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Le judo s’invite en politique, Teddy Riner change d’arène

le coq sportif

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Après une carrière retentissante dans le judo, le quintuple champion olympique Teddy Riner n’a pas exclu une possible reconversion politique dans un avenir proche. Une déclaration faite en marge du sommet Choose France, qui a immédiatement fait réagir David Douillet, lui-même ancien judoka devenu ministre. Pour l’ex-secrétaire d’État aux Sports, cette ambition serait loin d’être une simple provocation médiatique. Et si le maître du tatami devenait un acteur de la vie publique ?

Un champion qui anticipe le coup d’après

Teddy Riner n’a jamais été un judoka comme les autres. Sa stature hors normes, son palmarès inégalé et son aura médiatique en ont fait bien plus qu’un simple sportif : une figure de proue du sport français, respectée et écoutée. À 35 ans, le natif des Abymes approche lentement mais sûrement de la fin d’une carrière exceptionnelle, couronnée de multiples titres mondiaux et de trois médailles d’or olympiques en individuel, auxquelles s’ajoutent deux titres par équipes.

Alors que les Jeux olympiques de Paris approchent, Riner garde le cap sur ses objectifs sportifs, mais commence déjà à envisager l’après. Et parmi les pistes évoquées, celle de la politique n’est plus taboue. Invité sur BFMTV la semaine dernière, Riner a surpris en laissant la porte ouverte à une telle perspective. « Pourquoi pas ? Si je peux aider, faire avancer des choses… », a-t-il confié, sans se départir de son calme habituel.

David Douillet, témoin d’un possible passage de relais

Ces déclarations n’ont pas échappé à David Douillet, l’un des rares à avoir réussi le passage entre tatami et hémicycle. Invité des « Grandes Gueules du Sport » sur RMC dimanche matin, l’ancien ministre des Sports a apporté tout son crédit à l’éventuelle ambition de Riner : « Je le prends très au sérieux. Quand Teddy dit quelque chose, ce n’est jamais pour rien. »

Douillet connaît mieux que personne les enjeux de cette reconversion. Après une carrière tout aussi prestigieuse sur les tapis (double champion olympique et quadruple champion du monde), il s’était lancé dans la politique en 2009, devenant député des Yvelines, puis ministre sous Nicolas Sarkozy. Pour lui, les qualités qui font d’un athlète un champion peuvent se transposer en politique : « L’engagement, la rigueur, le goût du collectif, la gestion de la pression… Tout cela, Teddy l’a en lui. »

Mais Douillet voit aussi en Riner un profil bien plus que symbolique. Sa notoriété, sa capacité à fédérer et son image positive pourraient faire de lui un candidat naturel dans le paysage politique français, à une époque où les figures issues de la société civile gagnent en légitimité face aux professionnels de la politique.

L’ennui, ce moteur insoupçonné après le judo

Derrière cette envie de servir, il y a aussi un moteur psychologique que Douillet identifie parfaitement : l’ennui. « Pour un athlète de haut niveau, le pire, c’est l’ennui, c’est de faire des choses fades, incolores, inodores », souligne-t-il. Un sentiment qui guette souvent les sportifs après leur retraite, surtout ceux qui ont tout gagné. L’adrénaline de la compétition ne se remplace pas facilement, et pour certains, la politique devient une arène où l’on peut retrouver cette intensité.

Teddy Riner, stratège avisé sur le tatami, pourrait donc chercher un nouveau terrain d’expression. Douillet l’assure : « Il a la tête bien faite, une vraie intelligence émotionnelle, et surtout une sincérité dans ce qu’il fait. Il ne se lancerait pas pour de mauvaises raisons. »

Un profil qui séduit au-delà du sport

Si Riner décidait un jour d’entrer en politique, il disposerait de solides atouts. Son parcours inspire, son discours est souvent empreint de bon sens, et il jouit d’un respect rare dans l’opinion publique. Pour certains observateurs, il pourrait représenter une forme de renouveau dans une classe politique parfois jugée déconnectée.

Mais rien ne dit que cette transition soit imminente. Teddy Riner reste d’abord un compétiteur, concentré sur sa quête olympique à Paris. L’idée d’une reconversion politique viendra peut-être après 2024, lorsqu’il aura définitivement raccroché le judogi. D’ici là, les signaux se multiplient, et ceux qui, comme David Douillet, connaissent les coulisses de cette métamorphose, savent que rien n’est à prendre à la légère.

Le judo politique : une trajectoire à surveiller

L’histoire du sport regorge de champions qui ont franchi les portes du pouvoir, en France comme à l’étranger. Mais peu ont eu l’aura de Teddy Riner. S’il décidait de s’engager, nul doute qu’il incarnerait bien plus qu’un symbole : celui d’un athlète qui a su transformer sa popularité en engagement, son charisme en force d’action.

Pour l’heure, Teddy Riner reste concentré sur le tatami. Mais son regard, déjà, se porte vers d’autres combats. Des combats où les ippons ne se donnent pas avec le corps, mais avec les idées.