Malgré un maintien en Ligue 1 décroché au forceps, Antoine Kombouaré n’a pas été reconduit par le FC Nantes. Le club met fin à une collaboration aussi intense que chaotique avec l’un de ses enfants du pays, qui n’aura jamais vraiment fait l’unanimité.
Le sort était scellé depuis quelques jours, il est désormais officiel : Antoine Kombouaré n’est plus l’entraîneur du FC Nantes. Pour la deuxième fois en deux ans, l’ancien défenseur des Canaris est remercié par la direction, malgré une nouvelle opération maintien réussie. Un paradoxe à l’image de cette relation complexe, entre loyauté locale et gestion froide d’un club sous tension.
Le maintien n’a pas suffi à masquer la lassitude
À l’issue de la 34e journée de Ligue 1, Nantes a assuré sa présence dans l’élite en dominant Montpellier 3-0. Un soulagement pour les supporters comme pour Kombouaré, revenu en pompier de service en mars 2024 pour succéder à Jocelyn Gourvennec. Avec 15 points glanés sur les dix derniers matchs, l’objectif a été rempli. Mais l’atmosphère générale n’était pas à la fête.
En interne, la décision semblait déjà prise. Dès décembre, des rumeurs insistantes faisaient état d’un remplacement possible, avec Habib Beye évoqué pour lui succéder. Antoine Kombouaré, agacé par ces bruits de couloir, avait alors boudé les médias, symbole d’un malaise grandissant. Son avenir est resté suspendu jusqu’à ce lundi 19 mai, date de la réunion décisive avec Franck Kita, directeur général du club. Le couperet est tombé : la collaboration s’arrête là.
Une histoire en dents de scie avec son club formateur
Antoine Kombouaré, 61 ans, est une figure historique du FC Nantes. Formé au club, il y a évolué en tant que joueur dans les années 1980 avant de faire ses classes comme entraîneur ailleurs. En mars 2021, alors que Nantes lutte déjà pour sa survie en Ligue 1, il est appelé à la rescousse. Il réussit l’impensable : sauver le club grâce à une victoire en barrages contre Toulouse.
L’année suivante, il emmène les Canaris jusqu’au sommet inattendu de la Coupe de France, remportée face à Nice. Un trophée que Nantes attendait depuis 2000. L’idylle semble alors possible. Pourtant, dès la saison suivante, la réalité du quotidien rattrape l’équipe. Nantes peine en championnat, Kombouaré ne parvient pas à stabiliser un collectif fragile, et en mai 2023, il est écarté après une série noire.
Revenu moins d’un an plus tard, il sauve une nouvelle fois les Jaune et Vert, mais sans réussir à rallumer la flamme. Le public de la Beaujoire, attaché à l’identité nantaise, reste divisé sur le style de jeu et l’intensité proposée par son équipe.
Un style cash, une communication à double tranchant
Kombouaré, c’est aussi une personnalité. Cash, direct, sans filtre, il n’a jamais cherché à plaire. « Si on me dit stop, la vie est belle, la vie continue », lâchait-il encore ce dimanche sur RMC, tout en assurant vouloir « honorer son contrat ». Cette franchise, saluée par certains, a parfois heurté les sensibilités d’un club à fleur de peau, souvent critiqué pour sa gouvernance opaque.
Sa gestion du groupe a été perçue comme efficace sur le court terme, mais difficilement pérenne. Les joueurs l’ont toujours respecté, parfois redouté. Les supporters, eux, attendaient plus : du jeu, de l’audace, une vraie dynamique collective. Le style Kombouaré, basé sur le combat, n’a jamais vraiment convaincu dans la durée, et le maintien est souvent venu au prix d’un spectacle terne.
Une instabilité chronique au sommet du club
Derrière ce nouveau départ, c’est aussi la gestion du FC Nantes qui interroge. Depuis la prise de pouvoir de Waldemar Kita en 2007, le club a vu défiler pas moins de 18 entraîneurs. La valse des techniciens est devenue un symptôme de l’instabilité chronique qui mine les ambitions sportives des Canaris. Même les sauveurs, comme Kombouaré, finissent par être remerciés au gré des humeurs du président et de son fils.
Dans ce contexte, difficile de bâtir un projet sur le long terme. Les jeunes pousses du centre de formation peinent à s’épanouir, la cellule de recrutement reste opaque, et les supporters, souvent critiques, oscillent entre résignation et colère.
Et maintenant ?
La page Kombouaré tournée, le FC Nantes doit rapidement rebondir. L’option Habib Beye, évoquée en décembre, pourrait redevenir d’actualité. Ancien joueur international sénégalais, actuel entraîneur du Red Star (promu en Ligue 2), Beye séduit par son discours ambitieux et sa fraîcheur. Reste à voir s’il acceptera de s’inscrire dans un projet où les entraîneurs sont rarement durables.
Quant à Antoine Kombouaré, son avenir reste flou. Après deux passages à Nantes marqués par des sauvetages mais aussi des frustrations, il pourrait prendre du recul. À moins qu’un autre club en quête d’un meneur d’hommes ne lui tende la main.
Antoine Kombouaré part sans fracas, avec le sentiment du devoir accompli mais sans véritable reconnaissance. Sauver un club à deux reprises, dans une atmosphère aussi délétère, relève pourtant de la prouesse. Mais à Nantes, plus qu’ailleurs, la gratitude a ses limites. La page se tourne, encore une fois. Reste à savoir si cette nouvelle rupture signera enfin le début d’un cycle plus stable — ou d’un éternel recommencement.