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Tony Yoka, acte II : le champion olympique en quête de rédemption

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Après une période sombre marquée par les défaites et les turbulences personnelles, Tony Yoka a signé un retour victorieux sur le ring face à Arslan Yallyev. Son père, Victor Yoka, veut croire en une renaissance complète. L’ancien champion olympique est-il enfin prêt à redevenir le boxeur que la France attend ?

Une victoire cruciale pour se relancer

Il ne fallait pas se manquer. Tony Yoka le savait, son entourage aussi. Après trois revers consécutifs à Paris, le champion olympique 2016 jouait gros à l’Adidas Arena. Face à lui, le Russe Arslan Yallyev, jusque-là invaincu, représentait un véritable test de crédibilité. Ce samedi soir, Yoka a tenu bon. Au terme d’un combat âpre et engagé, il s’est imposé aux points à l’unanimité des juges (96-94, 98-92, 97-93). Une décision sans équivoque, qui remet le Français sur les rails.

Pour Yoka, cette victoire ne constitue pas simplement une ligne de plus à son palmarès. Elle sonne comme une forme de libération. Depuis son passage chez les professionnels en 2017, le Parisien n’a cessé de porter l’étiquette du « champion attendu ». Mais entre blessures, choix discutables et vie personnelle mouvementée, il s’était égaré. Le succès face à Yallyev, 35e mondial, lui redonne une légitimité précieuse dans un classement où il n’était plus que 55e.

Le soutien inconditionnel d’un père

Si Tony Yoka a souvent été critiqué pour son comportement ou ses performances, une voix ne lui a jamais fait défaut : celle de son père, Victor Yoka. Invité des Grandes Gueules du Sport ce dimanche sur RMC, ce dernier n’a pas caché son émotion et sa fierté. « Là, c’est reparti. C’est vraiment reparti. Vous allez revoir votre champion olympique », a-t-il déclaré avec ferveur. Pour lui, la victoire ne réside pas uniquement dans la technique ou la stratégie, mais bien dans le mental retrouvé de son fils.

Victor Yoka évoque des mois éprouvants. « Tony vient de passer des moments difficiles », confie-t-il. « Vous le voyez sur le ring, mais en dehors, ce n’était pas facile. Il y a eu son divorce et beaucoup de choses dans la vie privée aussi. » Une allusion claire à la séparation très médiatisée entre Tony Yoka et Estelle Mossely, également boxeuse et championne olympique. Une période d’instabilité personnelle qui, selon son père, a profondément affecté son rendement sportif.

Aujourd’hui, le climat semble plus serein. Entouré d’un cercle resserré et notamment de son père, Tony Yoka s’est reconstruit, petit à petit. « Il est bien dans sa tête. Le mental est revenu », insiste Victor Yoka, qui l’accompagne désormais quotidiennement à l’entraînement. Une proximité familiale qui semble faire la différence.

Un avenir à écrire : Wembley en ligne de mire

Ce combat victorieux contre Yallyev marquait aussi la fin du contrat de Yoka avec Canal+, diffuseur de ses combats depuis ses débuts pros. Une page qui se tourne, mais aussi une opportunité de rebattre les cartes. Désormais libre de ses choix, Yoka a évoqué des négociations en cours pour son prochain combat.

Et les ambitions sont là. Le Français pourrait boxer dès le 19 juillet, au mythique stade de Wembley, à Londres. L’affiche envisagée ? Un duel contre Joe Joyce, son ancien adversaire en finale des Jeux olympiques de Rio. Un remake qui aurait tout d’un symbole. En lever de rideau du choc entre Oleksandr Usyk et Daniel Dubois, Yoka retrouverait une exposition planétaire.

Mais attention à ne pas brûler les étapes. Joe Joyce, bien que lui aussi en phase de redressement après plusieurs revers, reste un adversaire coriace et mieux classé. Si le combat venait à se confirmer, ce serait un vrai test grandeur nature pour mesurer les progrès du Français. Un succès à Wembley placerait Tony Yoka sur une trajectoire redevenue ascendante dans une catégorie poids lourds en pleine effervescence.

Une renaissance crédible ou feu de paille ?

Après ses déconvenues face à Bakole, Takam et Franklin, beaucoup avaient enterré un peu vite Tony Yoka. Ses dernières sorties en Angleterre, couronnées de deux victoires en 2024, avaient déjà amorcé un frémissement. Le succès contre Yallyev confirme la tendance. Mais un seul combat ne suffit pas à faire taire les doutes.

Pour redevenir un véritable prétendant aux grandes ceintures, Yoka devra enchaîner. Choisir les bons adversaires, maintenir une hygiène de vie rigoureuse, et surtout, retrouver cette faim qui faisait sa force en amateur. L’objectif avoué reste le titre mondial, même si la route semble encore longue.

Victor Yoka, lui, y croit dur comme fer. Et avec un mental restauré, une équipe plus soudée, et une volonté apparente de corriger le passé, Tony Yoka pourrait bien nous réserver encore quelques surprises. Son histoire est loin d’être terminée. Elle ne fait peut-être même que commencer.