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Saut à la perche : le duel des étoiles entre Duplantis et ses rivaux

Depuis plusieurs années, le saut à la perche vit une nouvelle ère dorée, incarnée par le Suédois Armand Duplantis. Mais derrière ce phénomène, une génération entière pousse les limites de la discipline. Analyse d’un renouveau spectaculaire de l’une des plus techniques des épreuves d’athlétisme.

Une discipline longtemps de niche, aujourd’hui en pleine lumière

Le saut à la perche a souvent été relégué dans l’ombre d’épreuves plus médiatiques comme le 100 mètres ou le marathon. Trop technique, trop exigeant, trop « lent » dans son déroulé ? Peut-être. Mais ces dernières années, la perche a conquis un nouveau public. Grâce à des exploits retentissants, des figures charismatiques et une rivalité internationale stimulante, elle s’invite désormais régulièrement à la une des compétitions majeures.

Ce regain d’intérêt tient en grande partie à un nom : Armand Duplantis. Le jeune prodige suédo-américain, surnommé « Mondo », a pulvérisé les records dès ses débuts, faisant tomber celui de Renaud Lavillenie puis franchissant des hauteurs qui relevaient de la science-fiction. À seulement 25 ans, il est déjà détenteur du record du monde avec 6,27 m.

Duplantis, le génie qui fascine

Pourquoi tant d’engouement autour de Duplantis ? Parce qu’il incarne à la fois la grâce du geste et l’extrême précision technique. Formé dès l’enfance dans une famille de perchistes, il a développé une aisance aérienne unique, doublée d’un mental à toute épreuve. Là où d’autres flanchent sous la pression, lui semble s’envoler encore plus haut.

Son style séduit au-delà du cercle des initiés. Il sourit, communique, s’exprime en plusieurs langues et affiche une attitude de champion moderne : travailleur, accessible, concentré. Sa domination n’écrase pas la discipline, elle l’illumine. Elle pousse les autres à se dépasser, à trouver de nouvelles solutions techniques, à rêver d’exploits.

Des rivaux qui ne lâchent rien

Derrière l’ovni Duplantis, une flopée d’athlètes talentueux refusent de jouer les figurants. Parmi eux, l’Américain Christopher Nilsen, toujours régulier autour des 6 mètres. L’Australien Kurtis Marschall, explosif et imprévisible. Et bien sûr, les Français Thibaut Collet et Renaud Lavillenie, l’un en ascension, l’autre en fin de parcours mais toujours capable de coups d’éclat.

Cette densité de performances au plus haut niveau est inédite. Dans les grands championnats, franchir 5,90 m ne garantit plus même une place en finale. Les meetings deviennent de véritables duels aériens, où chaque barre est un coup de poker. Le public, lui, suit avec passion, applaudissant chaque envol comme un moment suspendu.

La France, terre de perchistes

La tradition française en saut à la perche est ancienne. Avec Jean Galfione, champion olympique en 1996, puis Renaud Lavillenie, recordman du monde pendant six ans, l’Hexagone a su construire une école de la perche reconnue. Aujourd’hui, c’est Thibaut Collet, fils de l’entraîneur Philippe Collet, qui incarne cette relève.

Auteur de plusieurs sauts à plus de 5,90 m, Collet s’impose comme un prétendant sérieux aux podiums mondiaux. D’autres noms, comme Ethan Cormont ou Mathieu Collet, nourrissent un vivier prometteur. La Fédération française d’athlétisme soutient fortement la discipline, avec des stages, un encadrement de qualité et une médiatisation accrue.

Un sport spectaculaire qui séduit enfin

Longtemps réservé aux spécialistes, le saut à la perche attire aujourd’hui un public plus large. Grâce à des retransmissions mieux pensées, des ralentis techniques et une narration axée sur les duels et les records, la perche devient spectaculaire. Les meetings comme ceux de Lausanne, de Monaco ou de Liévin font salle comble pour voir les meilleurs mondiaux s’affronter à quelques centimètres du ciel.

Les organisateurs misent sur l’ambiance, la musique, l’éclairage scénique, pour faire de chaque saut un moment d’émotion. Les perchistes, eux, jouent le jeu. Ils savent que leur sport peut toucher, fasciner, faire rêver.

Vers de nouveaux sommets ?

Où s’arrêtera Duplantis ? Peut-on franchir 6,30 m, 6,40 m, voire plus ? Les experts se divisent. Certains estiment qu’un plafond physique sera bientôt atteint. D’autres rappellent qu’on disait la même chose à propos de Bubka ou de Lavillenie, et que l’évolution des matériaux, des techniques d’entraînement et de la récupération peut repousser encore les limites.

Une chose est sûre : le saut à la perche a retrouvé une place centrale dans l’athlétisme mondial. Entre science, audace et spectacle, il continue de nous faire lever les yeux vers le ciel — et de nous émerveiller.