Personne ne l’attendait, et pourtant elle a fait trembler le gratin mondial. Loïs Boisson, 361e au début du tournoi, a signé un parcours sensationnel à Roland-Garros jusqu’en demi-finales. Une performance exceptionnelle qui lui permet de grimper de 296 rangs pour atteindre la 65e place mondiale. Un tremblement de terre dans le tennis féminin français.
Il y a des histoires que seul le sport peut écrire. Et celle de Loïs Boisson à Roland-Garros 2025 entre déjà dans la légende. Invitée surprise du tableau principal, la Française de 22 ans a transformé ce qui devait être une parenthèse enchantée en épopée renversante. Une ascension fulgurante qui secoue le tennis féminin mondial… et offre à la France une nouvelle étoile.
Une wild-card, une blessure, et une renaissance
Il y a un an à peine, Loïs Boisson subissait une lourde opération des ligaments croisés du genou gauche. La suite d’un parcours miné par les blessures, mais aussi traversé d’éclairs de talent. En mai 2025, elle est classée 361e mondiale, hors des radars médiatiques et loin des têtes de série. Sa wild-card à Roland-Garros, attribuée par la FFT, avait des allures de pari.
Mais dès le premier tour, Boisson donne le ton : jeu agressif, tempérament de feu, relâchement total. Match après match, elle gagne en confiance et fait tomber des joueuses bien mieux classées, jusqu’à créer l’exploit en huitièmes de finale contre Jessica Pegula, alors numéro 3 mondiale, puis en quarts contre Mirra Andreeva (6e mondiale).
Le rêve s’arrête en demi-finale, face à la reine Gauff
C’est finalement en demi-finale que la belle aventure s’arrête. Et face à une joueuse qui connaît bien la pression des projecteurs : Coco Gauff, future lauréate du tournoi. Si Boisson s’incline en deux sets (6-3, 7-6), elle sort la tête haute après un match disputé, où elle a même eu des balles de set dans la deuxième manche.
Le public de Roland-Garros, conquis, scande son nom. Et le monde du tennis découvre une nouvelle figure : lointaine de la jeune prodige formatée, Boisson s’impose comme une joueuse instinctive, accrocheuse, capable de produire un tennis imprévisible et percutant. Une tornade bleue sur la terre battue parisienne.
+296 places : une ascension vertigineuse au classement WTA
Le classement WTA publié ce lundi reflète l’ampleur du séisme : Loïs Boisson grimpe de la 361e à la 65e place mondiale, soit un bond de 296 rangs. Un cas rare dans l’histoire du tennis moderne. En une quinzaine, elle a fait oublier les années de galère, les tournois ITF anonymes et les semaines passées à courir les points dans l’ombre.
Cette 65e place lui ouvre désormais les portes des tableaux principaux des plus grands tournois, sans passer par les qualifications ni attendre d’invitations. C’est un changement de vie brutal, mais mérité. Et une belle promesse pour la suite de la saison, avec Wimbledon qui approche à grands pas.
Le top 10 mondial bousculé
Cette édition de Roland-Garros a aussi rebattu les cartes du top 10 WTA. Aryna Sabalenka, finaliste battue par Gauff, reste numéro 1 avec 11.553 points. Coco Gauff, désormais double vainqueure en Grand Chelem, se maintient à la deuxième place (8.083 points), consolidant son statut de nouvelle patronne du circuit.
Derrière, on note la progression fulgurante de Zheng Qinwen, désormais 5e mondiale grâce à ses quarts de finale. Iga Swiatek, elle, continue de dégringoler. Battue en demi-finale par Sabalenka, la Polonaise paie ses résultats en dents de scie et surtout sa suspension de fin 2024, liée à un contrôle antidopage positif. Elle glisse à la 7e place (4.618 points), son plus mauvais classement depuis 2019.
Une aubaine pour le tennis français
Cela faisait longtemps qu’une joueuse tricolore n’avait pas autant fait vibrer Roland-Garros. Depuis les belles années de Marion Bartoli ou Amélie Mauresmo, la France attendait une nouvelle figure capable de bousculer les meilleures. Avec Loïs Boisson, c’est peut-être plus qu’une éclaircie : une révélation durable.
Son parcours a déjà inspiré. Sur les réseaux sociaux, des messages de soutien affluent, y compris d’anciennes légendes comme Mary Pierce ou Tatiana Golovin. Même Alizé Cornet, récemment retraitée, s’est fendue d’un message touchant :
« Loïs, tu as allumé une flamme. Merci pour cette quinzaine magique. »
La FFT aussi se réjouit de ce regain de notoriété et espère capitaliser sur cet engouement pour relancer la dynamique du tennis féminin en France.
Et maintenant, que peut-elle viser ?
Loïs Boisson ne sera plus jamais une inconnue sur le circuit. Mais la difficulté commence maintenant : confirmer, gérer cette nouvelle notoriété, adapter son calendrier à son nouveau statut. Wimbledon arrive dans trois semaines, et elle y participera directement dans le tableau principal, probablement en tant que tête de série si elle continue sur cette lancée dans les tournois intermédiaires.
Sur gazon, son jeu agressif et son relâchement naturel pourraient surprendre. Mais ce sera aussi un nouveau défi physique, dans une saison déjà riche en émotions. Son entraîneur, très discret depuis le début du tournoi, a simplement glissé :
« On prend match après match. Mais elle a compris qu’elle peut rivaliser avec les meilleures. »
Un tremplin vers l’avenir
Quelle que soit la suite, Loïs Boisson a marqué Roland-Garros 2025 de son empreinte. Plus qu’un exploit, elle a redonné foi en une relève française que l’on n’osait plus espérer. Une étoile filante ? Peut-être. Mais si elle parvient à construire autour de ce succès, à progresser sans se brûler, alors cette demi-finale ne sera qu’un point de départ.
Et le tennis féminin, toujours en quête de figures singulières, pourrait bien tenir avec elle une nouvelle héroïne à suivre de très près.