifs. Selon Michaël Aloïsio, 80 % de l’excédent seront dédiés à des initiatives sportives sur le territoire français. Ces fonds seront répartis entre plusieurs acteurs : le fonds de dotation Paris 2024 (60 %), qui réunit notamment le CNOSF, la Ville de Paris, l’État, la Région Île-de-France et la Métropole du Grand Paris ; le CNOSF lui-même (20 %) ; et le Comité international olympique (CIO), qui gérera les 20 % restants à l’échelle internationale.
Ces ressources seront pilotées par les anciens membres du bureau de Paris 2024, désormais chargés d’identifier et de soutenir les projets les plus porteurs. Parmi les axes prioritaires : l’activité physique dans les écoles, l’apprentissage de la natation ou encore le développement du sport paralympique.
L’héritage des Jeux prolongé
Le retour de la vasque olympique aux Tuileries du 21 juin au 14 septembre en est l’un des symboles : l’esprit des Jeux va continuer à vivre à Paris et dans toute la France. Grâce à ces fonds, plusieurs programmes initiés en amont ou pendant les JO vont pouvoir se poursuivre, voire s’étendre.
Parmi eux, le programme Savoir Nager, qui a permis à de nombreux enfants de Seine-Saint-Denis d’apprendre à nager, sera pérennisé. Le dispositif des 30 minutes d’activité physique quotidiennes à l’école — expérimenté pendant les Jeux — sera également reconduit, tout comme la Journée paralympique, appelée à devenir un événement annuel majeur. Autant d’initiatives qui témoignent de la volonté du Cojo de faire des JO un tremplin durable pour l’activité physique et le sport inclusif.
Accompagner les athlètes après les Jeux
Autre volet important de la redistribution : le soutien aux athlètes. Si certains champions repartent des Jeux avec une notoriété immédiate, d’autres peinent à trouver des partenaires ou à valoriser leur performance dans la durée. Une part de l’excédent sera donc allouée à des programmes d’accompagnement post-JO. L’objectif : éviter que des talents olympiques se retrouvent isolés ou en difficulté financière après avoir porté haut les couleurs de la France.
En ciblant cette population souvent vulnérable une fois la lumière retombée, Paris 2024 entend répondre à une critique fréquente adressée au monde sportif : le manque de suivi des athlètes une fois les compétitions terminées.
Un fonds pour l’avenir et les Jeux d’hiver
À travers son fonds de dotation, Paris 2024 veut inscrire cette gestion excédentaire dans une logique de long terme. Des discussions sont d’ores et déjà en cours avec le CIO pour utiliser une partie des fonds dans le cadre de l’héritage des Jeux olympiques d’hiver des Alpes 2030, que la France accueillera à nouveau. Une continuité stratégique qui pourrait permettre de capitaliser sur le succès de 2024 pour poser les bases d’une nouvelle réussite, hivernale cette fois.
Une réussite rare et exemplaire
En conclusion, les 76 millions d’euros de bénéfices générés par Paris 2024 symbolisent plus qu’un simple succès financier. Ils incarnent un changement de paradigme dans l’organisation des grands événements sportifs : sobriété, rigueur, et bénéfices réinjectés dans l’intérêt général. Une réussite dont pourront se féliciter, à juste titre, les organisateurs comme les citoyens.
Et pour une fois, la fête ne s’est pas arrêtée à la cérémonie de clôture. Elle pourrait même ne faire que commencer.