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Jiu-jitsu : un art martial devenu phénomène mondial

jiu-jitsu

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Longtemps considéré comme une discipline de niche réservée aux initiés, le jiu-jitsu connaît depuis plusieurs années une popularité croissante, bien au-delà de ses berceaux historiques au Japon et au Brésil. Plébiscité par les pratiquants de tous âges, adopté par des athlètes de haut niveau et valorisé par les réseaux sociaux, cet art martial technique et exigeant séduit un public toujours plus large. Entre quête de dépassement, self-défense et bien-être, le jiu-jitsu s’impose comme une discipline complète, profondément ancrée dans les tendances sportives contemporaines.

Des origines anciennes du jiu-jitsu à la modernité conquérante

Le jiu-jitsu trouve ses racines dans le Japon féodal, où les samouraïs développaient des techniques de combat au corps-à-corps pour se défendre une fois désarmés. Cette version traditionnelle s’est transformée au fil des siècles, notamment lorsqu’elle a été introduite au Brésil au début du XXe siècle par Mitsuyo Maeda, un maître japonais. C’est là que naît le jiu-jitsu brésilien (BJJ), discipline codifiée par la famille Gracie, qui privilégie le combat au sol, les projections et les soumissions.

D’abord méconnu hors des cercles martiaux, le BJJ connaît une véritable explosion médiatique avec l’essor du MMA dans les années 1990. Royce Gracie, représentant emblématique de cette méthode, domine les premiers tournois de l’UFC, démontrant l’efficacité du jiu-jitsu face à des adversaires souvent plus imposants physiquement. Ce coup de projecteur amorce la conquête mondiale de la discipline.

Une pratique accessible, technique et addictive

Ce qui séduit dans le jiu-jitsu aujourd’hui, c’est son accessibilité relative. Contrairement à d’autres sports de combat fondés sur la puissance ou l’explosivité, le BJJ repose sur la technique, la stratégie et la capacité à anticiper. Cela le rend particulièrement attractif pour des pratiquants de tous gabarits, de tous âges et de tous sexes. L’apprentissage y est progressif, structuré autour d’un système de ceintures qui valorise l’effort, la constance et l’humilité.

« Le jiu-jitsu m’a apporté confiance en moi, une forme de sérénité, et une vraie communauté », témoigne Julie, 34 ans, pratiquante depuis trois ans à Paris. Comme elle, de nombreux amateurs soulignent l’impact positif du sport sur leur vie personnelle, notamment en matière de gestion du stress et de confiance en soi. L’aspect non violent du combat, basé sur le contrôle plutôt que la frappe, participe aussi à cet engouement.

Des salles pleines, des compétitions en pleine expansion

À Paris, Lyon, Marseille, Lille ou Bordeaux, les académies de jiu-jitsu se multiplient, attirant chaque mois de nouveaux adeptes. Certaines salles affichent complet, notamment en soirée, preuve d’un phénomène en plein essor. Selon la Fédération française de judo (qui regroupe aussi le jiu-jitsu dans son périmètre), on comptait en 2024 près de 45 000 licenciés, un chiffre en augmentation constante.

Les compétitions aussi explosent. Des événements comme l’IBJJF Paris Open ou l’ADCC European Trials attirent des centaines de compétiteurs, souvent venus de toute l’Europe. La scène amateur est dynamique, mais le niveau professionnel se développe également. Des stars comme Gordon Ryan ou Craig Jones sont devenues de véritables icônes sur les réseaux sociaux, contribuant à la médiatisation du sport.

YouTube, Instagram et TikTok ont largement participé à démocratiser la discipline. Tutoriels, extraits de combats, analyses techniques… Le contenu en ligne est foisonnant et rend la discipline accessible aux débutants tout comme aux passionnés les plus aguerris.

Un outil moderne de self-défense et de bien-être

Dans un contexte où les préoccupations liées à la sécurité personnelle se renforcent, le jiu-jitsu est aussi plébiscité pour ses vertus en self-défense. Il permet d’apprendre à maîtriser un assaillant sans le blesser, ce qui séduit particulièrement les femmes ou les personnes peu attirées par les sports de frappe comme la boxe.

La discipline est également reconnue pour ses effets bénéfiques sur la santé mentale. La rigueur, la concentration et la discipline mentale qu’elle exige en font un véritable outil de développement personnel. À cela s’ajoute une ambiance communautaire forte : la majorité des clubs prônent un esprit d’entraide, d’humilité et de respect mutuel. Un antidote à l’individualisme souvent associé au sport de haut niveau.

Vers une reconnaissance institutionnelle du jiu-jitsu plus forte ?

Malgré son succès populaire, le jiu-jitsu reste encore en quête d’une reconnaissance institutionnelle pleine et entière. Il n’est pas encore discipline olympique, bien que des discussions aient eu lieu pour les Jeux de Paris 2024 ou Los Angeles 2028. Son cousin proche, le judo, occupe toujours l’espace symbolique dans les institutions sportives françaises.

Mais l’évolution semble inévitable. Avec des pratiquants toujours plus nombreux, des clubs de plus en plus structurés, des compétitions à l’international et une image positive dans les médias, le jiu-jitsu est en train de franchir un cap. Plusieurs fédérations travaillent déjà à harmoniser les règles, à former des encadrants certifiés et à structurer la compétition nationale pour aboutir à un championnat professionnel viable.

Un phénomène durable ?

Loin d’un simple effet de mode, le jiu-jitsu semble s’être imposé comme une pratique de fond, à la croisée des grandes tendances contemporaines : sport bien-être, quête de sens, dépassement de soi, et pratique communautaire. L’engouement pour cet art martial technique, respectueux et inclusif ne fait que commencer.

Dans les années à venir, il pourrait bien devenir un sport de référence, à l’image de ce que le yoga ou la course à pied sont devenus dans d’autres sphères. Avec un atout rare : la capacité à former le corps, l’esprit… et le caractère.