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Faut-il soutenir le PSG en finale de Ligue des champions ? Le dilemme tricolore

Dembélé

Dembélé

Le Paris Saint-Germain disputera le 31 mai une finale historique contre l’Inter Milan. Un match qui ne rassemble pas toute la France derrière son unique représentant européen. Au contraire, il divise. Entre patriotisme footballistique et loyautés rivales, la question taraude les amateurs de ballon rond : peut-on, doit-on, supporter le PSG ?

Le cas particulier du Paris Saint-Germain

Depuis sa montée en puissance dans les années 2010, le PSG s’est attiré autant d’admirateurs que de détracteurs. Club riche, club de stars, incarnation pour certains d’un foot moderne déconnecté… mais aussi machine à rêves pour d’autres, il cristallise les passions. Le 31 mai prochain, il sera pourtant seul à représenter la France face à l’Inter Milan en finale de Ligue des champions. Et déjà, les lignes se tendent.

À Marseille, l’opposition est franche. Mehdi Benatia, directeur du football de l’OM, et Laurent Tapie, fils du légendaire Bernard, n’ont pas caché qu’ils ne seront pas derrière Paris. La préfecture des Bouches-du-Rhône redoute même des débordements en cas de victoire parisienne. Ce rejet francilien ne se limite pas à la Canebière : une frange du public français espère presque une victoire italienne, par rejet d’un rival devenu trop encombrant.

Un débat récurrent, très français

La question n’est pas neuve. Lors de la finale de 2020 déjà, ou de l’épopée de l’OM en 2018, le même débat surgissait : doit-on soutenir un club de son pays, même si on ne l’aime pas ? Didier Deschamps lui-même, sélectionneur des Bleus, a balayé la question d’un agacement visible : « Vous n’êtes pas sérieux. » Pourtant, la question agite les discussions de comptoir comme les tribunes en ligne.

« On ne peut pas prendre la place d’un autre club dans le cœur d’un supporter, même le temps d’un soir », explique Williams Nuytens, sociologue du sport. Et Ludovic Lestrelin, spécialiste du supportérisme, d’ajouter : « Ce type de débat est très français, parce que notre pays a du mal à exister durablement sur la scène européenne. En Angleterre ou en Italie, la question ne se pose pas. Un fan de Tottenham ne va jamais supporter Arsenal, même en finale. »

Rivalités, territoire et identité

Le PSG concentre à lui seul une grande partie des tensions du football hexagonal. Plus qu’un club, il incarne aussi une capitale qui concentre les pouvoirs – politique, économique, médiatique – face à une province souvent frustrée. « Il y a une structure territoriale et historique derrière cette animosité », souligne Ludovic Lestrelin. Et cela dépasse parfois même le football.

Saint-Étienne dans les années 1970 avait réussi à fédérer une nation. Le PSG de 2025, non. Trop puissant, trop clivant, trop parisien. Pourtant, quelque chose semble changer.

Un PSG plus séduisant, moins arrogant

Avec Luis Enrique à la baguette, le PSG version 2025 a revu son image. Moins de stars surmédiatisées, plus de collectif, plus de jeunes français comme Barcola ou Zaïre-Emery. Et surtout, un jeu séduisant, conquérant, loin des caricatures précédentes. « Ce PSG est agréable à regarder. Il a séduit une partie des amateurs de football neutres », analyse Vincent Chaudel, spécialiste de l’économie du sport.

Pour les plus jeunes, le PSG est même devenu un club de cœur. « Un petit garçon de 10 ans aujourd’hui rêve devant un Dembélé ou un Doué », constate Lestrelin. La stratégie marketing du club a fini par porter ses fruits auprès d’un public plus large, moins ancré dans les logiques tribales du supportérisme.

Un intérêt national ? Pas si simple

Soutenir Paris, serait-ce dans l’intérêt du football français ? À court terme, oui. Les performances du PSG renforcent l’indice UEFA, essentiel pour conserver des places qualificatives en Ligue des champions. Elles rapportent aussi de l’argent, bénéfique indirectement pour l’économie du football hexagonal. « Plus Paris gagne, plus il a de marges pour investir, y compris dans des joueurs français », rappelle Chaudel.

Mais l’idée d’un ruissellement bénéfique à tous est désormais contestée. « Depuis 2011, le PSG n’a pas vraiment profité aux autres clubs », admet-il. L’échec de la Ligue 1 à tirer profit des stars, l’absence de concurrence nationale forte, l’échec des droits TV internationaux… autant d’occasions manquées.

Et pour les supporters ? « Ils ne se sentent pas comptables des errements de la Ligue ou du PSG », tranche Ludovic Lestrelin.

Entre raison et passion, une fracture assumée

Le 31 mai, la France ne formera pas un seul bloc. Certains crieront « Allez Paris », d’autres « Forza Inter », et beaucoup resteront indifférents. Le PSG divise, encore et toujours. Mais peut-être est-ce là la beauté du football : un sport de passions, de fidélités, de mémoire. Et dans ce monde-là, on ne change pas d’allégeance pour un soir.

Supporter le PSG ? C’est possible. Mais pas obligatoire. Et sûrement pas une trahison.