À l’issue de la saison 2024-2025, le deuxième de Super League pourrait ne disputer aucune Coupe d’Europe, pendant que le troisième serait assuré d’une place en phase de groupe. Une absurdité née des méandres des qualifications UEFA. Alors que la fin du championnat suisse approche, une bizarrerie dans la répartition des places européennes pourrait provoquer une situation profondément injuste : le dauphin de Super League risquerait de manquer totalement les compétitions européennes, contrairement au troisième. Une mécanique complexe, mais bien réelle, que d’autres clubs ont déjà vécue, à leurs dépens
Un système européen aux effets parfois absurdes
Le football européen est souvent un labyrinthe de règlements. Si les grandes ligues disposent de plusieurs accès directs aux phases de groupe des coupes d’Europe, pour les championnats au coefficient UEFA plus modeste, le chemin est semé d’embûches. C’est le cas de la Super League suisse, où une situation inédite pourrait faire débat.
À quelques jours de la fin du championnat, les places se jouent entre Bâle, Servette, les Young Boys ou encore Zurich. Le champion ira au troisième tour qualificatif de la Ligue des champions. Le vainqueur de la Coupe de Suisse (en l’occurrence, Bâle en finale contre un club de troisième division) offrira une place en barrages de Ligue Europa. Et c’est là que tout se complique, en particulier pour le dauphin.
En cas de victoire logique de Bâle en Coupe, le troisième du championnat obtiendra cette place en barrages de Ligue Europa. S’il passe ce barrage, il rejoindra la phase de groupes de C3. S’il échoue, il tombera directement dans celle de la Ligue Conférence (C4). Autrement dit : le troisième est assuré d’un parcours européen, quelle que soit l’issue du barrage.
Le dauphin, grand perdant du système
A contrario, le deuxième du championnat prendra part au deuxième tour de qualification de la Ligue des champions, via la « voie de la Ligue » (celle réservée aux clubs non champions dans les championnats à faible coefficient). Un parcours extrêmement difficile l’attend.
S’il perd dès le premier tour joué, il tombe en troisième tour qualificatif de Ligue Europa. S’il y perd encore, il est reversé en barrages de Ligue Conférence. Et s’il échoue une troisième fois, il est purement éliminé de toutes les compétitions européennes. Pas de phase de groupes. Pas de coupe d’Europe. Rien.
C’est un scénario cruel mais tout à fait envisageable, surtout pour des clubs comme le Servette FC. Deuxième du championnat actuellement, le club genevois affiche un faible coefficient UEFA et ne sera probablement tête de série à aucun des trois niveaux. Il pourrait ainsi affronter, dès juillet, des adversaires comme les Rangers, Braga ou la Lazio. Autant dire que le chemin est presque condamné d’avance.
Un précédent récent en Serbie
Ce cas théorique n’a rien d’absurde : il s’est déjà produit récemment. À l’été 2024, le Partizan Belgrade, deuxième du championnat serbe, a affronté une série de barrages successifs. Il les a tous perdus. Résultat : aucune Coupe d’Europe. Pendant ce temps, le TSC Backa Topola, troisième, a été reversé directement en Ligue Conférence, compétition qu’il a disputée jusqu’en février. Un exemple cruel, mais révélateur.
En Suisse, la même anomalie pourrait se produire si les résultats se maintiennent. Une situation qui soulève des questions sur l’équité des formats UEFA pour les clubs issus de championnats intermédiaires. Que le deuxième, récompensé d’une saison plus régulière, puisse finir sans compétition continentale alors que le troisième y accède sans barrage, semble à contre-courant du bon sens sportif.
Une réforme à envisager pour le dauphin du championnat ?
Si cette règle est connue et appliquée, elle reste peu intuitive et difficile à défendre d’un point de vue équitable. En conférant un parcours plus favorable au troisième qu’au deuxième, elle contredit la logique de mérite propre à un championnat. Le problème est systémique, lié au nombre limité de places et aux mécanismes de redistribution lors des échecs en barrages.
La question reste ouverte : l’UEFA pourrait-elle repenser ses circuits de qualification pour éviter ce type d’injustices ? Ou est-ce aux clubs de mieux se préparer à des calendriers précoces et exigeants ? En attendant, les équipes suisses devront jouer leur saison jusqu’au bout… en espérant que leur classement final ne se transforme pas en piège pour le dauphin.