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Le foot amateur en crise : quand les petits clubs tirent la langue

Terrain en mauvais état, bénévoles épuisés, financements en baisse… Le football amateur traverse une période noire, malgré l’engouement populaire. Un contraste criant avec les millions des stades de Ligue 1.

Des clubs essentiels pour le tissu social

Chaque week-end, des milliers de matchs se jouent sur les pelouses de France, loin des caméras et du tumulte médiatique. Des enfants, des adolescents, des seniors, tous unis par la passion du ballon rond. Le football amateur n’est pas qu’un loisir : c’est un pilier du lien social, une école de vie, une fierté locale. Pourtant, sous cette façade conviviale, la réalité des clubs est de plus en plus difficile à porter.

Dans les villages comme dans les banlieues, les dirigeants de clubs tirent la sonnette d’alarme. « On est à bout de souffle », confie Michel, président d’un petit club de district en Loire-Atlantique. « Entre les problèmes d’infrastructures, la baisse des subventions municipales et le manque de bras, on lutte chaque jour pour survivre. » Et il n’est pas un cas isolé.

Une baisse des licenciés et des encadrants

Depuis la crise sanitaire, le football amateur peine à retrouver ses effectifs d’avant. En 2023, la Fédération française de football (FFF) constatait une stagnation, voire un recul des licenciés dans plusieurs régions. Les jeunes reviennent, mais les adultes, encadrants ou dirigeants, se font rares. Les bénévoles, colonne vertébrale de ces clubs, sont de plus en plus difficiles à recruter. « J’ai dû reprendre le coaching d’une équipe U15 faute d’éducateur », raconte Salima, maman investie dans un club du Rhône. « Mais ce n’est pas tenable sur le long terme. »

Cette crise de vocation est accentuée par l’usure. La charge mentale et physique repose sur quelques épaules, souvent celles des plus anciens. Et lorsqu’ils partent, il n’y a plus personne pour prendre le relais. Résultat : des clubs ferment, fusionnent, ou réduisent le nombre d’équipes engagées.

Le casse-tête du financement local

Autre difficulté majeure : l’argent. Si les clubs professionnels croulent sous les droits TV, les petits clubs amateurs survivent avec des bouts de ficelle. Le budget moyen d’un club de district dépasse rarement les 30 000 euros annuels. Or, les charges fixes explosent : location ou entretien des terrains, équipements, déplacements, licences, etc.

La baisse progressive des subventions municipales n’arrange rien. Beaucoup de mairies, contraintes par la rigueur budgétaire, réduisent leur soutien au sport associatif. « Avant, la mairie nous payait l’arbitre. Maintenant, on doit le prendre sur notre budget », déplore Laurent, président d’un club dans le Lot. Certaines collectivités demandent même aux clubs de participer à l’entretien des installations, faute de moyens humains.

Le mécénat local, autrefois précieux, se fait plus rare. Les PME peinent à dégager des fonds pour sponsoriser les clubs. Seuls les gros sponsors nationaux soutiennent encore un peu les structures intermédiaires, comme les clubs de Régional 1 ou de National 3. Mais en bas de la pyramide, c’est la débrouille qui prime.

Des solutions pour éviter l’abandon

Face à ce marasme, des voix s’élèvent pour repenser le modèle du foot amateur. La FFF, consciente du problème, a lancé plusieurs dispositifs de soutien : aides à la formation, subventions ponctuelles, opérations « club engagé ». Mais ces mesures restent souvent trop ponctuelles ou mal adaptées aux réalités du terrain.

Des solutions plus durables émergent ici et là. Certaines ligues régionales encouragent les mutualisations entre clubs voisins pour les déplacements ou les entraînements. D’autres expérimentent des plateformes numériques pour alléger la gestion administrative et attirer de nouveaux bénévoles. Dans certains départements, des appels à projets permettent de financer la rénovation de vestiaires ou la création de terrains synthétiques.

Mais la véritable clé, c’est sans doute la reconnaissance. Valoriser le rôle social des clubs, leur impact sur la jeunesse, leur capacité à créer du vivre-ensemble, c’est leur redonner du souffle. Et peut-être qu’à force de volonté et d’ingéniosité, le foot amateur réussira à dribbler la crise.