Spectaculaire, rapide, urbain : le basket 3×3 a conquis les spectateurs des Jeux olympiques de Paris 2024. Portée par un format dynamique et une ambiance unique, cette discipline venue des playgrounds s’impose aujourd’hui comme l’une des grandes gagnantes de l’olympiade française.
Une discipline née dans la rue, qui a su convaincre les stades
Le 3×3, ou « basket trois contre trois », est né bien loin des podiums olympiques. Pendant des décennies, ce jeu improvisé sur les demi-terrains des quartiers nord-américains n’était qu’un loisir de rue. Codifié par la FIBA à partir de 2007, il a pourtant connu une ascension fulgurante, jusqu’à son entrée aux Jeux de Tokyo en 2021.
Mais c’est à Paris, en 2024, que le basket 3×3 a véritablement explosé aux yeux du grand public. Installée sur la mythique place de la Concorde, transformée pour l’occasion en arène urbaine, la discipline a attiré des milliers de spectateurs et séduit les diffuseurs par son format court et haletant. Dix minutes de jeu, des possessions de 12 secondes, des duels serrés : le spectacle est permanent.
Paris 2024 : un tremplin médiatique et populaire
Les Jeux de Paris ont marqué un tournant. Grâce à une mise en scène soignée, avec DJ, lumière, commentateurs en direct et une ambiance survoltée, le 3×3 a prouvé qu’il pouvait rivaliser en intensité avec les sports collectifs les plus populaires. Les images spectaculaires de dunks en pleine ville et les matchs à suspense ont fait le tour du monde.
Sur le plan sportif, les Français ont brillé. L’équipe féminine, emmenée par Laetitia Guapo et Hortense Limouzin, a accroché la médaille de bronze après un tournoi de haute intensité. Les hommes, quant à eux, ont échoué de peu en quart de finale, battus par la Serbie, mais ont montré un visage combatif et prometteur.
Le 3×3 séduit les jeunes et dynamise les clubs
Depuis les Jeux, l’engouement pour le 3×3 en France a franchi un cap. De nombreux clubs amateurs ont lancé leur section dédiée. Les terrains extérieurs sont pris d’assaut l’été, et les tournois locaux se multiplient, souvent en partenariat avec des collectivités ou des marques. La Fédération française de basketball (FFBB) estime à plus de 20 % l’augmentation des licences 3×3 sur la seule saison 2024-2025.
Ce succès repose sur la simplicité d’accès à la discipline : pas besoin d’une équipe complète, pas de salle obligatoire, peu de matériel. Le 3×3 se joue partout, et il permet de progresser rapidement, même sans expérience préalable. Il attire ainsi des jeunes, mais aussi des femmes, des urbains, et d’anciens basketteurs venus retrouver du plaisir sans contrainte.
Une scène professionnelle en structuration
Le circuit mondial du 3×3, avec ses étapes du World Tour, ses compétitions continentales et son circuit challenger, prend de plus en plus d’ampleur. La FIBA a capitalisé sur le succès de Paris 2024 pour renforcer son calendrier, attirer des sponsors et négocier de nouveaux contrats de diffusion.
Des clubs professionnels français se lancent dans l’aventure, comme Lyon, Bordeaux ou Lille, qui alignent des équipes dans des compétitions internationales. Des joueurs se spécialisent désormais dans cette discipline, quitte à délaisser le basket traditionnel. Certains y voient même une voie plus accessible vers les Jeux ou les compétitions internationales, tant le 3×3 demande des qualités spécifiques : réactivité, gestion de l’espace, adresse, endurance.
Une ambiance unique et une culture urbaine revendiquée
Ce qui fait aussi le succès du 3×3, c’est son ADN résolument urbain. Contrairement aux sports classiques, il n’a pas peur de mélanger sport et culture. Lors des grands événements, on y retrouve des graffeurs, des DJs, des danseurs hip-hop. L’arène n’est pas seulement un terrain : c’est une scène, un lieu de fête, un espace de liberté.
C’est aussi un sport qui a investi massivement les réseaux sociaux. Les comptes Instagram et TikTok des équipes nationales ou des circuits de tournois regorgent de highlights, de gestes techniques, d’interviews décalées. L’identité visuelle du 3×3, colorée, vive, énergique, tranche avec celle, plus académique, du basket 5×5.
Et après ? Vers Los Angeles et au-delà
Paris 2024 a été un moment fondateur, mais ce n’est que le début. À Los Angeles, en 2028, le 3×3 bénéficiera d’une implantation naturelle, tant la culture urbaine américaine est propice à ce format. La FIBA souhaite également porter la discipline dans des régions encore peu touchées : Afrique, Asie du Sud-Est, Balkans.
En France, la prochaine étape sera sans doute la création d’une ligue professionnelle stable et pérenne, capable d’attirer du public, des investisseurs, et des diffuseurs. Un championnat 3×3 sur le modèle de la Betclic Élite, avec des clubs mixtes et des événements de prestige, serait une suite logique à l’engouement actuel.
Le 3×3, sport de demain… qui s’impose dès aujourd’hui
Loin d’être un simple dérivé du basket, le 3×3 a désormais son identité, ses champions, son public. Il combine l’intensité du sport, l’accessibilité du jeu de rue et l’émotion du spectacle. Porté par un format explosif et une communauté en expansion, il est bien plus qu’une tendance passagère : c’est une révolution sportive en cours.
Et si Paris 2024 a permis au monde de le découvrir, c’est désormais sur les playgrounds, les places publiques et les écrans qu’il continue d’écrire son histoire. En trois contre trois, bien sûr — mais avec le monde entier en spectateur.