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Le padel, ce sport hybride qui séduit les Français

Entre tennis et squash, le padel est devenu l’un des sports les plus en vogue en France. Convivial, ludique, accessible à tous, il conquiert aussi bien les citadins pressés que les anciens sportifs en reconversion. Décryptage d’un phénomène en pleine explosion.

Une discipline importée… et adoptée à vitesse grand V

Le padel n’est pas une invention récente : ce sport a vu le jour au Mexique dans les années 1960 avant de s’implanter massivement en Espagne, où il est aujourd’hui pratiqué par des millions de personnes. Mais en France, son ascension est plus récente… et fulgurante. En à peine cinq ans, le nombre de terrains a été multiplié par dix, passant de 200 à plus de 2 500. Et les pratiquants se comptent désormais par centaines de milliers.

Le principe ? Deux contre deux, une raquette sans cordage, une balle proche de celle du tennis, des murs de verre et de grillage qui font partie du jeu, et une dimension tactique qui prime sur la puissance brute. Résultat : des échanges longs, spectaculaires, et souvent imprévisibles. Tout cela dans un format accessible même aux débutants.

Un succès porté par la convivialité et l’inclusivité

Le padel a su s’imposer parce qu’il ne nécessite pas une grande expérience sportive pour prendre du plaisir rapidement. Là où le tennis peut décourager les novices par sa technicité, le padel permet de s’amuser dès la première séance. Sa dimension sociale est également centrale : on joue à quatre, on rigole beaucoup, on passe plus de temps à échanger qu’à s’essouffler.

Ce côté « sport plaisir » séduit un large public : trentenaires actifs, femmes, anciens tennismen, débutants, seniors. Le padel se joue entre amis, collègues ou en famille, sur des formats courts et flexibles. Il coche toutes les cases d’une activité à la fois fun, tendance et compatible avec un emploi du temps chargé.

Une pratique qui attire aussi les sportifs de haut niveau

Le padel ne séduit pas que les amateurs : de nombreux sportifs professionnels s’y adonnent, parfois avec un sérieux étonnant. Zinédine Zidane a inauguré son propre club à Aix-en-Provence, Karim Benzema possède plusieurs structures en Espagne, et Gaël Monfils ou Jo-Wilfried Tsonga investissent dans le développement du padel en France.

Certains anciens joueurs de tennis se reconvertissent dans la discipline à haut niveau. C’est le cas de Benjamin Tison, ex-tennisman devenu n°1 français de padel, qui dispute les plus grands tournois du circuit mondial. Le World Padel Tour et la nouvelle Premier Padel League attirent d’ailleurs de plus en plus d’audience, avec des retransmissions sur Canal+ ou BeIN Sports.

Un marché en plein essor, qui attire les investisseurs

Ce boom ne passe pas inaperçu du côté des entrepreneurs. Les projets de clubs poussent comme des champignons, en centre-ville, en périphérie, dans des zones industrielles reconverties. Des marques spécialisées voient le jour, des équipementiers s’y engouffrent, et les promoteurs y voient une activité rentable avec un coût d’infrastructure relativement faible.

En 2024, la Fédération française de tennis, qui chapeaute le padel en France, recensait plus de 400 000 pratiquants réguliers. Elle ambitionne le double d’ici 2028. Des championnats nationaux sont organisés, les jeunes sont initiés dans les clubs, et la dynamique semble partie pour durer.

Des défis à relever : structuration et formation

Malgré cet engouement, tout n’est pas encore structuré. La formation des enseignants, le manque de terrains dans certaines régions, ou encore la réglementation autour des nouvelles structures freinent parfois le développement du padel. Il faut aussi éviter le piège du « sport à la mode » qui s’essouffle, en créant des parcours durables pour les jeunes et en renforçant le maillage territorial.

La reconnaissance de la discipline au niveau international progresse également. Le padel pourrait faire son entrée aux Jeux olympiques d’ici quelques éditions, une perspective qui dope encore l’intérêt autour de la discipline.

Une révolution douce dans le paysage sportif français

Ce qui frappe avec le padel, c’est sa capacité à fédérer sans opposer. Il ne remplace pas le tennis, il l’enrichit. Il n’exclut pas les non-sportifs, il les embarque. Il ne cherche pas la performance à tout prix, mais le plaisir partagé. C’est un sport du XXIe siècle, à la croisée des loisirs et du bien-être, où chacun peut trouver sa place.

En somme, le padel coche toutes les cases : ludique, social, accessible, médiatique, il bouscule les lignes sans les rompre. Dans un monde où le sport doit séduire vite et bien, il pourrait bien être le grand gagnant des années à venir.