En terminant hors des points à Monaco, George Russell a exprimé un profond désintérêt pour l’un des Grands Prix les plus emblématiques du calendrier. Déjà critiquée depuis des années pour son manque de spectacle, la course monégasque pourrait-elle réellement être remise en question ?
Monaco, joyau historique… mais ennuyeux
Le Grand Prix de Monaco, c’est l’élégance, la tradition, les yachts, et les stars. Mais ce n’est plus, depuis longtemps, une promesse de spectacle. À chaque édition, la critique revient inlassablement : sur ce tracé aussi étroit que mythique, les dépassements sont rarissimes, la stratégie souvent figée, et l’ordre de qualification presque toujours calqué sur le résultat final. L’édition 2025 n’a pas fait exception.
Lando Norris, impeccable tout au long du week-end, a dominé les qualifications puis mené la course de bout en bout. Charles Leclerc, qui rêvait d’un deuxième sacre à domicile, n’a pu que suivre la cadence. Max Verstappen, relégué à la quatrième place, a vu ses ambitions contrariées. Quant à George Russell, 11e à l’arrivée, il a quitté la Principauté frustré, amer, et plus virulent que jamais.
Russell allume Monaco : “On devrait rayer cette course du calendrier”
Le pilote Mercedes n’a pas mâché ses mots : « 99% des gens à Monaco sont là pour siroter du champagne sur un yacht. Ils s’en fichent de la course. » Une déclaration choc, relayée par le Daily Mail, dans laquelle il plaide même pour une transformation radicale du format. Sa proposition ? Une course de qualifications le samedi avec un trophée, une autre le dimanche avec plus de points, et basta.
Sous sa colère, une vérité crue : la frustration d’un pilote qui sait que le spectacle et la performance sont devenus secondaires sur ce tracé. À Monaco, ce sont les qualifications qui dictent presque toujours l’issue de la course. Et même un pilote du top 10, comme Russell, peut y passer tout son dimanche sans voir une opportunité de dépassement.
Des voitures trop larges pour un circuit trop vieux
George Russell n’est pas le seul à pointer l’inadéquation entre les F1 modernes et le tracé monégasque. Christian Horner, patron de Red Bull, évoque le cœur du problème : « Les voitures sont énormes, on ne peut plus se croiser. Il faut créer davantage d’espaces de freinage. Pourquoi ne pas modifier la sortie du tunnel ou Sainte-Dévote ? »
Le message est clair : si l’on veut sauver Monaco en tant qu’épreuve sportive – et pas seulement en tant qu’événement mondain – il faut adapter le circuit. Or, cela semble peu probable. Le contrat liant Monaco à la F1 a été prolongé jusqu’en 2031, et aucune exigence de modification n’a été formulée par la FOM ou la FIA.
Entre glamour et compétition : deux visions qui s’opposent
Depuis des décennies, Monaco occupe une place à part dans le calendrier. C’est un monument. Mais ce monument ne satisfait plus les attentes sportives d’une F1 moderne, plus spectaculaire et plus internationale que jamais. Le Grand Prix est un rendez-vous incontournable pour les sponsors, les VIP, et les caméras du monde entier… mais beaucoup moins pour les amateurs de stratégie et de dépassements musclés.
Christian Horner le résume sans détour : « Tout le monde sait que la course se termine le samedi. » Et les audiences le confirment : si la beauté du décor fait rêver, le spectacle, lui, endort.
Un débat récurrent, une inertie persistante
Ce n’est pas la première fois que Monaco est pointé du doigt. Les critiques remontent à des années, et elles prennent de l’ampleur à mesure que les voitures évoluent. Plus longues, plus larges, plus rapides, elles transforment le tracé monégasque en un véritable défilé.
Pourtant, rien ne bouge. Le prestige, l’histoire, le lobbying local et l’attachement du paddock au charme unique de Monaco semblent suffire à maintenir l’épreuve à flot. Mais pour combien de temps encore ? La colère de George Russell n’est pas isolée. De plus en plus de voix s’élèvent dans le paddock pour dénoncer un Grand Prix « inutile », dont le résultat est joué d’avance et qui n’offre plus la moindre excitation.
Barcelone en ligne de mire, mais le débat reste ouvert
Après Monaco, la caravane de la F1 se dirige vers Barcelone. Un tracé beaucoup plus adapté au combat en piste, et où l’on peut s’attendre à une redistribution des cartes. Mais la polémique lancée par Russell ne retombera pas de sitôt. Elle pose une vraie question : que doit être une course de Formule 1 aujourd’hui ? Du spectacle, du suspense, de l’audace… ou une vitrine de luxe pour les partenaires ?
La réponse appartient autant aux pilotes qu’aux fans, et aux dirigeants du sport. Mais une chose est sûre : si la F1 veut rester cohérente avec sa mue actuelle – plus dynamique, plus spectaculaire, plus jeune – elle devra, tôt ou tard, trancher dans le vif. Et peut-être, oui, réinventer Monaco.