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La carrière brisée de Mason Gordon à cause d’une commotion

feu vert

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À seulement 22 ans, Mason Gordon aurait dû être en train de bâtir les fondations d’une grande carrière. Doté d’un potentiel prometteur, passé par les sélections U20 australiennes et récemment recruté par les Queensland Reds, l’arrière semblait avoir l’avenir devant lui. Pourtant, c’est une annonce douloureuse qu’il a faite ce mercredi : la fin prématurée de sa carrière de rugbyman professionnel, à cause des séquelles d’une commotion cérébrale survenue lors d’un entraînement. Un choc violent pour le jeune homme, mais aussi un signal de plus pour un sport de plus en plus confronté à ses propres limites physiques.

Une trajectoire fulgurante interrompue

Mason Gordon, frère cadet de Carter Gordon – actuel international australien –, n’avait que quelques matchs en Super Rugby derrière lui, mais il était déjà considéré comme un joueur d’avenir. Ses débuts avec les Melbourne Rebels avaient révélé un arrière rapide, intuitif et intelligent dans son placement. Sa signature avec les Queensland Reds en début d’année 2025 devait marquer une nouvelle étape dans sa progression. Une saison pleine l’attendait, ponctuée de défis et, pourquoi pas, d’une première sélection avec les Wallabies dans un futur proche.

Mais le destin en a décidé autrement. Pendant la préparation de la saison, une commotion cérébrale subie à l’entraînement a brutalement freiné son élan. Les symptômes persistants – maux de tête, troubles de la concentration, fatigue chronique – n’ont pas disparu. Après consultation médicale, la décision est tombée : il fallait renoncer. « J’ai pris la décision difficile de prendre ma retraite du rugby pour des raisons médicales », a-t-il écrit dans une lettre ouverte sur le site de son club.

La commotion : un mal silencieux qui casse des carrières

La commotion cérébrale est aujourd’hui l’un des enjeux majeurs du rugby professionnel. Longtemps sous-estimée, elle est désormais surveillée de près, tant ses conséquences peuvent être lourdes et durables. Le cas de Mason Gordon, aussi jeune soit-il, rappelle que même une seule commotion peut suffire à compromettre une carrière entière.

Dans son message, le joueur ne cache pas sa déception, mais il fait preuve d’une grande lucidité : « Il s’agit d’une blessure malheureuse, mais je me réjouis toutefois des souvenirs que je garde de ma carrière de rugbyman professionnel. » Peu de joueurs, à 22 ans, emploient déjà le mot « carrière » au passé. Pourtant, Mason Gordon n’a pas eu le choix. Son message sobre et digne met en lumière un dilemme de plus en plus courant chez les jeunes sportifs professionnels : faut-il continuer à tout prix, au risque de sa santé mentale et physique ?

Un avenir à reconstruire, loin des terrains

S’il tourne aujourd’hui la page du rugby, Mason Gordon n’abandonne pas pour autant ses ambitions. Dans sa lettre, il précise qu’il va se concentrer sur la fin de ses études en économie. Un nouveau chapitre, bien différent, s’ouvre pour lui, loin des projecteurs et des stades, mais tout aussi important. À travers ce choix, il montre qu’une carrière ne se limite pas à ce que l’on accomplit sur un terrain. Le rugby a forgé son caractère, sa discipline, son esprit d’équipe – autant d’atouts qu’il emportera avec lui dans sa nouvelle vie.

Son cas renforce une tendance de fond dans le sport de haut niveau : les athlètes, dès le plus jeune âge, doivent désormais penser à l’après. De plus en plus de fédérations et de clubs incitent les jeunes talents à poursuivre des études ou à suivre une formation parallèle, en prévision d’une carrière qui peut s’interrompre à tout moment. Le parcours de Gordon rappelle que rien n’est acquis, même quand tout semble possible.

Le rugby face à ses responsabilités

L’histoire de Mason Gordon interpelle aussi le monde du rugby dans son ensemble. La prise en charge des commotions a progressé ces dernières années, mais les cas se multiplient, parfois avec des conséquences dramatiques. Les fédérations, les clubs et les instances dirigeantes devront continuer à travailler main dans la main pour garantir la sécurité des joueurs, dès la formation.

Limiter les contacts à l’entraînement, améliorer la prévention, mieux diagnostiquer et accompagner : autant de pistes qui restent d’actualité. Car chaque carrière interrompue brutalement est un rappel que le rugby, sport de combat noble et spectaculaire, peut aussi être destructeur s’il n’est pas encadré avec rigueur.

Mason Gordon, malgré la brièveté de sa carrière, laisse une trace. Celle d’un jeune joueur prometteur, contraint d’arrêter trop tôt, mais capable de rebondir avec maturité. Et peut-être que, dans quelques années, il reviendra dans le rugby autrement – en coach, en analyste, ou même en dirigeant. En réalité, une passion aussi forte ne s’éteint jamais vraiment. Elle change simplement de forme.