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Roland-Garros 2025 : Alcaraz-Sinner, une finale pour l’éternité ?

Zverev

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Au terme d’un bras de fer long de 5h29, Carlos Alcaraz a dompté Jannik Sinner dans une finale de Roland-Garros déjà légendaire. Remontée spectaculaire, niveau de jeu stratosphérique, intensité physique et émotionnelle rare : faut-il la classer parmi les plus grands matchs de l’histoire du Grand Chelem ?

Carlos Alcaraz a frappé un immense coup. En battant Jannik Sinner en cinq sets après avoir été mené deux manches à rien et en ayant sauvé trois balles de match, l’Espagnol a ajouté une pépite à sa collection déjà brillante de moments de légende. Cette victoire, à la fois spectaculaire dans le contenu et héroïque dans la forme, s’inscrit dans la lignée des plus grandes finales de l’ère moderne. Mais peut-on déjà lui attribuer une place dans le Panthéon du tennis ?

Un scénario dantesque, une dramaturgie parfaite

Si le tennis est souvent comparé à une tragédie grecque, la finale masculine de Roland-Garros 2025 en a parfaitement épousé la structure. Tout y était : un héros en chute libre (Alcaraz, mené deux sets à zéro), des balles de match à sauver, un renversement de situation improbable, un adversaire impitoyable en apparence mais profondément humain dans la défaite.

C’est ce mélange d’émotion et de tension, de beauté et de cruauté, qui fait les grands matchs. Et celui-ci, par son épaisseur narrative, n’a rien à envier aux classiques du passé. Il s’agit d’ailleurs de la plus longue finale de l’histoire de Roland-Garros. Un fait marquant à l’ère des formats raccourcis.

Un niveau de jeu exceptionnel, du premier au dernier point

Le suspense ne suffirait pas à faire entrer ce match dans l’histoire sans la qualité de jeu déployée par les deux protagonistes. Du coup droit foudroyant de Sinner aux passings ciselés d’Alcaraz, en passant par les échanges de plus de 30 frappes, le niveau technique et tactique a souvent frisé la perfection.

Fabrice Santoro, qui commentait la rencontre pour Prime Video, l’a résumé avec justesse : « Pour une finale comme ça, il faut tout. Le public, deux grands joueurs, des rebondissements, du fair-play. » Un cocktail rare, qui transcende les chiffres et les statistiques.

Et pourtant, les chiffres aussi parlent pour cette finale : 5h29 de jeu, plus de 200 coups gagnants cumulés, une intensité constante même dans le cinquième set. Une endurance mentale et physique qui renvoie aux plus grandes batailles de l’histoire.

Une rivalité en devenir

Cette finale a marqué le premier affrontement entre Carlos Alcaraz et Jannik Sinner en finale de Grand Chelem. Mais il est probable que ce ne soit pas le dernier. Car cette rivalité, qui monte en puissance depuis plusieurs années, semble destinée à prendre le relais du Big Three.

Sinner l’a d’ailleurs souligné en conférence de presse : « Chaque rivalité est différente. Mais c’est bien de voir qu’on peut produire du tennis comme ça. » Une manière humble et lucide de dire que cette finale dépasse leurs deux individualités. Elle s’inscrit dans une nouvelle ère du tennis masculin.

Et si Wimbledon 2025, dans quelques semaines, devait les réunir à nouveau sur la plus grande scène, leur opposition pourrait devenir le fil rouge d’une décennie. Ce duel a les ingrédients des grandes sagas : complémentarité de styles, respect mutuel, jeunesse, charisme.

Où la situer dans l’histoire du tennis ?

Comparer les matchs à travers les époques reste un exercice périlleux. Mais certains repères permettent de dégager une hiérarchie parmi les plus grandes finales de l’ère Open :

  • Nadal-Djokovic, Open d’Australie 2012 : 5h53 de combat entre deux des plus grands, au sommet de leur art. Alcaraz lui-même cite cette finale comme référence.

  • Federer-Nadal, Wimbledon 2008 : la plus belle finale de l’histoire pour beaucoup, jouée à la lumière déclinante, dans une tension palpable.

  • Djokovic-Federer, Wimbledon 2019 : 4h57, deux balles de match sauvées par Djokovic, un niveau de jeu incroyable.

La finale Alcaraz-Sinner de 2025 n’a peut-être pas encore la même densité historique. Mais elle en a les caractéristiques : longueur, intensité, dramaturgie, qualité de jeu et poids symbolique (changement de génération, avènement d’une nouvelle rivalité).

Elle mérite donc déjà une place dans le Top 10 des plus grandes finales de Grand Chelem, et pourrait, avec le recul des années, grimper encore plus haut si elle marque le début d’un cycle mythique entre ces deux champions.

Alcaraz, l’héritier naturel

En remportant son cinquième Majeur, son deuxième à Paris, Carlos Alcaraz confirme son statut de patron du circuit. Invaincu en finale de Grand Chelem, capable de gagner sur toutes les surfaces, il impose une domination précoce qui rappelle celle de Nadal.

Mais il y ajoute une touche unique : cette capacité à transformer un match mal engagé en chef-d’œuvre de résilience. Contre Sinner, il ne s’est jamais écroulé. Il a trouvé des ressources mentales hors normes. Et c’est cela, plus que les coups gagnants, qui fait les champions historiques.

Une finale qui redonne foi en l’avenir du tennis

Alors que beaucoup s’interrogeaient sur l’avenir du tennis masculin après l’ère Federer-Nadal-Djokovic, cette finale vient balayer les doutes. Le tennis est entre de bonnes mains. Des jeunes joueurs talentueux, travailleurs, respectueux, capables de livrer des batailles inoubliables sur les plus grandes scènes.

Cette finale Alcaraz-Sinner n’est pas seulement un sommet de tennis. C’est un symbole de transition réussie. Et une promesse d’avenir. Oui, elle a sa place dans le Panthéon. Peut-être pas tout en haut pour l’instant. Mais elle y est. Solidement.