Ce vendredi, Marseille rend un hommage solennel à Bernard Tapie en inaugurant une statue à son effigie devant le Vélodrome, immortalisant son rôle central dans la victoire en Ligue des champions de 1993. Porté par ses joueurs, symbolisant une époque glorieuse, l’ancien président de l’OM entre définitivement dans la légende du club. Pour la ville et ses supporters, c’est bien plus qu’un monument : c’est un lien indélébile entre un homme et une passion.
Une statue mémorable de Bernard Tapie
Ce vendredi 16 mai marque un moment d’histoire pour l’Olympique de Marseille et toute une ville. À 18h, une statue à l’effigie de Bernard Tapie sera inaugurée sur le parvis du Vélodrome, désormais rebaptisé à son nom. L’ancien président emblématique du club, disparu en octobre 2021, entre ainsi dans l’éternité marseillaise, non plus seulement dans les cœurs, mais dans la pierre.
La statue représente Tapie porté en triomphe par six de ses joueurs, un instant figé de la nuit légendaire de Munich, celle du sacre en Ligue des champions en 1993. Didier Deschamps, Basile Boli, Éric Di Meco… Tous sont là, immortalisés autour d’un homme qui, pour beaucoup, a changé la destinée de l’OM. Di Meco ne cache pas son émotion : « C’est assez émouvant d’avoir une statue devant le stade, entouré de ces joueurs. Je pense que ça lui aurait davantage plu qu’une tribune ou une rue à son nom. »
Une mobilisation populaire et familiale
L’idée d’un hommage pérenne a germé il y a deux ans, à l’occasion du 30e anniversaire du titre européen. C’est Laurent Tapie, son fils, qui a porté le projet à bout de bras. « C’est une fierté, un grand moment de joie, l’aboutissement de deux ans de travail », confie-t-il sur RMC. En moins de 24 mois, la volonté d’un fils est devenue une réalité collective.
La famille Tapie a réussi à réunir plus de 250 000 euros pour financer cette œuvre monumentale. Le financement s’est partagé entre sept entreprises, dont l’OM lui-même, et de nombreux donateurs privés. Parmi eux, des fidèles comme Claude, supporter depuis des décennies, ou Bengous, figure populaire du web marseillais. « Bernard Tapie, le boss, pour l’éternité devant le Vélodrome, c’est quelque chose qui va toucher tous les Marseillais », affirme ce dernier. Tous saluent l’initiative comme un acte fort de mémoire et de fidélité.
Une œuvre aussi technique que symbolique
Derrière cette statue de trois tonnes, il y a aussi un défi logistique d’envergure. L’installation sur le parvis du Vélodrome n’a pas été une simple formalité. Le site repose sur une structure creuse — un parking souterrain — rendant la pose d’un monument de cette taille particulièrement complexe. « Il a fallu des renforts, des études structurelles, des engagements municipaux forts », explique Laurent Tapie. « La mairie a vraiment joué le jeu. Elle a donné de son temps, de son énergie, de sa sueur même, en réalisant le socle. »
Ce détail logistique raconte autre chose : l’union sacrée autour de cette initiative. Ville, club, supporters, anciens joueurs… Tous se sont retrouvés autour d’un projet fédérateur, comme si l’esprit de Tapie continuait d’unir une ville souvent traversée par les tensions et les contradictions.
Tapie, un nom gravé dans l’âme de Marseille
Bernard Tapie ne laisse personne indifférent. Patron charismatique, meneur d’hommes, entrepreneur à la personnalité volcanique, il aura marqué Marseille comme peu de figures avant lui. Entre 1986 et 1994, il a hissé l’OM au sommet du football européen. Mais plus encore que ses trophées, c’est son énergie, sa vision, son audace qui restent gravées dans les mémoires.
Cette statue, au-delà de la reconnaissance sportive, est un geste d’amour. « On ne se remet jamais de la perte d’un être pareil, mais qu’il y ait une trace comme ça, et qu’elle soit là pour l’éternité, ça me fait plaisir », confie un Laurent Tapie visiblement ému. Il avoue avoir un temps espéré que le stade entier porte le nom de son père, avant de se heurter à la réalité du naming commercial. Cette statue est donc devenue plus qu’un hommage : une revanche discrète sur l’oubli, un monument à la mémoire vivante.
Un précédent rare en France
Rares sont les figures du football à être statufiées en France. Avant Tapie, seuls quelques anciens joueurs ou dirigeants avaient eu ce privilège. À Marseille, cela prend un sens particulier. Le lien entre le club et sa ville est fusionnel, presque viscéral. Honorer Tapie de cette manière, c’est célébrer une époque dorée, une ambition retrouvée, une image du football où l’homme comptait autant que le résultat.
Et si cette statue est un aboutissement, elle est aussi un point de départ : celui d’une nouvelle génération de supporters, qui n’ont pas connu 1993, mais qui pourront chaque jour, en passant devant le Vélodrome, lever les yeux vers celui qui a mis Marseille sur le toit de l’Europe.
Une trace pour l’éternité. Un hommage à la hauteur de ce qu’il a été : un homme hors norme, fait pour les sommets.