La dernière étape du Tour de France 2025 n’a pas encore été disputée qu’elle fait déjà parler. Et pas forcément dans le bon sens pour certains coureurs. L’intégration de la Butte Montmartre au tracé final, à quelques kilomètres seulement des Champs-Élysées, provoque un débat de plus en plus vif dans le peloton. Face aux critiques de plusieurs favoris, l’ancien coureur Jérôme Pineau a tenu à répondre fermement ce week-end sur RMC. Pour lui, les champions doivent assumer leur statut… ou renoncer à la Grande Boucle.
Montmartre en juge de paix, un choix controversé
La décision des organisateurs de bousculer la tradition a surpris. Exit le défilé habituel sur les Champs, place à un final plus explosif avec une ascension urbaine inédite : la Butte Montmartre. Un décor de carte postale, mais un casse-tête pour les jambes et les nerfs des coureurs. Car cette montée, avec ses pavés serrés et ses pourcentages irréguliers, pourrait perturber le scénario d’une dernière étape généralement festive et sans grande incidence sur le classement général.
Remco Evenepoel, champion olympique sur ce même terrain en 2024, a été le premier à exprimer ses craintes. Il dénonce « un stress supplémentaire inutile », redoutant une étape piégeuse à un moment où la tension est censée retomber. Dans son sillage, Jonas Vingegaard a parlé de « stress inutile », et Wout van Aert a été encore plus direct, évoquant un risque de « chaos ». Des avis tranchés, révélateurs d’une inquiétude réelle chez les leaders.
Jérôme Pineau monte au créneau
Ces critiques n’ont pas plu à Jérôme Pineau. Dans l’émission Les Grandes Gueules du Sport, l’ancien coureur aujourd’hui consultant n’a pas mâché ses mots. « Le parcours est très bien dessiné », a-t-il assuré, avant de tacler frontalement les réticents. « Si vous avez peur, ne venez pas sur le Tour. Faites des Coupes de France ou de Belgique. »
Pour Pineau, les grands champions doivent être à la hauteur de leur statut, y compris face à des tracés atypiques : « On a mis des chemins blancs, des pavés, des cols pour sprinteurs. Le stress, c’est inhérent au cyclisme. C’est à eux de faire la course. » Une manière de rappeler que le Tour de France n’est pas une promenade mais un test ultime de polyvalence, de courage et de stratégie.
Un débat révélateur des tensions dans le peloton
La sortie de Pineau a le mérite de poser une question centrale : jusqu’où doit-on aller pour rendre le Tour de France plus spectaculaire ? Les organisateurs ont clairement opté pour une forme de modernisation, à l’image du Giro ou de certaines classiques, avec des tracés plus imprévisibles, pensés pour créer du suspense jusqu’à la dernière minute.
Mais cette volonté se heurte à une autre réalité : celle d’un peloton de plus en plus préoccupé par la sécurité et la lisibilité des étapes. Pour les leaders du général, l’idée d’un coup de théâtre à Paris, sur des pavés escarpés, est tout sauf rassurante. Surtout si les écarts sont minimes au classement.
Une montée symbolique et médiatique
Choisir Montmartre, c’est aussi faire un choix d’image. La carte postale parisienne, avec le Sacré-Cœur en toile de fond, promet des images fortes pour les caméras du monde entier. Mais cette démarche esthétique, presque scénarisée, entre parfois en contradiction avec les préoccupations sportives des coureurs. Ce qui aurait pu n’être qu’un baroud d’honneur pour baroudeurs devient, dans ce contexte, un point de tension.
Qui aura le dernier mot ? Jérôme Pineau ?
Reste à savoir si les coureurs décideront, comme le suggère Pineau, de « neutraliser » eux-mêmes l’étape, en refusant d’attaquer sur la Butte Montmartre. Ce ne serait pas une première dans l’histoire du Tour, mais ce serait un geste fort, qui poserait clairement la question de la relation entre les organisateurs et les acteurs de la course.
Quoi qu’il en soit, cette polémique donne un avant-goût du caractère exceptionnel de cette édition 2025. Car si les débats sont déjà si vifs en mai, on peut imaginer la tension qui régnera le 27 juillet à l’approche des pentes montmartroises. Une certitude : le Tour ne veut plus d’une dernière étape pour la forme. Et les coureurs, eux, devront s’y faire… ou passer leur tour.