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Finale de Ligue des champions : le PSG soutenu par tous les Français ? Pas si sûr à Marseille

Dembélé

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Alors que le Paris Saint-Germain s’apprête à disputer la finale de la Ligue des champions contre l’Inter Milan, la ministre des Sports Marie Barsacq a lancé un appel au soutien national. Même les Marseillais ? L’unité espérée par la ministre se heurte à une réalité bien plus passionnée qu’institutionnelle.

Une finale historique… mais pas pour tout le monde

C’est une affiche que le football français attendait depuis longtemps. Le PSG disputera dans deux semaines une nouvelle finale de Ligue des champions, avec l’espoir de décrocher le premier titre continental de son histoire. Pour Marie Barsacq, fraîchement nommée ministre des Sports, ce rendez-vous dépasse les couleurs du club : « Je crois que tous les Français sont derrière le PSG, peut-être même les Marseillais, en tout cas je l’espère », a-t-elle déclaré sur RTL, dans une tentative d’élan national.

Mais ce message de concorde a immédiatement trouvé ses limites. Car en matière de rivalité, peu de relations dans le football hexagonal sont aussi tranchées que celle qui oppose Marseille à Paris. L’Olympique de Marseille, seul club français à avoir soulevé la coupe aux grandes oreilles (en 1993), garde cette victoire comme un totem. Voir le PSG l’égaler ou, pire, le dépasser, est une idée impensable pour de nombreux supporters phocéens.

Une rivalité bien vivante sur la Canebière

Il n’a pas fallu longtemps pour que les réactions fusent. Laurent Tapie, fils de Bernard Tapie, l’homme qui a conduit l’OM à la gloire européenne, a coupé court à toute ambiguïté sur le plateau de RMC : « Un vrai supporter de l’OM ne peut pas être heureux si le PSG gagne la Ligue des champions. » Le ton est donné. Dans les rues de Marseille, le sentiment est partagé : admiration parfois forcée pour les talents parisiens, mais jamais au point de les soutenir.

« C’est une belle équipe en vrai, on ne va pas se mentir, mais on ne les aime pas quand même », confie un jeune fan dans les quartiers sud. Un autre parie ouvertement sur une victoire de l’Inter. Un troisième va plus loin : « Paris en finale, ça fait mal. J’espère honnêtement de tout mon cœur qu’ils vont la perdre. »

Ces paroles ne sont pas isolées. Depuis des années, le duel entre les deux géants du football français dépasse le cadre sportif. Il est devenu un marqueur d’identité, une opposition de style, de mentalités et même de visions du football. À Paris, on parle d’ambition internationale. À Marseille, on répond passion populaire et fierté enracinée.

L’appel à l’unité de la ministre : un vœu pieux ?

Marie Barsacq n’a pourtant pas ménagé ses efforts pour défendre la portée de cet événement : « C’est une locomotive d’avoir un club en finale de la Ligue des champions, une reconnaissance pour notre championnat, alors que le football français vit des moments difficiles aujourd’hui. » Elle évoque les scandales, les violences, les tensions autour des droits TV, et voit dans cette finale une lumière dans la tempête.

Elle poursuit : « Avoir une équipe à ce niveau-là de la compétition, c’est aussi une démonstration que tout ne va pas mal dans le football français. Cette victoire serait la meilleure des réponses. » Une sortie optimiste, qui cherche à panser les plaies d’un sport fragilisé.

Mais si cette ligne est politiquement défendable, elle oublie peut-être que le football est avant tout affaire de passion. Et que demander à des supporters marseillais d’applaudir une victoire du PSG, c’est comme demander aux fans du Celtic de Glasgow de soutenir les Rangers. Cela ne fonctionne pas. Pas par mauvaise volonté, mais parce que cela trahit ce que le football représente dans leur quotidien : un héritage, une fierté, une fidélité sans faille.

PSG-Inter : entre rêve parisien et cauchemar marseillais

Dans les faits, le PSG n’a pas besoin du soutien de tout le pays pour rêver de sacre. Mais la question posée par la ministre révèle une tension plus profonde : le manque de solidarité structurelle dans le football français. L’Espagne a soutenu le Real Madrid, l’Angleterre s’est parfois unie derrière ses clubs, mais en France, les rivalités sont souvent plus fortes que l’intérêt général.

Peut-être est-ce aussi ce qui fait le charme du football hexagonal : cette intensité, cette ferveur locale, cette résistance à l’uniformité. Le PSG jouera pour Paris, pour ses supporters, pour son histoire à construire. Mais croire que Marseille va l’encourager revient à oublier ce qui fait l’essence même de la passion olympienne.

Dans cette finale, les Marseillais seront bien derrière un club. Mais ce ne sera pas Paris.