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Raúl au Real Madrid : la fin d’un rêve, le début d’un divorce ?

Frustré de ne pas être choisi pour remplacer Carlo Ancelotti à la tête de l’équipe première, la légende merengue Raúl s’apprête à quitter le club. Un départ au goût amer, symptomatique des tensions internes qui secouent la Maison Blanche.

Un successeur naturel ignoré

Depuis 2019, Raúl González Blanco incarne la continuité et la patience dans les travées de Valdebebas. Nommé entraîneur de la Castilla il y a cinq ans, l’ancien capitaine du Real Madrid avait vu dans cette mission une rampe de lancement idéale pour, un jour, prendre les rênes de l’équipe première. À l’image de Zinedine Zidane, promu en 2016 avec un succès retentissant, Raúl s’était préparé à succéder à Carlo Ancelotti dont le départ était acté à l’issue de cette saison. Mais à la surprise générale, et surtout à la sienne, c’est Xabi Alonso qui a été désigné pour s’asseoir sur le banc de Santiago Bernabéu. Un choix vécu comme une véritable gifle par celui qui reste l’un des plus grands symboles du club.

Cette désillusion aurait scellé son avenir. Selon le média espagnol Relevo, Raúl aurait décidé de quitter son poste à la Castilla. Une rupture sentimentale plus que professionnelle, tant l’homme de 47 ans s’est toujours montré fidèle au Real Madrid, club où il a joué plus de 740 matchs et inscrit 323 buts entre 1994 et 2010.

Des années de loyauté dans l’ombre

En acceptant de prendre en main la Castilla, Raúl avait fait le choix de la modestie et du travail de fond. Pendant sept ans, il a façonné des générations de jeunes talents, menant notamment l’équipe à une victoire en Youth League en 2020. Son rôle dans l’éclosion de plusieurs espoirs du club est unanimement salué, tout comme sa rigueur, son sens du collectif et son attachement viscéral à l’institution.

Mais cette loyauté n’a pas suffi. En interne, certains dirigeants auraient estimé qu’il manquait de charisme ou de poigne pour prendre la suite d’un technicien aussi expérimenté qu’Ancelotti. Des tensions seraient également apparues sur des choix tactiques ou de gestion de vestiaire, et l’idée qu’il puisse incarner l’avenir immédiat du club ne ferait pas l’unanimité.

Le poids d’un autre favori : Xabi Alonso

Si la candidature de Raúl semblait naturelle, celle de Xabi Alonso s’est imposée comme une évidence stratégique. L’ancien milieu défensif, actuellement en poste au Bayer Leverkusen, s’est illustré cette saison en Bundesliga en hissant son équipe au sommet. Son style de jeu moderne, son autorité tranquille et son expérience internationale ont séduit la direction du Real Madrid, désireuse de conjuguer identité et ambition.

La trajectoire ascendante d’Alonso, contrastant avec la stabilité discrète de Raúl, a renforcé la frustration de ce dernier. Tous deux figures emblématiques du club, ils incarnent pourtant deux manières différentes d’aborder le métier d’entraîneur : l’un par la patience et la formation, l’autre par l’efficacité et l’innovation tactique.

Un départ acté, une relève en interne

Le départ de Raúl devrait entraîner une réorganisation rapide. Álvaro Arbeloa, actuellement en charge des U19, est pressenti pour lui succéder à la tête de la Castilla. L’ancien latéral droit, très apprécié pour son discours direct et sa discipline, s’inscrit lui aussi dans la politique maison consistant à confier les équipes de jeunes à d’anciens joueurs du club.

Cette passation de pouvoir confirme que le Real Madrid entend s’appuyer sur ses légendes pour encadrer sa formation, tout en réservant l’équipe première à des profils plus aguerris. Une logique que Raúl, malgré tout son amour du club, a fini par ne plus accepter.

Un avenir à écrire ailleurs

Reste à savoir où rebondira Raúl. Son profil ne laisse pas indifférents de nombreux clubs espagnols, voire étrangers, qui voient en lui un entraîneur prometteur, capable d’apporter une rigueur tactique et un sens profond de l’institution. À 47 ans, il est à l’aube d’un nouveau chapitre de sa carrière, cette fois libéré du carcan émotionnel qui le liait au Real Madrid.

Ce départ marque sans doute la fin d’une époque. Celle d’un homme qui, depuis le centre de formation jusqu’aux sommets européens, a toujours défendu les couleurs blanches avec fierté. Mais dans un club où l’exigence prime sur la reconnaissance, même les plus grandes légendes peuvent finir par tourner la page.