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La France doit-elle vraiment supporter Paris contre Milan ?

Botafogo

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Le 31 mai prochain, le Paris Saint-Germain affrontera l’Inter Milan en finale de la Ligue des champions. Une affiche de prestige qui divise déjà les amateurs de football en France. Si certains voient dans cette finale l’opportunité de soutenir un club français et de hisser haut les couleurs tricolores sur la scène européenne, d’autres, souvent fidèles à d’autres clubs, préfèrent souhaiter une défaite parisienne. Un dilemme typiquement français, où se mêlent patriotisme, rivalités historiques et passion du ballon rond.

Une rivalité qui dépasse le cadre sportif

Pour de nombreux supporters français, et particulièrement marseillais, l’idée même de soutenir le PSG est impensable. Ce rejet dépasse souvent le cadre du football. Il s’agit d’une rivalité ancrée, construite au fil des décennies, à coups de matchs tendus, de déclarations provocantes et de compétitions acharnées. À Marseille, certains redoutent même des débordements en cas de victoire parisienne, preuve que l’opposition entre les deux clubs dépasse largement le cadre des tribunes.

Ce sentiment anti-PSG n’est pas propre à Marseille. En province, Paris cristallise souvent une forme de rejet lié à la centralisation du pouvoir politique, médiatique et économique. Le PSG devient ainsi, aux yeux de nombreux amateurs, l’incarnation d’un club « hors-sol », déconnecté des réalités locales. Soutenir le PSG, même pour une finale de Ligue des champions, reviendrait presque à trahir son identité de supporter.

Le patriotisme footballistique : un concept fragile

Dans d’autres pays, cette opposition à un club national engagé en coupe d’Europe serait moins marquée. Pourtant, la logique de supporter un club parce qu’il représente le pays reste minoritaire. En Angleterre, les fans de Tottenham ne se rangent pas derrière Arsenal. En Italie, un tifoso du Milan AC ne soutiendra jamais l’Inter, même en finale. Le supportérisme reste profondément localisé, ancré dans l’histoire, les traditions et les rivalités.

Pour Ludovic Lestrelin, sociologue du sport, cette situation s’explique aussi par un déficit structurel du football français sur la scène européenne. La rareté des finales joue un rôle : chaque occasion devient un enjeu national. Pourtant, cette attente ne suffit pas à faire disparaître les tensions locales. La logique de territoire et d’appartenance reste plus forte que l’intérêt collectif.

Une équipe qui change l’image du club

Malgré tout, ce PSG version 2025 semble séduire une frange plus large de la population. Moins bling-bling, plus collectif, débarrassé des égos surdimensionnés, le club de Luis Enrique développe un football séduisant et efficace. Cette transformation d’image pourrait permettre au PSG de rallier un public plus neutre : les amateurs de beau jeu, les jeunes générations, ou ceux qui suivent le football avec plus de détachement.

Ousmane Dembélé, Randal Kolo Muani, Warren Zaïre-Emery… Autant de visages qui incarnent un Paris plus accessible, moins caricatural, et peut-être plus facile à aimer. La communication du club, axée sur la proximité et l’inclusivité, semble également porter ses fruits. Le PSG ne parle plus uniquement à ses ultras, mais cherche à conquérir le cœur de tous les passionnés.

Des retombées économiques non négligeables pour la France

Au-delà du terrain, le parcours du PSG en Ligue des champions peut aussi avoir un impact économique positif pour le football français. L’indice UEFA, par exemple, détermine le nombre de places accordées aux clubs dans les compétitions européennes. Plus le PSG va loin, plus la Ligue 1 gagne en crédibilité et en attractivité.

Les retombées financières sont aussi à prendre en compte. Plus Paris engrange de revenus européens, plus il peut investir dans des joueurs issus d’autres clubs français. Cela pourrait, théoriquement, profiter à l’ensemble du football hexagonal. Mais cette hypothèse repose sur une redistribution que beaucoup jugent illusoire. Depuis l’arrivée des propriétaires qataris, le PSG évolue dans une sphère économique à part, et peu de clubs en ont réellement tiré bénéfice.

Une nation unie derrière Paris ? Pas si simple

Dans les années 70, la France s’était massivement rangée derrière l’AS Saint-Étienne, finaliste malheureux de la Coupe des clubs champions. À l’époque, la rivalité entre clubs n’avait pas encore pris l’ampleur qu’elle connaît aujourd’hui. Le contexte médiatique et social était différent, et Saint-Étienne incarnait une forme de romantisme populaire.

Aujourd’hui, cette union sacrée paraît difficilement reproductible. Le PSG reste un club clivant, malgré ses efforts d’ouverture. Et même si une partie des Français pourrait se laisser séduire par la qualité de jeu et le prestige d’un club finaliste, les rivalités enracinées, notamment avec Marseille ou Lyon, empêcheront une adhésion totale.

France VS Italie ?

Faut-il soutenir le PSG en finale de Ligue des champions ? La réponse n’est ni oui, ni non. Elle dépend avant tout de la sensibilité de chacun. Pour certains, ce sera un réflexe patriotique. Pour d’autres, une trahison impensable. Ce qui est certain, c’est que le débat, bien que passionné, est révélateur de l’attachement profond des Français à leur club, à leur territoire, et à une certaine idée du football. Et c’est peut-être là, dans cette diversité d’opinions, que réside la véritable richesse du sport.

 

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