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Escalade de vitesse : le sprint vertical qui électrise les spectateurs

Quinze mètres, une paroi lisse, et moins de six secondes pour l’atteindre. L’escalade de vitesse, discipline encore méconnue il y a quelques années, s’est imposée comme l’une des sensations des Jeux olympiques. Un cocktail de nerfs, de puissance et de précision qui captive les foules.

Une ascension à 15 mètres en moins de 6 secondes

L’image est saisissante : deux grimpeurs, côte à côte, s’élancent vers le sommet d’un mur vertical de quinze mètres, pieds et mains bondissant de prise en prise à une vitesse fulgurante. En 5 à 7 secondes, tout est joué. L’escalade de vitesse, longtemps cantonnée aux compétitions confidentielles, est devenue un show explosif, parfaitement calibré pour le format olympique.

La discipline repose sur un mur unique dans le monde entier : même hauteur, mêmes prises, même inclinaison. C’est un sport de mémoire musculaire et de répétition millimétrée. Contrairement à l’escalade de bloc ou de difficulté, ici, la moindre erreur est fatale. Le faux départ, la glissade, l’hésitation : autant d’obstacles sur ce sprint vertical où la concentration est aussi cruciale que la puissance.

Le record du monde actuel, détenu par l’Indonésien Veddriq Leonardo, est de 4,90 secondes. Chez les femmes, la Polonaise Aleksandra Miroslaw tutoie également les cinq secondes. Des temps qui semblent défier les lois de la gravité, et qui ont fasciné le public lors des Jeux de Paris 2024.

Les stars de la verticale

Jusqu’à récemment, les grands noms de l’escalade de vitesse étaient peu connus du grand public. Les Jeux ont tout changé. À Paris, la discipline a été séparée du combiné olympique (qui réunissait bloc et difficulté à Tokyo 2021), et s’est présentée dans son format pur : un duel à élimination directe. Un pari gagnant.

Les Indonésiens, pionniers du genre, ont confirmé leur domination. Mais d’autres nations émergent. La France a vu briller Guillaume Moro, recordman national, et Capucine Viglione, qui a atteint les demi-finales. Leur notoriété a bondi en quelques jours. Ces athlètes, aux profils variés — certains venus de la gymnastique, d’autres du parkour ou de l’athlétisme — apportent un souffle nouveau au sport.

Leur entraînement est un savant mélange de puissance, d’explosivité et de coordination. On y travaille le départ au millimètre, la gestuelle parfaite, la capacité à répéter l’effort en tournoi. Une approche qui rapproche cette discipline du sprint en athlétisme ou de la natation sur 50 mètres : une erreur, et tout s’effondre.

Un sport jeune, un avenir olympique

L’entrée de l’escalade de vitesse au programme olympique a bouleversé son développement. Les infrastructures se multiplient. Les fédérations investissent. Les clubs s’équipent. La discipline séduit de plus en plus de jeunes, attirés par sa dimension spectaculaire, ses formats courts, et son côté « accessible » : pas besoin de montagne, un mur standard suffit.

En France, les salles d’escalade urbaine intègrent désormais de plus en plus de murs de vitesse. Les enfants peuvent s’y initier dès 6 ou 7 ans. La Fédération Française de la Montagne et de l’Escalade (FFME) développe des pôles régionaux spécialisés. Et l’effet Jeux de Paris joue à plein : les demandes de licences explosent depuis l’été 2024.

Mais au-delà du simple engouement, un véritable travail de professionnalisation est engagé. Des entraîneurs spécialisés en biomécanique et en préparation mentale rejoignent les équipes. Des stages internationaux sont organisés. Les athlètes deviennent des ambassadeurs — souvent très suivis sur les réseaux sociaux, où leurs vidéos spectaculaires font le tour du monde.

Un show taillé pour le grand public

L’un des atouts majeurs de l’escalade de vitesse, c’est son format : rapide, lisible, palpitant. En moins de dix secondes, un duel se joue. Les règles sont simples : premier arrivé en haut gagne. Pas besoin d’explication technique. Ce qui en fait un produit idéal pour la télévision, les réseaux sociaux, et les événements grand public.

Les organisateurs de compétitions l’ont bien compris : musique, lumières, écrans géants, caméras embarquées… tout est fait pour créer une ambiance de show. Et ça fonctionne. Lors des championnats du monde à Berne en 2023, les finales avaient attiré plus de 8 000 spectateurs. À Paris 2024, la discipline a figuré parmi les plus regardées en ligne.

Pour les marques, le potentiel est énorme : jeunes audiences, image moderne, contenu visuel spectaculaire. Plusieurs sponsors (Red Bull, North Face, Adidas) se positionnent déjà comme partenaires majeurs. La professionnalisation des circuits internationaux s’accélère.

L’avenir grimpe en flèche

L’escalade de vitesse a conquis son ticket pour Los Angeles 2028, où elle reviendra dans un format encore plus spectaculaire. D’ici là, les jeunes talents continuent de grimper — littéralement et symboliquement. La France, forte de son réservoir de grimpeurs, espère bien y décrocher ses premières médailles.

Et pour les amateurs, l’envie de s’élancer sur les prises devient contagieuse. Car si les meilleurs touchent le buzzer en moins de 5 secondes, chacun peut s’initier, progresser, défier la gravité à son rythme. L’essentiel est de grimper… et de rêver haut.