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Imane Khelif : exclue du tournoi d’Eindhoven

UFC 316

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Imane Khelif, championne olympique à Paris en 2024 dans la catégorie des -66 kg, ne participera pas à l’Eindhoven Box Cup, prévu du 5 au 10 juin 2025. Cette exclusion n’est pas liée à une blessure ou à un forfait sportif, mais à l’entrée en vigueur d’un nouveau règlement de World Boxing, qui impose à toutes les athlètes féminines un test génétique afin de détecter la présence du chromosome Y. Les boxeuses doivent désormais présenter un caryotype XX pour pouvoir concourir dans la catégorie féminine.

Face à cette exigence, Khelif n’a pas finalisé son inscription. Sans avoir subi le test requis, elle ne répond donc plus aux conditions d’éligibilité. Cette règle, que World Boxing justifie par un souci d’équité et de sécurité dans un sport de contact, crée néanmoins une onde de choc, notamment dans les milieux militants et sportifs qui dénoncent une mesure discriminatoire.

Un passé déjà marqué par la controverse

Ce n’est pas la première fois qu’Imane Khelif se trouve au centre d’un débat sur les questions de genre. En 2023, elle avait été écartée des Championnats du monde de boxe à New Delhi en raison d’un profil génétique considéré comme non conforme aux critères fixés pour les compétitions féminines. Les analyses révélaient alors la présence de caractéristiques masculines, notamment le chromosome Y.

Cependant, lors des Jeux olympiques de Paris 2024, Khelif avait été autorisée à participer par le Comité international olympique (CIO). L’instance s’était appuyée sur son passeport mentionnant le sexe féminin et avait rappelé que chaque fédération est libre de fixer ses critères d’admission. La boxeuse avait remporté l’or, suscitant à la fois admiration et polémiques, notamment sur les réseaux sociaux.

Soutiens à Imane Khelif et critiques

L’annonce de l’exclusion d’Imane Khelif du tournoi d’Eindhoven a déclenché une vague de réactions. Le maire de la ville hôte s’est opposé publiquement à la mesure de World Boxing, dénonçant une politique de stigmatisation des athlètes intersexes. Il a appelé les organisateurs à reconsidérer leur position et à permettre à la boxeuse de concourir.

En Algérie, cette décision a été vécue comme une humiliation injuste à l’encontre d’une athlète devenue une figure nationale. De nombreuses personnalités politiques et sportives ont exprimé leur solidarité, affirmant que Khelif est pleinement légitime à combattre dans la catégorie féminine. Pour beaucoup, ces controverses seraient motivées par des considérations extra-sportives, mêlant géopolitique, sexisme et préjugés raciaux.

L’ombre du cyberharcèlement et une riposte judiciaire pour Imane Khelif

Depuis l’annonce de son exclusion, Imane Khelif fait également face à un acharnement médiatique sur les réseaux sociaux. Des figures publiques, dont certains milliardaires et écrivains, ont commenté son cas en mettant en doute son identité de genre. Face à ce qu’elle considère comme du harcèlement, la boxeuse a décidé de porter plainte pour diffamation et atteinte à la vie privée.

Son avocat affirme vouloir aller jusqu’au bout pour obtenir réparation et espère ouvrir un débat international sur la violence numérique envers les athlètes intersexes ou transgenres. Khelif, de son côté, ne se laisse pas abattre. Elle déclare vouloir défendre ses droits avec la même détermination que celle qu’elle affiche sur le ring.

Une ligne de fracture dans le sport de haut niveau

Le cas d’Imane Khelif remet en lumière une problématique récurrente dans le sport : comment concilier inclusion, équité et sécurité dans les compétitions féminines ? De nombreux cas similaires ont déjà fait émerger des tensions, notamment celui de la coureuse sud-africaine Caster Semenya ou d’autres athlètes DSD (différences du développement sexuel).

Les fédérations se trouvent souvent tiraillées entre des critères biologiques stricts et des impératifs d’inclusion et de respect des droits humains. Le CIO a certes donné des lignes directrices, mais laisse chaque discipline définir ses règles, ce qui crée un paysage hétérogène et parfois conflictuel.

Une affaire aux répercussions durables

L’affaire Khelif dépasse aujourd’hui largement le cadre du tournoi d’Eindhoven. Elle cristallise les débats contemporains sur la définition du genre dans le sport, les limites de la biologie dans l’élaboration des catégories, et la manière dont les institutions gèrent les identités non normées.

Imane Khelif, par sa notoriété et sa combativité, devient malgré elle une figure emblématique de ce combat. Qu’elle soit perçue comme victime ou comme sujet de controverse, sa trajectoire interroge profondément les fondements du sport moderne et les valeurs qu’il prétend incarner.