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« Forza Inter ! » : à Marseille, les supporters de l’OM deviennent tifosi d’un soir pour faire chuter le PSG

Scènes surréalistes à Marseille à l’approche de la finale de la Ligue des champions entre le PSG et l’Inter Milan. Dans la cité phocéenne, on ne parle plus italien par amour du calcio, mais par haine de Paris. Les maillots de l’Inter s’arrachent, les prières s’intensifient, et un seul mot d’ordre résonne : que le PSG ne touche jamais à la coupe aux grandes oreilles. Enquête dans une ville en transe… pour un club étranger.

Le seul et unique club français champion d’Europe veut le rester

Le 31 mai prochain, le PSG disputera sa deuxième finale de Ligue des champions, cette fois face à l’Inter Milan. Mais dans les rues de Marseille, on ne prépare pas les feux d’artifice pour soutenir le club parisien. Bien au contraire. Ici, c’est l’angoisse qui monte, la tension qui grimpe, et l’espoir de voir l’Inter Milan s’imposer qui fédère une ville entière.

Car à Marseille, on ne plaisante pas avec le palmarès européen. L’Olympique de Marseille reste à ce jour le seul club français à avoir remporté la Ligue des champions. C’était en 1993, déjà à Munich, déjà face à un club milanais – l’AC Milan cette fois. Et cette unicité est devenue un symbole, un rempart face à l’hégémonie parisienne sur le football hexagonal. Voir le PSG égaler cet exploit serait, pour de nombreux Marseillais, une trahison de l’histoire. « Ce serait comme perdre notre étoile », souffle Mehdi, 32 ans, supporter de l’OM « depuis le berceau ».

Des ventes de maillots nerazzurri qui explosent

Ce refus catégorique de voir Paris sacré prend des formes concrètes et parfois inattendues. Dans les magasins de sport marseillais, la demande en maillots de l’Inter Milan a bondi en flèche. Chez Sport 2000, le vendeur Ismaël ne cache pas sa stupéfaction : « Toute l’année, personne ne nous demande un maillot de l’Inter. Et là, c’est la folie ! On dirait que tout le peuple est devenu intériste. »

Des rayons vides, des réassorts express et des commandes groupées sur Internet témoignent de l’ampleur du phénomène. Le maillot noir et bleu est devenu l’uniforme de la résistance marseillaise face à la menace parisienne. « J’ai acheté le maillot juste pour la finale. Je vais le porter fièrement, comme si c’était celui de l’OM », confie Romain, 27 ans, attablé sur le Vieux-Port. « C’est notre façon de dire non à Paris. »

« Un Marseillais ne peut pas vouloir la victoire du PSG »

Ce rejet du PSG n’est pas nouveau, mais il atteint ici une intensité rarement vue. Même les figures historiques du club s’en mêlent. Laurent Tapie, fils de Bernard, l’ancien président emblématique de l’OM, a déclaré sur RMC : « Un vrai supporter de l’OM ne peut pas être heureux si le PSG gagne la Ligue des champions. » Une phrase qui fait écho à l’état d’esprit général dans les Bouches-du-Rhône.

Dans les bars, les discussions sont tranchées. « Paris peut gagner tous les trophées qu’ils veulent en France, mais la Ligue des champions, c’est à nous. À nous pour toujours », assène Fabien, abonné au Vélodrome depuis 2008. À quelques tables de là, son ami rigole : « Ce soir-là, on sera tous Italiens. Je vais même cuisiner des pâtes et sortir le prosecco ! »

Quand le sport devient une affaire de territoire et d’identité

Ce soutien inattendu à un club étranger est aussi révélateur d’une dynamique propre au football français. À Marseille, le football dépasse largement le simple cadre sportif. Il est affaire d’identité, de fierté locale, de résistance à une centralisation incarnée par Paris. Le PSG, devenu vitrine du football-business sous pavillon qatari, cristallise toutes les rancœurs.

Le paradoxe est saisissant : des milliers de Marseillais vont donc soutenir une équipe italienne contre une autre française, sur fond de rivalité ancestrale. « Ce n’est pas qu’on aime l’Inter, c’est qu’on hait le PSG », résume crûment Sofiane, la vingtaine. « Ils peuvent aligner Messi, Mbappé ou Jésus-Christ, on ne les soutiendra jamais. »

Munich, encore et toujours Munich

Le clin d’œil de l’histoire est cruel pour les supporters de l’OM. La finale de 2024 se joue à Munich, comme celle de 1993. Même lieu, mêmes ambitions. Mais cette fois, c’est leur rival qui peut entrer dans la légende. Une perspective insupportable pour une ville qui a construit une partie de son identité autour de cette victoire unique.

Alors, comme un rituel, Marseille tout entière se tourne vers Milan. Pour conjurer le sort, pour défendre un héritage, et pour que le 31 mai reste, pour encore longtemps, une date associée à l’exploit marseillais — et non à un sacre parisien.

Conclusion : Forza Inter, pour l’amour de l’OM

Le 31 mai, les yeux de l’Europe seront tournés vers Munich. Mais à Marseille, ce seront les cœurs qui battront à l’unisson pour l’Inter Milan. Par amour pour leur club, par fierté de leur palmarès, et par fidélité à une rivalité qui les dépasse. Le football, ici, est une affaire de passion, de mémoire… et parfois, de vengeance symbolique.